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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > La naissance du « vyolon » et la lauda au 16ème siècle

La naissance du « vyolon » et la lauda au 16ème siècle

La sortie chez Ricercar au printemps 2013 d'un album consacré à la naissance du violon par Baptiste Romain et son ensemble Le Miroir de Musique est salvateur sur bien des points. Tout d'abord pour l'intérêt organologique et l'histoire de l'instrument dont le "grand répertoire" a vite éclipsé les origines. Ensuite pour la qualité du rendu sonore, qui offre ici aux premiers "violons renaissance" tout le déploiement nécessaire pour comprendre comment cet instrument, entremêlé au départ dans les voix polyphoniques, s'est taillé petit à petit un rôle de soliste.

L'occasion aussi de s'arrêter sur une pièce du cd, la lauda "Salve, sacrata" - forme en vogue au début du 16ème siècle - pour mieux saisir la place du jeu du violon à ses débuts.

Filippo da Lurano (c.1475-c.1520) est un de ces compositeurs italiens de la période charnière des années 1500, particulièrement actif dans le domaine à la mode de la frottole - ancêtre du madrigal - comme les plus connus Bartolomeo Tromboncino (c.1470-c.1535) et Marchetto Cara (c.1470-c.1525). Pas étonnant donc que l'on trouve l'oeuvre - en vidéo accompagnant ce texte - dans le second livre de laudes publié en 1508 chez Ottaviano Petrucci (1466-1539), imprimeur vénitien étant le premier à éditer un recueil de musique polyphonique en 1501 : L'Harmonice Musices Odhecaton.

Les laudes étaient au début du 16ème siècle des pièces strophiques de facture homophonique destinées à des offices dévotionnels et à des processions. Reprenant la simplicité mélodique et facilement mémorisable de la frottole, cette lauda à 3 voix tourne autour d'un thème unique chanté au superius, ornementé tantôt par la voix et le consort d'instruments, tantôt par les diminutions du violon renaissance de Baptiste Romain, reprenant ainsi la place soliste du superius.

Violon et renaissance ? Tout à fait. Héritier du rebec, des vièles polyphoniques tardives et de la lira da braccio, le "vyolon" est nommé pour la première fois en 1523 à la cour de Savoie. Cet album recommandable et passionnant montre le dévouement du violon au jeu polyphonique tel qu'on pouvait l'imaginer au 16ème siècle, avec des compositeurs franco-flamands et italiens se partageant la renaissance musicale abordée dans toute l'Europe. Et comme tout instrument à cordes frottées, le violon n'était pas en reste dans le travail d'ornementation appelé à l'époque "diminutions", celles-ci permettant d'embellir une chanson, une mélodie ou même un motet.

"Le Miroir de Musique a souhaité retransmettre les répertoires des premiers violons dans un esprit de fidélité aux sources et de respect du sens originel de cette musique" écrit Baptiste Romain dans le livret. On peut le suivre : c'est tout à fait réussi !

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Filippo da Lurano (c.1475-c.1520)
Salve, sacrata
Laude, Libro secundo - Ottaviano Petrucci, Venice, 1508

Le Miroir de Musique :

Sabine Lutzenberger, voix
Elizabeth Rumsey, viola d'arco
Kirsty Whatley, harpe
Tobie Miller, flûte à bec
Marc Lewon, luth - viola d'arco & guitare renaissance
Uri Smilansky, viola d'arco

Baptiste Romain, violon renaissance & direction

Album "The birth of the violin", 2013 Ricercar, RIC 333

Image : Gaudenzio Ferrari (c.1475-1546) - Anges jouant de la musique. Saronno, Sanctuaire.

Lien Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=lwl2wsPJM8c

 

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La naissance du « vyolon » et la lauda au 16ème siècle

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3 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 19 août 2013 10:35

    Bonjour, Frédéric.

    Un grand merci pour l’information sur ce CD au contenu effectivement tout à fait passionnant.

    Je ne connaissais pas cette orthographe « vyolon ».

    Une précision pour les lecteurs : si la « lauda » est, comme son étymologie l’indique, un chant de louanges religieux, la « frottole » dont elle s’inspire est, quant à elle, une musique profane.

    A toutes fins utiles, et bien que le 16e siècle n’y soit pas abordé (le genre n’existait pas encore), je me permets de mettre en lien l’un de mes articles sur la musique :  Les grands concertos pour violon.


    • Taverne Taverne 19 août 2013 11:12

      Article rare et intéressant.

      Z’inquiétez pas Fergus, le lien était déjà mis au bas de l’article, ainsi qu’un lien vers un article qui vous concerne « Barenboim & Vengerov répondent à Fergus - Concerto pour violon de Sibelius »

      L’article gagnerait à être un peu plus « vulgarisé », enfin plus simple. On bute un peu sur « l’intérêt organologique »...


    • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 19 août 2013 14:56

      Merci pour la précision. En effet elle n’apparait pas claire pour le non-spécialiste. J’ose espérer cependant que le vocabulaire peut-être trop précis sera consulté par les internautes pour d’amples informations.


      Merci aussi pour votre lien tout aussi intéressant. Si les époques diffèrent, la qualité n’en restent pas moins présente - ainsi que d’un point de vue strictement rédactionnel.

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