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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Qui s’y frotte s’y pique tendrement...

Qui s’y frotte s’y pique tendrement...

Ne vous êtes-vous jamais demandé si votre concierge était réellement ce qu’elle laissait paraître ? Dans son roman L’Elégance du hérisson, Muriel Barbery nous révèle avec beaucoup d’humour et de cynisme ce que cache parfois l’illusion des apparences.

A travers les voix de deux personnages, l’auteur nous donne à la fois une vision philosophique et satirique de la société. Nous avons tous en tête des stéréotypes communs. Lorsque l’on nous demande de décrire une concierge une simple vision nous vient à l’esprit : une femme laide, mal habillée, inculte et sans éducation. Et pourtant ce n’est pas forcément le cas. C’est avec ce stéréotype que Muriel Barbery dénonce l’incapacité des gens à chercher à voir au-delà des apparences.

Renée, concierge, du 7 rue de Grenelle, d’un immeuble bourgeois, se présente comme l’image parfaite de notre stéréotype. Mais sous une apparence bourrue se cache en fait une femme cultivée, intelligente, passionnée par la philosophie, les films japonais et la littérature russe allant même jusqu’à appeler son chat Léon en référence à son auteur favori, Léon Tolstoï. Cette femme, cherchant à répondre aux critères que la société se fait d’une concierge s’efforce de paraître inculte aux yeux de ses résidents. Ainsi son discours nous apparaît toujours avec humour lorsque l’auteur met en opposition le discours qu’elle tient réellement et ses pensées. A l’étonnement d’un habitant de l’immeuble lorsqu’il apprend que la loge de la concierge possède effectivement des heures d’ouvertures Renée ne répond qu’un « oui  » tandis qu’elle pense intérieurement, à la plus grande joie du lecteur : « Non, la loge des concierges est un sanctuaire protégé qui ne connaît ni le progrès social ni les lois salariales ».

L’arrivée dans l’immeuble de Kakuro Ozu, un riche Japonais, va vite bouleverser son petit monde lorsqu’il va découvrir la véritable personnalité de Renée : un hérisson solitaire, mais terriblement élégant.

Dans ce même immeuble vit Paloma, une petite fille surdouée, passionnée par la culture japonaise, mais faisant preuve d’un grand cynisme. Sous une apparence tout à fait normale se cache une grande profondeur de réflexion et de sensibilité à l’art du mouvement. Elle refuse de grandir pour échapper à la vacuité de l’existence humaine. Sa seule solution c’est le suicide, elle refuse de finir dans le « bocal à poisson », le bocal de la médiocrité. Cependant la rencontre avec Renée et Kakuro va être une vraie révélation et va lui permettre de changer véritablement sa vision du monde.

La mise en relation de ces deux personnages, solitaires et coupés de monde via le personnage de Kakuro va se révéler être, pour le lecteur, un véritable bonheur pour l’esprit.

La plume de Muriel Barbery alterne avec délice les deux discours des personnages, chacun ayant son style propre et déterminé. Elle nous présente un roman divertissant, humoristique, rempli de références culturelles et littéraires dans lequel les personnages sont à la fois caricaturaux et psychologiques. Une bonne occasion pour se changer les idées et pour regarder notre concierge d’un oeil nouveau.

L’Elégance du hérisson, prix des libraires 2007, éditions Gallimard


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