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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Les sourires de Frans Hals, le sérieux de Rubens

Les sourires de Frans Hals, le sérieux de Rubens

Tous deux sont nés à l'aube du 17ème siècle. Trois ans seulement les séparent en âge. Si l'oeuvre de Rubens est, comme le dit Baudelaire, un "fleuve d'oubli", c'est un fleuve d'oubli qui emportera Frans Hals, du moins pour le grand public. Et pourtant, ce peintre hollandais d'origine flamande fut, avec Rembrandt et Vermeer, l'un des plus importants peintres du siècle d’or. Rubens marqua le classicisme, Frans Hals, lui, inspirera Van Gogh, Monet, Manet, et Courbet. Un moderne avant l'heure par son geste spontané sur la toile.

Alors que Rubens fut diplomate et peintre officiel sous le règne de différents monarques, faisant donc figure de peintre très sérieux, académique, Frans Hals traîna derrière lui une réputation de bon vivant dont les frasques faisaient sourire. La gaîté de cet artiste transparaît souvent sur les visages de ses modèles. Même si Rubens n'était pas un moine pour autant : après la mort de sa femme, il épousa Hélène Fourment, jeune femme de seize ans, Frans Hals a quand même un tempérament beaucoup plus relâché...

Frans Hals (1580 – 1666)

Ce diable de Hals est mort en...1666 ! Il nous sourit encore au-delà de la mort...

Pionnier de l’art du portrait

Maître du noir, qui est une couleur difficile (27 noirs différents selon Van Gogh admiratif), sa vocation pour le portrait était utilitaire. C'est dans la ville hollandaise de Haarlem qu'à partir de 1591 au plus tard, il passe le reste de sa vie et fait carrière.

Hals contribua aussi, avec ses portraits de groupe - de garde civile et de régents - à l’évolution du portrait de groupe au XVIIe siècle. Son réalisme est quelquefois impitoyable.

Dans ses portraits de mariés, il réalise un portrait pour chacun des époux. L’époux est toujours à gauche, la femme à droite. Un homme marié regarde à droite, un homme célibataire vers la gauche. Pour le célibataire, Franz Hals ajoute aussi des éléments comme la rose, symbolisant la quête de la femme.

Un bon vivant

Sur ses toiles, Frans Hals fait rire même les cavaliers (voir ci-contre "Le Cavalier riant)

« C'est un enfant de famille magnifiquement doué et qui fait de la peinture pour vivre, cavalièrement, en gentilhomme, pressé de faire vite et d'en finir : le reste du temps en bon vivant, compagnon de la loge Liefde boven al (L'amour par dessus tout), avec des turbulences de conduite et d'humeur qui expliquent celles de sa brosse et lui donnent parfois affaire avec la police. » Ces lignes écrites en 1921 par Louis Gillet, décrivent bien l'image que l'on pouvait se faire alors de Frans Hals. 

Si Franz Hals est négligé par les critiques de son temps, il recevra des commandes jusqu'à la fin de sa vie. Comme quoi, l abonne humeur aussi c'est payant. Mais son grand talent aussi était pour quelque chose.

Son style est spontané

Ses tableaux sont très expressifs. Les coups de pinceau détachés sont caractéristiques de sa manière, et il participa à l’introduction de cette vivacité de style dans l’art néerlandais.

Il est le premier peintre à représenter un modèle retourné sur sa chaise, le bras sur le dossier ou sur une chaise en équilibre. Sa façon de représenter des gens occupés à parler et à gesticuler est aussi révolutionnaire. Ce sont les Impressionnistes qui redécouvrent Franz Hals. Ils voient en lui un précurseur du spontané. Son style exerça une influence considérable, plus de deux siècles après lui, sur les représentants des courants réaliste (comme Gustave Courbet) et impressionniste (comme Van Gogh, Monet et Manet).

Rubens (Pietro Paolo Paul 1577 - 1640)

Je préfère le nommer de la façon qu'il a choisi "Pietro Paolo" et nom à la française "Pierre- Paul). Par respect pour le peintre qui avait opté pour ces prénoms à son retour de son voyage de huit années en Italie, où l'étude des peintres de la Renaissance le marqua pour la vie.

« Rubens, fleuve d'oubli, jardin de la paresse,
Oreiller de chair fraîche où l'on ne peut aimer,
Mais où la vie afflue et s'agite sans cesse,
Comme l'air dans le ciel et la mer dans la mer
. »

(Baudelaire, « Les Phares », dans les Fleurs du mal)

Trois fois peintre officiel !

Il est le peintre officiel de la Cour des Pays-Bas de 1609 à 1621, de la Cour de l'Infante Isabelle de 1621 à 1633, de la cour du cardinal infant Ferdinand de 1636 à 1640.

Rubens diplomate

Rubens est anobli par Philippe IV d'Espagne et fait chevalier par le roi Charles Ier d'Angleterre pour le récompenser de ses efforts diplomatiques à faire aboutir un traité de paix entre l'Espagne et l'Angleterre. « Allégorie de la Paix et de la Guerre » (1629) : Alors que Minerve, la déesse de la sagesse s'explique avec Mars, le dieu de la guerre, une femme qui symbolise la paix presse son sein pour nourrir un enfant.

Des commandes importantes

Sa commande la plus importante est celle de 60 toiles pour la décoration du pavillon de chasse, la « Torre de la Parada » de Philippe IV d'Espagne, (« Les métamorphoses »). On peut également citer la décoration de la Galerie Médicis au Palais du Luxembourg, cycle décoratif sur la vie de la reine Marie de Médicis, peint entre 1622 et 1625.

« La chasse au tigre, au lion et au léopard » (1616) : La fresque fait partie d'un ensemble de quatre toiles de chasses, commandées par l'électeur Maximilien de Bavière. Rubens représente le tigre dans toute sa bestialité et sa félinité au centre de la composition. Le tigre semble regarder l'homme barbu en bas à gauche tenant la gueule du lion, sorte d'alter-ego humain.

Rubens accueille Marie de Médicis

Ci-contre « L'Éducation de Marie de Médicis » (1620-1621), commandé par Marie de Médicis, l'épouse d'Henri IV, en 1620 pour l'une des deux galeries de son palais du Luxembourg à Paris, fait partie du cycle de Marie de Médicis. (Le Louvre). Rubens devait réaliser ces peintures en l'espace de deux ans de manière à les achever pour le mariage de la fille de Marie de Médicis, Henriette Marie. Vingt et un tableaux représentent les gloires et luttes de Marie, les trois peintures restantes étant des portraits d'elle et de ses parents.

Lorsque Marie de Médicis connaît son ultime exil, c'est Rubens qui la recueille et qui la protège jusqu'à sa mort. Elle finit d'ailleurs sa vie, deux ans après la mort du peintre, dans la maison natale de celui-ci.

Rubens inspiré et inspirateur

Rubens fut inspiré par les peintres de la Renaissance, notamment de Titien, dont il retiendra la fougue du coloris.

- Inspiré par Raphaël. Le « Jugement de Pâris » est directement inspiré du « Jugement de Pâris » de Raphaël, gravé par Raimondi. La seule différence est que Rubens s'inspire de l'œuvre vue en miroir. C'est cette œuvre de Raphaël, vue en miroir, qui permettra par la suite à Picasso de peindre ses « Demoiselles d'Avignon » en 1907, peinture qui aurait dû porter comme titre « Le Jugement de Pâris ».

- Inspirateur de Rembrandt. Rembrandt a connu la « Descente de croix », exposé en 1612 par Rubens. Au moins en a-t-il eu connaissance par des copies. Son eau-forte de la « Descente de croix », exécutée 21 ans après, le rappelle par bien des points, ainsi que ses « Descentes de croix » de Munich et de Saint-Pétersbourg.

Inspiré par Raphaël et les autres grands peintres de la Renaissance, Rubens influença Rembrandt. Mais Franz Hals, le troisième élément méconnu de la trilogie hollandaise du 17ème siècle, inspirera, lui, des peintres qui vivront plus de deux siècles après lui et qui créeront des mouvement nouveaux : l'impressionnisme, le réalisme...

Je vous rassure, vous n'avez pas à voter pour l'un ou l'autre : on peut aimer les deux !
 

LIEN : Frans Hals sur Wikipedia

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.11/5   (9 votes)




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4 réactions à cet article    


  • Taverne Taverne 11 avril 2013 11:34

    Des sourires, encore des sourires !
    Et par les temps qui courent (de plus en plus vite), un sourire n’est jamais de trop...

    P.S : J’ai oublié d’intégrer dans l’article ma vidéo des oeuvres de Rubens, sur une musique de Scarlatti. En 3 parties : portraits de famille, le cycle Marie de Médicis, la chasse. Le sérieux Rubens ne voyait pas dans la chasse une partie de plaisir. Il en a fait des tableaux impressionnants de cruauté. Franz Hals, lui, était plus léger...


    • Taverne Taverne 11 avril 2013 14:22

      Ah ! Un vote négatif enfin. Je m’inquiétais et j’allais demander à la cantonnade si quelqu’un avait des nouvelles de mon moinsseur. Bon, je vois que tout rentre dans l’ordre. Etre moinssé, c’est se sentir exister... smiley Donc merci.


    • Taverne Taverne 11 avril 2013 16:59

      Même Sardou serait d’accord : « Ne m’appelez plus jamais Frans ! Appelez-moi monsieur Hals. »


      • yukimushi 13 avril 2013 16:41

        Bonjour Taverne.

        Rubens n’a pas marqué le classicisme puisque c’est un peintre baroque.
        Tout comme Hals d’ailleurs.

        Pour le reste...Comparer Hals et Rubens en condamnant Rubens d’avance...c’est un peu léger.
        Vous auriez pu parler davantage des caractéristiques techniques de Rubens et les mettre en oppositions avec celles de Hals...

        Être reconnu par ses pairs ne fait pas de Rubens un peintre académique. Bien au contraire.
        Même si Hals peint des personnages qui vous semblent expressifs par rapport à ceux de Rubens ses compositions sont, elles, beaucoup plus académiques.

        Mais bon...Il faudrait reprendre à la base....

        Où avez vous trouvé cette info concernant les Demoiselles d’Avignon de Picasso "peinture qui aurait dû porter comme titre « Le Jugement de Pâris » ? Le titre pressenti était le Bordel Philosophique.

        Cordialement.

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