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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Photographie : les expositions seront digitales

Photographie : les expositions seront digitales

Dans cet article, je prendrai l’exemple du leader de l’hébergement de photos dans le monde, mais cela reste valable pour les concurrents, de plus en plus nombreux. La photographie a définitivement tourné une page avec l’abandon progressif de l’argentique par les fabricants de matériel et de médias. Il reste un maigre marché de passionnés pour quelques fabricants marginaux. Mais parallèlement à cela le comportement des photographes, amateurs ou professionnels, a évolué. Ainsi, les expositions photos deviendront probablement plus digitales.

J’utilise depuis près d’un an les services d’un hébergeur de photo. Cela me garantie une certaine sureté d’archivage tout en facilitant le partage. Cet hébergeur, leader mondial du domaine, recense des photos de l’Australie au Zimbabwe en passant par l’Irak, le Pakistan ou le Brésil, au hasard. Tout ce qui vous passe par la tête trouvera une réponse, avec une préférence pour les termes anglais dans les recherches. Ainsi on peut passer de la photo de mariage, à la recherche graphique en passant par le journaliste et même le porno (soft). Bref, comme internet, cela est un vaste melting-pot.

A cela s’ajoute la possibilité de "geotagger" les photos c’est-à-dire de situer le lieu de prise de vue sur la carte du monde. Tout comme le concurrent google-earth, on peut donc visiter les plus beaux sites du monde ou les plus inconnus et étonnants d’entre eux, ou même découvrir une petite merveille à deux pas de chez soi.

Le site gère les droits à l’aide de la licence Creative Commons et la protection des mineurs en limitant l’accès aux photos dites choquantes.

On peut y créer des groupes par thèmes, par affinité, garder ses photographes préférés dans ses contacts et communiquer dans de mini forums comme une nouvelle forme de clubs photographiques. On y partage ses idées, ses questions, ses réponses, ses astuces et on y apprend, on y écoute. On peut même se faire noter et critiquer ses photos sur des groupes spécialisés.

Mais une des fonctions les plus intéressantes est "le meilleur des sept derniers jours" ou "Explorer". Ce sont les meilleures photos selon des critères parfois obscurs et en tout cas controversés. Ainsi on peut y découvrir de très belles œuvres d’amateurs doués ou de professionnels en mal de reconnaissance. Car voilà bien vers quoi tend l’hébergement.

Loin du petit milieu fermé des photographes à la mode, des professionnels y déposent quelques-unes de leurs meilleures photos en basse résolution afin de faire connaître leurs possibilités, l’étendue de leur talent. Ainsi on peut y trouver des photographes de mode d’Extrême-Orient, des journalistes de guerre d’Inde ou du Pakistan, des étudiants en photo du Vietnam ou d’Indonésie, j’en passe et des meilleurs. Leurs œuvres rivalisent souvent avec des confrères plus en vue dans les milieux culturels des pays leaders du domaine. Il ne faut pas négliger non plus les plus doués des amateurs et semi-professionnels que d’ailleurs rien ne permet de distinguer de la masse des membres de ce site.

Ici l’entrée à l’exposition est libre. Pas besoin d’une invitation d’une célébrité du milieu. A chacun de se faire son idée sur ce qui est réussi ou pas. Il n’y a pas de guide et on peut s’étonner du succès de certaines photos techniquement peu abouties ou simplement banales pour nous autres Français. Car au contraire d’une exposition à Paris ou à New York, le public est plus vaste et varié.

Je me suis étonné de voir certaines de mes photos appréciées par un lointain collègue amateur alors que celles qui me tiennent à cœur ne rencontrent pas le succès escompté. Le fait est que justement il n’y ait pas un bon goût bien défini.

Mais si les expositions deviennent digitales, rien ne remplacera la vision d’une belle photo dans un grand format face à soi. Sans parler de l’impact de la colorimétrie de l’écran du visiteur de la galerie virtuelle. Le photographe peut calibrer son écran, mais si le visiteur a son écran mal calibré, l’effet souhaité sera manqué. De même, si les photos sont affichées dans des vignettes de quelques centimètres sur un écran, il est possible, selon la volonté de l’auteur, d’accéder à plusieurs tailles ce qui change grandement l’impact visuel de l’œuvre.

Pour un photographe professionnel ce type de site apparaît plus comme une vitrine pour tenter de vendre un jour un reportage, une série. Car ils drainent une très large fréquentation. Des concurrents ont tenté le modèle de la vente en ligne avec une orientation "entreprise", ce qui limite à une photographie plus utilitaire qu’artistique, si j’ose dire. Il n’est donc pas rare de voir des professionnels réorienter dans leurs profils vers leur propre site qui leur permettra d’avoir de meilleurs contacts.

Et pour le visiteur cela permet de se faire une réelle culture photographique, de voir ce qu’a apporté le numérique et la retouche photographique à cet art. Car si la photo a longtemps été une représentation du réel, elle permet maintenant d’aller dans l’abstrait, à l’égal de la peinture. La mode est à l’HDR, sorte de pendant de l’hyperréalisme en peinture. Mais à chacun de parcourir les millions de galeries en ligne pour découvrir les tendances de demain.

Je n’ai cité jusqu’ici aucun nom de site d’hébergement de photos pour ne pas faire de publicité gratuite. Je laisse au lecteur de cet article le soin de se faire sa propre idée et de trouver ce qui lui convient le mieux en tant que visiteur ou en tant que photographe. Ici au moins, il ne sera pas question de millions de pixels et de zoom X 100, mais de résultat, tout simplement.


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3 réactions à cet article    


  • Philippakos Philippakos 27 septembre 2007 13:31

    Merci pour cet article et pour les possibilités qu’il offre de visualiser des millions d’images classées venues du monde entier. Quelques remarques pourtant : une image numérique est imprimable sur papier et cela fait un certain temps que les commissaires d’expositions le savent. J’ai vu, il y a quelques années, une exposition itinérante de Cartier Bresson pour laquelle les images parvenaient, dans les différents pays où elle était présentée, sous forme numérique. A charge pour les pays concernés d’assurer le tirage numérique des images. Cela évite les problèmes de transport d’exposition qui sont complexes et très coûteux. Une image numérique est fonction de l’écran sur laquelle on la visualise. On peut toutefois penser que, dans un avenir proche, la calibration des écrans devienne la norme. Elle est déjà automatique sur certains écrans graphiques où elle se fait à intervalle de temps régulier. « Le fait est que justement il n’y ait pas un bon goût bien défini. » C’est un écueil de la culture mondialisée mais cet inconvénient n’en est surtout pas un. Cela montre que, malgré la tentative de globalisation, les particularismes demeurent et on ne peut que s’en féliciter. On frémit à l’idée que les six milliards d’individus que nous sommes aient les mêmes sensations, émotions, comportements devant une image donnée. Une sorte de monde à la Huxley dans lequel aucune différence ne serait permise sous peine de se voir marginaliser par rapport à une pensée dominante et exclusive. Les grosses productions de cinéma concoctent souvent des versions différentes selon les pays où les films sont présentés. Les Ektachrome n’avaient pas les mêmes courbes de couleur en Amérique et en Europe. On peut même supposer que la calibration des écrans puisse être différente selon les coordonnées géodésiques des utilisateurs.


    • biztoback 27 septembre 2007 15:51

      A vrai dire, ils devraient annoncer la calibration de l’ecran de l’auteur de la photo. Cela nous permettraient de l’apprécier telle qu’elle.


      • Iceman75 Iceman75 28 septembre 2007 09:30

        en complément, il faut effectivement noter que les dernières expos sont l’occasion pour les professionnels de l’impression de montrer les qualités de leurs solutions auprès des photographes. des partenariats marque-photographe s’établissent. Les solutions d’étalonnage d’écran baissent petit à petit mais il faut aussi tenir compte du filtre logiciel qui fait qu’une image ouverte dans Picasa ou Firefox n’aura pas forcément le même rendu que dans Photoshop ou tout autre logiciel de retouche. Toute la chaine colorimétrique doit être uniformisée avec un profil identique...jusqu’à l’impression.

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