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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Pourquoi il faut lire Marie Nimier

Pourquoi il faut lire Marie Nimier

Marie Nimier a obtenu le Prix Medicis l’année dernière, avec la « Reine du Silence » (Gallimard) Ce récit sortira chez Folio en janvier prochain, et si vous êtes passé à côté, c’est l’occasion de découvrir une auteure aussi sensible que particulière...


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« Mon père a trouvé la mort un vendredi soir, il avait trente-six ans. » Ainsi débute ce récit sobre, à la plume fluide, ciselée, aux phrases courtes et musicales. Marie Nimier est loin d’être une inconnue, puisqu’elle a commencé à publier chez Gallimard il y a une dizaine d’années, avec  Sirènes. Huit romans ont suivi, comme Anatomie d’un Chœur, ou Domino (voir Blog de Clara). Mais c’est la première fois qu’elle dévoile son père, Roger Nimier, dans un récit très personnel, qui mêle le souvenir à l’émotion.

Marie Nimier avait cinq ans au moment de la mort de son père. Au volant de sa mythique Aston Martin, avec une très belle romancière à ses côtés, Roger Nimier se tue sur une route de Normandie, à quelques kilomètres de Paris. Sa passagère meurt aussi. Le monde littéraire est en deuil : l’auteur du célèbre Hussard Bleu n’est plus.

Une quarantaine d’années plus tard, Marie Nimier décide de ressusciter ce père flamboyant. Elle puise dans ses souvenirs les plus lointains, explore ce qui lui reste de ce géniteur qu’elle a peine connu, mais à qui elle n’a jamais cessé de penser. « Je savais que j’écrirais un jour ce livre », avoue-t-elle. Au fil des pages, Marie Nimier part sur les traces de ce père absent, retourne en arrière, fouille, traque le passé, les souvenirs, les lettres, puis, avec un va-et-vient talentueux, imprégné d’une lucidité parfois ironique qui fait sourire, nous ramène à son présent de mère de famille romancière. Son choc, lorsqu’elle découvre pour la première fois, lors de ses recherches, une photographie en couleur de son père. Elle ne l’avait « vu » qu’en noir et blanc. Son incapacité à passer son permis de conduire, comme si l’accident de son père pesait sur elle, à la manière d’une malédiction. Ses propres rapports avec ses enfants, teintés de l’absence du grand-père paternel.

Comment et où rassembler ces bribes de père, les enfiler comme des perles sur le fil d’un collier ? Pas facile. Douloureux parfois. Mais Marie Nimier ne renâcle pas. Ce puzzle de non-dits, d’absences, de silences, s’étoffe sous nos yeux, pour devenir un roman-témoignage extraordinairement abouti. « Comment ça marche, un père ? » Marie Nimier retourne aux sources, se rend sur la tombe de Roger Nimier, ce qu’elle n’avait jamais fait, petite. Elle entreprend des recherches sur la jeune femme qui accompagnait son père ce funeste soir du 28 septembre 1962, et qui a trouvé la mort avec lui : Sunsiaré de Larcône, jeune romancière qui venait de publier un premier livre. (voir Ange Blond de la Mort et Clara à nouveau ) Il y a vingt ans, par l’intermédiaire d’une amie, Marie Nimier avait rapidement rencontré le fils de Sunsiaré qui, lui, avait grandi sans mère. C’est maintenant qu’elle souhaite le revoir, lors de cette quête paternelle qui l’obsède. Trop tard, le fils de Sunsiaré n’est plus. Marie Nimier en ressent un grand accablement.

A la fin de son livre, la « Reine du silence » (c’est ainsi que l’appelait Roger Nimier) parvient enfin à reconnaître ce père fantôme : « Reconnaître non seulement sa démarche, mais aussi, et dans un même mouvement de tendresse, reconnaître son visage, ses traits, ses expressions. » La boucle est bouclée.

Nimmed

La Reine du silence, 172 pages, 14,50 €
Gallimard
Prix Médicis 2004

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