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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > L’odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux

L’odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux

D’après Macbeth théâtre création Philippe Ulysse (en plus de Shakespeare, on entend des textes de T.S.Eliot, F.F.Coppola, F. Pessoa… et de la troupe) Avec, en jeu, Nicolas Avinée, Victoire Dubois, Dalia Khatir ou Pascale Valenta, Laurence Mayor, Anthony Paliotti, Fred Ulysse. Le Monfort jusqu’au 16 février, du mardi au samedi à 20 h 30.

Philippe Ulysse s’était tout d’abord embarqué dans la mise en scène de Macbeth puis a bifurqué pour y mettre des éléments récents sur la guerre telle que les soldats la vivent quand ils n’en meurent pas. Son père, acteur sous sa direction, s’est mis à parler, à narrer des faits de guerre qu’il avait vécus. Et c’est ce choc, des vieilles histoires, du vieux texte et des histoires plus récentes, du texte du vieux (dit respectueusement) qui a pris matière dans le spectacle du fils Philippe.

Nous entrons dans un dispositif bi-frontal. Un espace de jeu comme un couloir, couvert de mâchefer (?), avec une estrade d’un côté, un rideau de lamé argenté brillant cachant le mur et un bungalow de chantier décoré de l’autre. Le tout bien noir et rouge, surtout noir. A qui vont s’adresser les acteurs ?

Le spectacle démarre en anglais, le texte luxuriant de Shakespeare, deux acteurs impeccables, une lady Macbeth excellente qui se dégage du meurtre en y envoyant son homme… Beaucoup à lire. Dans une ambiance opéra rock, un volume sonore saturé. Puis arrive le meurtre lui-même et Duncan attend son assassin sur le pas de la porte, le reconnaît comme tel, lui parle français. En substance : « Tu peux me tuer mais ne me juge pas, être jugé, c’est l’horreur, c’est l’horreur ». Au passage, il raconte un fait de guerre particulièrement affreux, connu, qui est dans Apocalypse now où les victimes s’auto-victimisent pour raison de guerre. Les soldats américains avaient vacciné des enfants vietnamiens et les leurs leur ont coupé le bras.

Il n’est pas certain que les motivations des actes de guerre commis par de jeunes gens enrôlés et les crimes commis par des princes voulant la place de roi soient du même ordre. La lutte individuelle pour le pouvoir individuel est vieille comme Abel et Caïn. Elle engendre de longues successions de crimes, il faut tuer les petits qui voudront venger leur père avant qu’ils ne le fassent (l’aigle du casque de Victor Hugo, par exemple). Le dernier meurtre nécessite une vengeance pour l’autre famille, alors qu’il n’est que nécessité et parfois déjà vengeance pour l’autre clan (Colomba de Mérimée, par exemple). Il n’est pas si facile de se distinguer au point de commander. Les autres. Mieux vaut éliminer les presqu’aussi forts que soi, les presqu’aussi près du pouvoir que soi.

Qu’il naisse de cette fatalité un goût du sang qui soit comme un entretien de la chose en elle-même, par elle-même, c’est bien pensable, on peut le déduire. Mais ce n’est pas tout-à-fait ce que l’on voit dans le spectacle de Philippe Ulysse. La répétition obstinée du versement du sang, en masse ou dans les dynasties, telle qu’elle est mise en scène ne signifie pas l’odeur du sang devant les yeux qui obsède Macbeth et Lady Macbeth.

Nous avons réussi une démocratie où le meurtre politique, physique, est rare. D’autres meurtres politiques s’accomplissent, feutrés, mass médiatiques… ce qui peut-être n’ôte pas ce gout du sang.

L’excès du jeu et l’emphase sur la permanence de la mort infligée, à la recherche d’une intensité tragique ne suffisent pas à porter ce spectacle sur les ailes de son titre (sa promesse).


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4 réactions à cet article    


  • totor101 totor101 4 février 2013 14:11

    l’oeuil du sang !
    génial ???


    • jef88 jef88 5 février 2013 14:44

      et vive la censure !!!


    • Orélien Péréol Aurélien Péréol 5 février 2013 21:22

      à jef88. J’ai replié un message qui se moquait d’une erreur de frappe imaginaire. J’ai mis 4/5 minutes à l’assurer que cette erreur de frappe était pure invention. J’ai pensé qu’il était inutile que mes lecteurs soient interrogés sur une erreur qui n’existe pas.

      Le message que j’ai replié n’était donc pas une réaction à mon article.
      Il ne contenait pas d’information et partant, ce repli ne peut être de la censure. Bien à vous.

      • Orélien Péréol Aurélien Péréol 5 février 2013 21:23

        Là j’ai fait un erreur de frappe. Il faut lire : J’ai mis 4/5 minutes à m’assurer que cette erreur de frappe était pure invention. à la place de « J’ai mis 4/5 minutes à l’assurer que cette erreur de frappe était pure invention. »

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