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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « La Guerre est déclarée », du cinéma Do It Yourself !

« La Guerre est déclarée », du cinéma Do It Yourself !

Filmer la jeunesse contemporaine, voix off très présente, fermetures à l’iris nombreuses : on pense à François Truffaut en voyant cette Guerre est déclarée*. Ce qui est bon signe, eu égard au talent de l’auteur de L’amour en fuite pour traduire en images la puissance des sentiments sous une apparence littéraire et romanesque pouvant abriter une grande douleur, ou cruauté. « Un couple : Roméo et Juliette. Un enfant, Adam. Un combat, la maladie. Et surtout une grande histoire d’amour, la leur… ». Voilà l’histoire de ce film à la fois drôle et poignant, sachant éviter le voyeurisme putassier. La Guerre est déclarée, titre programmatique pour un film signé à quatre mains qui emporte tout sur son passage : vu dans une salle pleine à l’UGC les Halles (Paris), en présence de moult personnes submergées par l’émotion. Ca fait du bien de voir un tel film d’auteur français faire sans complexe salle comble dans un multiplexe à la place d’un énième blockbuster ricain mou du bulbe. C’est un ruban filmique qui donne envie de tomber amoureux, d’être créatif à deux, de faire des bébés ainsi que des travaux d’intérieur tout en swinguant ! Jérémie Elkaïm a un côté boy next door des plus sympatoches, Valérie Donzelli, sans être un canon gonflé style Airbag, a un charme foldingue à l’énergie contagieuse et Adam, leur gamin âgé de 7 ans à la fin, est incroyablement attachant. Tumeur au cerveau, tu meurs ? Pas dans cette histoire contemporaine de Roméo & Juliette squattant « allègrement » un hôpital.

Qu’est-ce qui fait qu’un tel film, au sujet des plus tire-larmes, parvient à emporter le morceau ? Ca vient certainement de son côté premier jet, brouillon bouillonnant, exquise esquisse, comme dirait Gainsbarre. Donnez le même sujet à un tâcheron labellisé EuropaCorp et on glissera illico presto vers le lacrymal à deux balles. Ici, le tournage, semble-t-il en contrebande ou en commando kit de survie, épouse l’urgence de son thème : sauver un enfant que la maladie menace de mort - « On imaginait le film comme un hold-up dans les hôpitaux. Le scénario terminé, on avait vraiment l’impression d’avoir écrit un film d’action » (Jérémie Elkaïm, dans la brochure promotionnelle du film distribuée dans les cinémas MK2). C’est tout à fait ça, ce film est très vivant et « organique », comme s’il faisait corps avec cette machine de guerre à deux têtes que forme ce jeune couple bobo en proie à un danger (la maladie, la mort prématurée) auquel il n’était guère préparé. De plus, il parvient parfaitement à traduire les attentes, les espoirs, les joies immenses, les déceptions ainsi que les frustrations que peuvent susciter, du côté des patients et de leurs proches, les va-et-vient incessants dans un milieu hospitalier ; lorsqu’on guette par exemple un grand manitou de la chirurgie qui se fait attendre ou bien joue carrément l’Arlésienne. Aussi, on ne résiste pas à l’envie de citer la blague entendue dans La Guerre est déclarée : « Tu connais la différence entre Dieu et un chirurgien ? Dieu, lui, au moins, ne se prend par pour un chirurgien ! ». 

Comme pour la Nouvelle Vague des sixties, ce n’est pas par l’autoroute balisée de l’académisme que le cinéma français respire en ce moment à pleins poumons mais c’est par la petite porte de la débrouillardise et du système D (ou « couteau suisse », dixit toujours J. Elkaïm). Vivifiant à souhait, en rien à bout de souffle, il nous surprend, nous éclate, nous bouleverse. L’appareil photo Canon 5D fait des miracles : Tomboy, Rubber, La Guerre est déclarée  : voilà du cinéma qui nous rend vivants ! Qui pour s’en plaindre à part les fonctionnaires de la caméra** se contentant d’un cinéma de papa ? Pas nous ! L’art et la vie confondus, voilà le programme de ce free cinema à la française faisant feu de tout bois : Truffaut et Cassevetes peuvent dormir tranquilles, la relève est assurée ! Au fait, à quand un film du tout jeune Jean-Luc Godard, le Picasso du cinéma, en Canon 5D ?

* En salle depuis le 31 août 2011.

** J'emprunte cette formule à Truffaut. 


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3 réactions à cet article    


  • Lorelei Lorelei 22 septembre 2011 22:44

    Bravo pour l’article, il en faut aussi....


    • Vincent Delaury Vincent Delaury 24 septembre 2011 09:53

      Merci Lorelei


    • tangoche 1er novembre 2011 14:47

      Un film de lycéen à qui on aurait donné une prod’ et la possibilité de faire n’importe quoi.


      Laissez Cassavetes et Truffaut en paix s’il vous plaît. Merci.

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