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Les élèves de l’école du Louvre se mobilisent pour sauver les œuvres d’art des églises

Ce n’est pas parce qu’on aime le patrimoine ancien qu’il ne faut pas vivre avec les moyens de son temps. Les élèves et enseignants de la très réputée Ecole du Louvre ont ainsi créé fin 2012 une Junior-Entreprise sur le modèle de celles existants dans les grandes écoles de commerce et d'ingénieurs. Dans le cadre d’un partenariat avec l'association La sauvegarde de l'art français, un projet visant à sauver les œuvres d’art des églises par un appel aux dons a ainsi vu le jour.

L’opération baptisée Le plus grand musée de France se déroule en deux phases. La sélection par les étudiants de cinq à dix œuvres par région, classées ou non, qui auraient besoin d’être restaurées ou mises en valeur puis, le plus difficile, la recherche de mécènes pour financer leur restauration qui s’effectuera sous la houlette des directions régionales des affaires culturelles.

Depuis le mois de janvier 2013, les élèves de l’Ecole se sont déployés dans 12 régions de France avec une étiquette de « Chargé de mission ». A charge pour eux de sélectionner les œuvres, de prendre contact avec la presse locale pour donner de la visibilité à l’opération et surtout de convaincre quelques mécènes. Sans oublier l’organisation d’un événement en région (une visite guidée, un concert, une pièce de théâtre…) pour les Journées du Patrimoine qui auront lieu le week-end du 14 et 15 septembre.

Pour le Limousin (Creuse, Corrèze, Haute-Vienne) par exemple, c’est un binôme constitué de Vincent Ducouret et de Margot Delvert qui s’est vue confier cette lourde tâche. Forte de ses racines creusoises, la souriante jeune femme a notamment en charge la Creuse, son département de cœur. Margot qui a grandi dans la capitale a multiplié les visites sur le terrain mais a eu également l’idée de s’appuyer sur le réseau des Creusois de Paris tant pour se faire signaler des œuvres que pour collecter, avec succès, des fonds.

Les choses ne sont pas forcément plus simples sur la région parisienne confie Zoé Monti chargée de mission Ile-de-France avec Céline Maire. « Nous nous sommes concentrées sur 3 œuvres afin d’être plus efficaces dans la recherche de mécènes et pour être sûres de connaître à fond nos sujets : Le Sacrifice de Noé d’Hugues Taraval, tableau qui se trouve dans l’Eglise Sainte-Croix des Arméniens dans le 3è arrondissement de Paris ,  l’Annonciation de Jacques Stella et/ou Claudine Bouzonnet-Stella dans la Cathédrale de Meaux, qu’une restauration permettrait peut-être potentiellement d’attribuer à un grand maître de la peinture du XVIIème et enfin, la Vierge de Lumigny dans l’église Saint-Pierre de Lumigny, une statue que l’on aurait badigeonnée au XIXème de chaux, au détriment de sa polychromie originelle, et qu’un éminent spécialiste du Moyen-Âge souhaiterait voir restaurer ».

Quand on interroge Zoé Monti sur les raisons du choix du patrimoine religieux, la réponse écarte toute polémique. « Ces œuvres d’art qui se trouvent dans les églises sont la propriété de l’Etat, de la commune dans laquelle elles se trouvent, et donc ne relèvent absolument pas de l’Eglise, ou du curé de la paroisse. De plus l’accès à ces églises est libre, gratuit - contrairement à la majorité des musées - quand trop de français sont désintéressés de ce patrimoine, pourtant si riche, qu’ils associent trop vite à une religion. Nous percevons ces églises comme de véritables foyers d’art, accessibles et ouverts à tous. C’est sur ce patrimoine foisonnant, patrimoine religieux certes, mais patrimoine avant tout disséminé sur tout notre territoire (le plus grand musée de France), que nous avons voulu mettre l’accent en dénichant parfois des chefs-d’œuvre, la plupart du temps en péril ».

Passionnée par le patrimoine, Zoé à 20 ans est néanmoins une jeune de son temps. Egalement en charge de la communication pour la junior entreprise de l’Ecole du Louvre, elle n’a pas oublié avec ses camarades de recourir à toutes les opportunités offertes par un internet. Un site est en place sans oublier un compte Twitter et une page Facebook. Le plus original reste la possibilité de donner en ligne avec le site Kisskissbank où l’on peut choisir la région que l’on souhaite aider avec une présentation du projet, le montant à collecter et le niveau de dons atteint.


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3 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 21 août 2013 11:49

    les églises sont fermées a clé et coutent déjà très cher a entretenir. 1500 000€ avec des rues pourries autour
    il y a pas plus urgent ?


    • Surya Surya 21 août 2013 12:24

      « Quand on interroge Zoé Monti sur les raisons du choix du patrimoine religieux » ...
      « quand trop de français sont désintéressés de ce patrimoine, pourtant si riche, qu’ils associent trop vite à une religion. »

      Je suis surprise que l’on demande à cette personne de se justifier sur le choix du patrimoire religieux. Certes, si ces tableaux étaient la propriété de l’Eglise, on pourrait trouver normal qu’il revienne à l’Eglise de les restaurer (quoique... cela interdirait-il aux mécènes de donner l’argent qu’ils souhaitent donner ?). On est rassuré par la réponse apportée, car elle a écarté la polémique. Mais qu’est-ce qui a créé cette polémique, sinon la question posée elle-même ?

      Mais je crois que le problème posé par cette question n’est même pas un problème lié à l’argent, c’est à dire qui doit payer pour restaurer ces oeuvres.

      Ainsi, ces oeuvres ne doivent pas être associée à la religion ? Et pourquoi est-il « mal » (ou au mieux incorrect) d’associer ce patrimoine à une religion ? (« Qu’ils associent TROP VITE... »)
      Ou alors j’ai mal compris ?

      En la poussant ainsi à apporter les réponses que l’on attend d’elle (non, non, ça appartient bien à l’Etat, non non, ne vous méprenez pas, il ne faut pas associer ces oeuvres avec une religion...) on lui demande en fait quasiment de s’excuser sur le choix effectué, de rassurer sur le caractère non religieux de la démarche, et sur le fait que ce que l’on restaure, ce sont des oeuvres d’art, et non des oeuvres d’art religieux. Si la Vierge de Lumigny, par exemple, ne doit pas être vu comme une oeuvre d’art religieux, alors je ne sais pas comment il faut la voir.

      Qu’un Etat soit, et désire rester laïc, tout à fait d’accord, mais il me semble que cela est poussé à l’extrême de nos jours, et entraîne un rejet de l’idée même de religion et de tout ce que cela implique. Le rejet de la religion englobe-t-il, de nos jours, le rejet de l’idée même que la religion fait partie intégrante de l’histoire des peuples ? Comment étudier l’histoire d’un pays sans étudier sa religion, ou l’une des religions qui composent ce pays ? Comment considérer l’histoire de l’art d’un peuple en écartant toute influence de la religion ?

      Seuls les pays totalitaires interdisent la religion, et l’idée même de religion. Ou l’imposent comme religion unique et obligatoire, c’est une autre option, mais qui n’entre pas dans le cadre de ce que j’ai essayé d’expliquer dans ce commentaire.

      Et puis coupons maintenant les cheveux en huit. On pourrait pousser plus loin et dire : pourquoi des oeuvres d’art appartenant à l’Etat sont-elles exposées dans des églises (en principe séparées de l’Etat) et non des musées nationaux (ou municipaux) ?


      • Surya Surya 21 août 2013 12:30

        J’en rajoute une couche après relecture de l’article, au sujet d’une remarque de la jeune femme : « patrimoine religieux certes » ; c’est ce « certes » qui me dérange.

        Sinon, je ne comprends pas ce que vous voulez dire par : « Passionnée par le patrimoine, Zoé à 20 ans est néanmoins une jeune de son temps. »

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Henry Moreigne

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