Place de la République, Paris
La place de la République joue un rôle particulier dans la vie de Paris. A la limite de 3 arrondissements, au confluent de 7 grandes artères et de 5 lignes de métro, elle est le point de départ ou d’arrivée de grandes manifestations populaires, un lieu pour ceux qui veulent faire connaître une cause ou se retrouver lors de petits ou grands événements.
Et, tous les jours, une place ouverte à tous, jeunes ou moins jeunes, pour lire, jouer, prendre le soleil...
Historique
La place de la République s’appelait jusqu’en 1879, place du Château-d'Eau car, une Fontaine du Château d’eau ou Fontaine aux Lions de Nubie (Pierre-Simon Girard,) y avait été érigée en 1811. Cette fontaine était utilisée par les gens des quartiers du Temple et du Marais.
Le baron Haussmann (1) transforme cette modeste place triangulaire en un grand espace (280 m sur 120) rectangulaire, avec deux terre-pleins centraux. Il perce les boulevards Magenta, des Amandiers (avenue de la République), du Prince-Eugène (Voltaire) et fait disparaître, par la même occasion, des théâtres du boulevard du Temple dont le Théâtre-Lyrique fondé par Alexandre Dumas en 1847.
Un établissement de plaisirs avec un dancing bourgeois, Vauxhall, est remplacé par la caserne du Prince-Eugène, aujourd'hui Caserne Jean-Vérines. Prévue pour 3 200 hommes et proche du séditieux Faubourg Saint Antoine...
Elle accueille depuis 1947 la Garde Républicaine.
En 1867, la Fontaine du Château d’eau est déplacée au marché des abattoirs de la Villette où elle sert d’abreuvoir, sur l'actuelle place de la Fontaine-aux-Lions. Elle est, alors, remplacée par la seconde Fontaine du Château d’eau (Gabriel Davioud), déplacée à son tour, en 1880, place Félix-Éboué.
Car, en 1879, la ville de Paris lance un concours pour un monument consacré à la République, proclamée en 1875, concours remporté par les frères Morice. Ce monument est inauguré, en plâtre, le 14 juillet 1880 et le 14 juillet 1883 dans sa version définitive en bronze (2).
La place prend le nom de place de la République en 1889. La statue est alors entourée par quatre grands porte-oriflammes de 25 m de haut, au socle en bronze, retirés en 1988. De peur qu'ils ne résistent pas en cas de fortes tempêtes.
Un bassin circulaire entoure le monument depuis 2013.
En 1904, la ligne 3 du métro et la station République sont créées, puis les lignes 5, 8 et 9. La ligne 11, inaugurée en 1935, est actuellement en voie de prolongement.
Des tramways desservaient Paris et la banlieue. Un tramway à câble reliait la place à la colline de Belleville. La circulation occupait 60 % de l'espace, traversait le terre-plein central, faisait le tour de la place .
Sur la nouvelle place, inaugurée en juin 2013, toute la circulation est basculée sur le côté ouest et le centre devient un espace piétonnier autour de la statue.
Le Monument à la République ou Statue de la République.
L'œuvre de Léopold Morice, en bronze, 9,5 m de haut, sur un piédestal en pierre, 15,5 m de haut, 13 m de diamètre, est une allégorie de la République.
Marianne est vêtue d'une toge avec un baudrier portant une épée, coiffée du bonnet phrygien, symbole de la liberté, et d'une couronne végétale, un rameau d’olivier, symbole de paix, à la main droite, la main gauche sur une tablette des Droits de l'Homme.
Aux pieds de la statue, une guirlande de bronze, les armoiries de Paris et l'inscription À la gloire de la République Française - La ville de Paris – 1883.
Le soubassement de Charles Morice, en pierre, 15 m de haut, comporte trois statues : La Liberté, L’Égalité, La Fraternité.
La Liberté, un flambeau dans la main gauche, la main droite tenant une chaîne brisée. Derrière, un chêne en relief.
L'Égalité, dans la main droite, le drapeau de la République, la hampe marquée R.F. et dans la gauche, un niveau de charpentier, symbole (maçonnique ?) d'égalité devant la mort.
La Fraternité, une femme veillant sur deux enfants en train de lire. Une gerbe de blé et un bouquet évoquent l'abondance.
De part et d’autre de La Fraternité, 2 médaillons marqués Labor et Pax, ornés de faisceaux de licteur (3).
Au pied de la statue, un lion en bronze avec une urne, Le Suffrage universel.
Au dessous, 12 hauts reliefs (Léopold Morice) en bronze rappellent des moments historiques importants entre 1789 et 1880.
20 juin 1789, Serment du jeu de Paume.
14 juillet 1789, Prise de la Bastille.
4 août 1789, Abolition des privilèges.
14 juillet 1790, Fête de la Fédération.
11 juillet 1792, Proclamation de la Patrie en danger.
20 septembre 1792, Bataille de Valmy.
21 septembre 1792, Proclamation de l’abolition de la Royauté.
13 prairial an II ou 1er juin 1794, Bataille du 13 prairial an II (4).
29 juillet 1830, Les Trois Glorieuses.
4 mars 1848, Adoption du suffrage universel masculin (5).
4 septembre 1870, Proclamation de la République.
14 juillet 1880, Première fête nationale.
Événements, manifestations
Au XIX° siècle, la place de la République est le lieu de grands cortèges du Carnaval de Paris.
Lors des combats de la Libération de Paris, la Caserne Jean-Vérines est, le 25 août 1944, le dernier bastion allemand qui, se rend aux résistants et à la 2e DB.
Le 4 septembre 1958, elle est le cadre de la manifestation en faveur du Oui au référendum sur la Constitution de la V°République.
Le 11 janvier 2015, elle est le point de départ de la marche républicaine en hommage aux victimes décédées lors des attentats des jours précédents et contre le terrorisme.
Après les attentats qui ont frappé Paris, un mémorial improvisé se met en place sur le monument à la République où fleurs, gerbes, dessins, affiches et banderoles sont disposés.
Le 6 janvier 2016, un chêne chevelu est planté à l'angle du boulevard Magenta en mémoire des victimes des attentats terroristes de 2015.
À partir du 31 mars 2016, suite aux manifestations contre la loi El Khomri, la place de la République devient le lieu de rendez-vous quotidien de Nuit Debout.
La place est, fréquemment, le point de départ ou d’arrivée des manifestations parisiennes, régionales ou nationales, le plus souvent de gauche ou syndicales.
Elle est un lieu de rassemblement pour tous ceux qui veulent faire connaître une revendication...
Activités
Toute une partie de la place est aménagée pour permettre aux jeunes de faire de la planche à roulette et des jeux pour des enfants de tout âge et même pour des adultes...
Des animateurs sont à disposition pour enseigner les règles des différents jeux....
Un petit miroir d'eau, 270 m2, permet aux jeunes enfants de jouer lors des journées ensoleillées d'été.
Mais la place est aussi un endroit où on vient pour se rencontrer, passer un moment, discuter entre amis, prendre un bain de soleil si le temps s'y prête...
La population, pour les grands événements comme pour la vie quotidienne, s'est appropriée cette grande place piétonnière, aménagée, qui était apparue, à ses débuts, comme très minérale à un époque où tout doit être végétalisé.
1 - Très intéressante exposition sur le Paris du Baron Haussmann au Pavillon de l'Arsenal à Paris, jusqu'au 4 juin 2017.
2 - Le projet de Jules Dalou, le Triomphe de la République, arrivé second, est commandé par la ville de Paris pour la place de la Nation et inauguré en 1899.
3 - Le Faisceau de licteur, référence à la République romaine antique, représente après la Révolution, l'union et la force des citoyens français réunis pour défendre la Liberté. L'Assemblée constituante adopte en 1790 les antiques faisceaux comme emblème de la France. Lors de la Première république, il signifie que le pouvoir appartient au peuple. En 1848 et après 1870, il figure sur le sceau de la République française. On trouve les faisceaux de licteur dans les armoiries de la République.
4 - Bataille du 13 prairial an II, également appelée combat de Prairial ou troisième bataille d'Ouessant et Glorious First of June (Glorieux Premier Juin) opposa les flottes britannique et française. Les Français subirent une sévère défaite tactique. Les pertes britanniques étaient également lourdes. Du point de vue stratégique, la bataille fut cependant un succès français car le convoi de céréales achetées aux États-Unis arriva sain et sauf. De ce fait, les deux belligérants revendiquèrent la victoire.
5 - Parfois supposée représenter l'abolition de l'esclavage, par confusion avec le décret du Gouvernement provisoire qui institue une commission pour préparer, dans le plus bref délai, l'acte d'émancipation immédiate dans toutes les colonies de la République mais le décret qui abolit l’esclavage est du 27 avril 1848.
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