Panique à bord : la régression de Calixthe Beyala
Enchaînement d’évènements féconds et trépidants. Triptyque : naissance-amour-drame. Pauline a eu le malheur d’être issue d’une famille à problème. Une mère acariâtre et absente, madame Moundimbé. Un frère délinquant, Fabien. Un père mort puis ressuscité…en prison. Un beau père, Dieudonné, qui disparaît du jour au lendemain du logis. Une famille de psychopathes comme elle aime si bien le dire. Description allégorique de l’auteure, qui utilise l’imagerie animale pour décrire tel acte, telle attitude, telle action. On a le souffle coupé. Définitivement. Course effrénée vers des chimères qui se volatilisent à la suite d’anicroches aussi bien heureuses, pathétiques que comiques. Tragi-comédie et mélodrame s’entremêlent comme des cheveux dans un peigne. Point de Zorro. Si, si, Sarkozy y est cité par trois fois, non, quatre fois, furtivement, succinctement, pour ne pas trop effleuré son ego. Tiens, les mômes parlent du discours de Dakar de triste mémoire. La page 25 est un régal. Une sorte de mélange, entre une plume corrosive et accusatrice, un tableau « truellé », comme une peinture de Van Gogh, cocktail explosif et symphonie de couleurs tous azimuts, fait d’électricité mais finalement de douceur.
Entre explosion zonale, ouragan frontal et cataclysme conjugal, l’échec scolaire, les petits larcins puis les grosses arnaques et emmerdes, le décor est planté. Eh là, l’irréparable. La mort au bout du pistolet. Les mauvaises fréquentations. La tristesse (chapitre 17). Calixthe Beyala, avec ce roman, réussit avec brio, à décrire le quotidien de cette adolescente de 14 ans, Pauline, fille métisse caractérielle, sans vergogne, immature mais qui, par une petite crise de cognition, après avoir perdu son hymen, prend peu à peu conscience de ses capacités et de ses valeurs morales. Une réhabilitation qui, au fil des pages, est faite de drames, d’échecs, de réussites et de tendresse. Comment raconter cette scène ahurissante où, son petit ami, Nicolas, fils de Pégase, la surprend sous la couette avec ce dernier ? Inceste ? Inconscience ? (chapitre 11). Qu’ai-je fait de ma vie, se demande-t-elle ? Pauline prend du recul, et une touche chic et fashion l’embrase. Dans le milieu du baggy large, baissé jusqu’à la naissance des fesses, avec le boxer Calvin Klein en exposition, le pantalon de survêtement ou la démarche de canard en traînant les pieds, ça fait désordre. Les élucubrations des autres, de ses amis, ne sont plus importantes…Le roman est en librairie pour le grand public, dès le 5 février 2009.
>>>Allain Jules
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