Le Scream était presque parfait
Près d’une décennie après la fin de la célèbre trilogie, Scream 4 met un coup de pied dans la fourmilière cinématographique du film d’horreur. Plus drôle et pertinent que les opus 2 et 3 de la série, ce film original en vient même à concurrencer… l’original.
« N’oublie pas que tu vas mourir » : si quelque être humain qui se respecte peut parfois être amené à occulter ce fait objectif de son esprit, l’histoire de la vie de Sydney Prescott tend à nous le rappeler. Sydney, appelons là par son petit nom tant elle nous est familière, est le personnage interprété par la canadienne Neve Campbell dans la trilogie de la fin des années 90 « Scream ». 10 ans après, le tueur au masque de fantôme est de retour à Woodsboroo. Et il n’y aura que les familles de victimes pour s’en plaindre.
Car oui, Scream 4, toujours réalisé par Wes Craven, est une double réussite : un bon film d’abord. Et une bonne suite, surtout. Le succès invraisemblable de Scream en 1997 avait révolutionné le teen-movie, on s’en souvient. Et forcément, la machine à billets verts s’était mise en marche : en 1998 et en 2000, on eut le droit à Scream 2 puis Scream 3 qui, sans trahir l’esprit de l’original, n’apportèrent pas vraiment de valeur ajouté à la série. Peut-être la preuve qu’il faut parfois laisser le temps au temps. Car là, on en a pour son argent.
On abime et en abyme
Il faut savoir laisser le temps au temps, et c’est justement la force de Scream 4. Oui, Wes Craven a su se renouveller. Scream 2 et 3 étaient agréables pour l’œil, mais leur mécanique en avait fait de simples produits de consommation, donc périssables à terme. Sans imagination, point de salut. Ici, le maitre du film d’horreur réussit son tour de force ultime : réinventer un film, par lequel il avait réinventé un genre. La singularité de Scream 4 par rapport aux suites antérieures (formule un peu triviale s’il en est), c’est sa capacité à créer sans copier. A inventer sans trahir. La situation est la même (un tueur en série – une enquête – Sydney Prescott sous la menace – des suspects et des cadavres à la chaines) mais le décor a changé.
Le décor de Woodsboroo ? Non. La petite ville texane est la même qu’en 1997. Mais une décennie a passé depuis la trilogie d’horreur de la fin des années 90. La télé-réalité est passé par là, en particulier. Tout le monde veut son quart de gloire. Et surtout, tout le monde peut l’avoir. Alors que Scream 3 avait opté pour la classique mise en abyme « le film dans le film », on a le droit ici au double effet kill-cool : les tués sont désormais les neveux des héros originels et les tueurs filment à présent leur meurtres en direct sur le web. Les temps changent. Les bobines aussi.
Pour qualifier un film de « bon », on se base parfois, pour ne pas dire souvent, sur la première et la dernière scène du long-métrage. Ici, la preuve est en image. En introduction, Craven joue avec nos nerfs autant qu’avec nos zygomatiques (Scream 4 est incontestablement le film le plus drôle de la saga). Quant à la dernière scène, et surtout la dernière image, elles nous balancent en pleine figure une dose d’ironie et de cynisme fort salutaires.
A l’est d’Hayden
Pour faire un bon, un très bon film, il faut un réalisateur et un scenario, certes. Mais aussi des acteurs pour donner à l’objet une forme humaine. On retrouve avec plaisir le trio Campell-Cox-Arquette. A l’image de leurs personnages, on se dit que le temps qui passe n’est finalement pas si meurtrier que ça pour eux. Mais au-delà du retour du trio tragique, ce film est un passage de relais avec la nouvelle jeunesse américaine (Sydney Prescott y retrouve en effet sa nièce et ses amis). A ce niveau-là, rien de nouveau sous le soleil texan : les « american teens » maitrisent la chose. Ils ont vu suffisamment de films pour savoir correctement en faire partie.
Une mention particulière pour Hayden Panettière. Révélée par la série Heroes, la jeunette crame littéralement la pellicule du film par sa présence. La New-Yorkaise a ce quelque chose que les Vanessa Hudgens et Miley Cyrus n’auront jamais. Cela doit être le talent ou le charisme. Voire les deux. Elle reviendra taper à la porte, c’est sûr. A moins qu’elle ne soit déjà cachée dans la penderie.
Gwendal Plougastel
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