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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Les Possédés » de Fédor Dostoïevski aux Amandiers

« Les Possédés » de Fédor Dostoïevski aux Amandiers

Sur trois week-end d’automne (du vendredi au dimanche), neuf représentations de « Les Possédés » d’une durée, chacune, de six heures trente avec deux entractes compris, ont été proposées, au Théâtre des Amandiers, en aboutissement d’un travail de deux années que Chantal Morel, directrice de la compagnie « Alertes », a souhaité consacrer à l’illustre épopée de Dostoïevski.

Cette nouvelle traduction, avec son appellation opposant la mise en perspective d’une destinée tragique face à la dévastation du mal dont pouvait, à l’époque, se targuer l’adaptation théâtrale de Camus sous le titre de « Les démons », s’en différencie donc, par à une expression scénographique s’appuyant sur une coupe transversale du texte.

Suite à une première mouture de dix-huit heures, ce spectacle en trois parties a, donc, trouvé son rythme dramaturgique (Marie Lamachère) ainsi que ses ombres et lumières (Isabelle Senègre), en structurant la mise en espace (Sylvain Lubac), par autant de tableaux subdivisant le plateau, grâce à des emplacements, dûment balisés.

Ainsi, de l’avant-scène au mur du fond, l’histoire de cette petite ville provinciale de la Russie du XVIIIème peut s’écrire grâce à la multiplication des plans en profondeur, depuis la société en son ensemble jusqu’aux individus qui la composent, interférant avec des groupuscules en pleine agitation atomique.

Sur fond de démarches révolutionnaires, à tous les niveaux sociaux, les destins s’entrecroisent dans le bouleversement culturel, le malheur psychologique et toutes les faiblesses de la condition humaine dépeignant une vaste fresque contextuelle à portée universelle.

Cette volonté d’extraire du chef d’oeuvre littéraire, les lignes de force représentatives d’un souffle irrésistible, où l’écriture est en prise directe avec l’éventualité existentielle ou non d’un Dieu régentant le chaos terrestre, fait preuve d’une ambition artistique remarquable qui, cependant, comporte ses hiatus intrinsèques.

En effet, comment, sur le fond, éviter de perdre le spectateur en conjectures, alors que son attention est saturée au point de ne lui proposer d’autre focale synthétique qu’un dysfonctionnement généralisé des consciences ?

Comment, sur la forme, lui faire entendre, de manière audible, les enjeux du choc dialectique, alors que de nombreuses répliques vont se perdre dans le volume acoustique de l’immense cage de scène ?

La réponse se trouve dans l’intention d’une telle réalisation qui osera, le temps d’un plaidoyer, installer et allumer « la servante », cette lampe traditionnellement mise en place sur le plateau du théâtre, lorsque celui-ci est déserté.

Ainsi appréciées, la mise en scène et la direction d’acteurs de Chantal Morel pourraient apparaître comme une sublimation collective, à livre grand ouvert.

photo © Guy Delahaye 

LES POSSEDES - ** Theothea.com - de Fédor Dostoïevski - mise en scène : Chantal Morel - avec Fabien Albanèse, Vincent Bouyé, Nicolas Cartier, Dominique Collignon-Maurin, Stéphane Czopek, Roland Depauw, Servane Ducorps, Marie Gauthier, François Jaulin, Isabelle Lafon, Marie Lamachère & Rémi Rauzier - Théâte des Amandiers -

 


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