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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Snowpiercer : une allégorie politique sans illusion

Snowpiercer : une allégorie politique sans illusion

Snowpiercer, Le Transperceneige, du réalisateur sud-coréen Bong Joon Ho, a été unanimement salué comme l'une des grandes réussites de la SF au cinéma en 2013. Mais la noirceur de son message politique n'a peut-être pas été suffisamment relevée. Elle doit pourtant être regardée en face, pour tenter d'imaginer un avenir possible.

L'article révèle l'essentiel de l'intrigue et la fin de ce film sorti en France le 30 octobre 2013. Si vous envisagez d'aller le voir, mieux vaut ne pas (encore) lire ce qui suit.

Quand l'humanité prend le train : un microcosme étouffant

Résumons rapidement le propos : en 2014, des scientifiques pensent avoir découvert le moyen de maîtriser le réchauffement climatique, et pulvérisent dans l'atmosphère une substance chimique (qui n'est pas sans évoquer les chemtrails) dont les effets vont s'avérer catastrophiques, puisqu'elle va engendrer une nouvelle ère glaciaire. Toute vie sur Terre est anéantie, et seule une poignée d'hommes (quelques milliers) survit, dans une arche de Noé moderne : un train qui roule à toute allure dans les étendues glacées, et tourne continuellement autour du globe sans jamais pouvoir s'arrêter sous peine que ses passagers ne meurent de froid. L'action du film se déroule 17 ans plus tard, en 2031.

Une organisation sociale hiérarchique, très inégalitaire, s'est tout naturellement reformée, qui se matérialise dans l'occupation même du train : à l'arrière est parquée la plèbe, qui vit dans une misère noire et est tenue en respect par des hommes en armes, tandis que les wagons à l'avant (que les gueux n'ont jamais vu de leurs yeux) sont le lieu de vie et de réjouissances des classes aisées ; dans la locomotive, enfin, réside le mystérieux dictateur Wilford (Ed Harris), qui est aussi le concepteur du train. Ce dernier fait l'objet d'un véritable culte de la personnalité et la Machine elle-même (qui, dans son mouvement perpétuel, maintient la vie) est quasi divinisée. Des enfants sont parfois arrachés à leurs parents pauvres, pour être conduits à l'avant de la Machine, où l'on n'ose imaginer le sort qui leur est réservé...

Bientôt la révolte gronde, la plèbe maltraitée et entassée s'organise sous l'action de Curtis (Chris Evans), leader malgré lui, encouragé par Gilliam (John Hurt), sorte de vieux sage, figure tutélaire du groupe, qui cherche à faire du jeune homme son successeur. Mais pour remonter vers l'avant du train, il faut franchir des portes closes, que seul Namgoong Minsoo (Song Kang-Ho), le concepteur du système de sécurité, est capable d'ouvrir. Le type, véritable junkie, moisit dans une sorte de morgue, jusqu'à ce que les révoltés conduits par Curtis ne viennent le réveiller à l'aide de kronol, une drogue dont il est accro. Sa fille de 17 ans, Yona (Ko Asung), est tout aussi accro que lui, et semble posséder un étrange pouvoir médiumnique, lui permettant de pressentir ce qui se cache derrière chacune des portes. Le groupe va alors remonter, wagon par wagon, vers l'avant de l'immense train, au prix de combats d'une extrême violence et de pertes humaines considérables.

Après avoir livré une bataille sanglante contre de terrifiants guerriers au look de bourreaux, protecteurs de l'oligarchie en place, le groupe affaibli s'arrête. Seuls Curtis, Namgoong Minsoo, Yona, épaulés d'un vaillant combattant et de deux parents dont les enfants ont été enlevés, continuent l'avancée. Avec, en guise d'otage, Mason (Tilda Swinton), ridicule représentante de la classe privilégiée aux faux airs de Margaret Thatcher. Ils traversent alors des compartiments plus enchanteurs et luxueux les uns que les autres, où les happy few vivent dans une étonnante insouciance (comme anesthésiés par leur confort), mais découvrent aussi la propagande insensée qui s'exerce dans l'école du train...

De nouveaux drames surviennent. Curtis, Minsoo et Yona seront les seuls à aller au bout du périple. Ils se fraient un passage dans une discothèque bondée où l'alcool coule à flot, où la drogue est partout, passent à travers un dernier wagon jonché de junkies moribonds, et c'est l'étape ultime : les voilà devant la dernière porte où trône Wilford. Alors que Curtis est décidé à aller jusqu'au bout pour tuer l'horrible tyran, Minsoo a une autre envie : faire sauter une autre porte, sur la gauche, qui mène hors du train, à l'aide de kronols agglomérés qui pourraient faire office d'explosif. Minsoo a remarqué que la neige à l'extérieur commençait à fondre, et en a déduit que la vie était en train de redevenir possible.

Revolution : Just an illusion

Le face-à-face final entre Curtis et Wilford aura cependant bien lieu. Moment d'une terrible révélation : la révolte que Curtis a cru mener était en réalité voulue par Wilford lui-même, et manipulée par le "vieux sage" Gilliam, complice du tyran. Son but : réguler la surpopulation dans le train, retrouver un équilibre démographique permettant à l'humanité et à son organisation sociale de perdurer. Selon Wilford, les hommes livrés à eux-mêmes s'entretuent (comme dans l'état de nature de Hobbes) ; il convient donc de les tenir à leur place, de leur faire respecter la place "naturelle" qui leur a été attribuée. L'oligarchie seule peut ainsi rendre viable une société, et la révolution elle-même est intégrée au système, pilotée par le système, pour permettre le maintien des fragiles équilibres. Glaçante leçon de philosophie politique.

Wilford, fatigué de sa solitude, propose à Curtis de prendre sa place. En remontant tout le train, ce que personne avant lui n'avait réussi, il a démontré ses qualités pour devenir le nouveau chef dont le bétail humain a besoin. Le révolutionnaire (simple idiot utile en vérité) va-t-il accepter de se muer en tyran ? Car telle semble être l'intraitable nécessité, l'inévitable issue de toute tentative d'émancipation...

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Wilford (Ed Harris)

La Croix a beau voir dans ce film "une ode à la résistance", dénonçant "le cynisme du pouvoir absolu" et affichant "son refus d’accepter l’inacceptable au nom du réalisme", quel est le résultat de la résistance ici ? La perpétuation de l'oligarchie, des strictes hiérarchies et du pouvoir du chef. Snowpiercer dénonce certes le grotesque du pouvoir et de ses sbires, pantins désarticulés et fanatisés aptes à n'émettre que des slogans, mais il affirme aussi que toute résistance se révèle illusoire si elle prétend renverser l'ordre établi. Pessimisme noir. Vous pourrez bien décapiter le sommet de la pyramide et le remplacer ; mais la pyramide, elle, restera en place, immuablement. Si les critiques ont volontiers perçu dans ce film une dénonciation des Etats totalitaires ou fascistes, il délivre en vérité une vision assez désespérante sur le fonctionnement de tous les Etats, y compris lorsqu'ils se prétendent démocratiques et libéraux. Ecoutons à ce propos le réalisateur lui-même :

"L’idée du mensonge politique est au cœur du film. Quand un système arrive au bout du rouleau, qu’il est obsolète et qu’il opprime les gens, toutes sortes de fables sont imaginées pour maintenir artificiellement le pouvoir en place. Ici, c’est la notion magique du moteur à mouvement perpétuel et qui devient une religion, mais, en fait, les pièces détachées s’usent, et il n’est pas possible de les remplacer, alors on cache les déficiences du système et les solutions terribles qu’il réclame pour subsister. J’ai pensé à la structure d’Apocalypse Now, avec le personnage de Curtz-Brando au terme de la remontée du fleuve dont Wilford dans le train est un équivalent. Le spectateur ne peut pas aller plus vite que le héros Curtis dans son avancée et plus on progresse avec lui, plus ce sont les idées qui priment sur l’action."

Si Snowpiercer n'a évidemment pas la puissance unique d'Apocalypse Now, il a le mérite, sous les dehors d'un film d'action à l'esthétique très léchée, de faire passer un message politique fort et sans concession, dont le happy end supposé est pour le moins ambigu. Au point de faire trembler aux Etats-Unis ; le film y a en effet été amputé de vingt minutes. "Au pays de l’enthousiasme compétitif et du soft power, remarque Didier Péron, la simple représentation de la fureur que peut représenter l’antinomie riches-pauvres passe mal". La révolte populaire contre le Talon de fer met à nu l'illusion d'un ordre juste (qui n'est que propagande pour camoufler l'injuste et même souvent l'horreur), mais la révolte elle-même est illusion, car perpétuellement intégrée, digérée par le système, voire orchestrée par ce dernier. L'illusion est double, et semble nous enfermer dans un cercle de l'absurde.

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Derrière le décor, la lutte des classes

Une faible lueur dans les ténèbres

Dans Snowpiercer, le train qui va à toute vitesse sans arrêt possible représente notre monde cupide qui ne sait où il va, mais doit continuer toujours plus vite à pédaler (comme un hamster fou dans sa roue) pour ne pas tomber. Le culte de la Sainte Machine renvoie au culte de la Croissance infinie, au nom de laquelle tout est permis. La drogue omniprésente chez les classes aisées (bien plus que chez les gueux) leur permet d'oublier qu'elles vont dans le mur, et les junkies cadavériques, à l'avant-dernier étage de la fusée, symbolisent la logique mortifère de l'ensemble, de cette société qui suit sa logique propre, autiste, sans prendre le moindre recul et apercevoir le malheur qui la guette. Wilford, seul dans sa loco où règne un calme effrayant, avec pour unique compagnie une sorte de geisha psychopathe, est le visage de ces élites qui, à force de s'isoler du peuple, en deviennent dangereuses.

La seule porte de sortie donne bel et bien, comme l'avait vu Minsoo, sur l'extérieur du train et il faut la faire sauter ! Ce que notre artificier défoncé ne manquera pas de faire. Mais, de même que l'action de l'homme pour enrayer le dérèglement climatique avait eu (au début du film) un effet catastrophique, son action (à la fin) pour sortir du train fou se révèlera tout aussi destructrice ; l'explosion libératrice est en effet cause d'une énorme avalanche, sur les pentes montagneuses entre lesquelles sillonne l'interminable ténia de fer, qui déraille. L'humanité semble alors définitivement perdue, prisonnière de la ferraille et des glaces éternelles.

Yona et un jeune enfant (rescapé de la locomotive, où il entretenait les rouages usés de la Machine) sont pourtant miraculeusement sains et saufs, et s'extraient de la carcasse argentée. La neige est plus tendre qu'auparavant, et au loin on aperçoit même la vie, sous la forme splendide d'un ours blanc. Lueur d'espoir ? Si l'on oublie tout réalisme, oui ; sinon, le plus probable est que la grosse bête, redoutable prédateur, fera de nos survivants sans défense son petit-déjeuner. Et c'en sera fini de l'humanité. L'espoir est donc bien mince, et Bong Joon Ho nous laisse entrevoir que la solution, en cette fin de cycle, ne sera probablement pas politique, dans le sens vermoulu du terme. La jeunesse des deux survivants nous incite assurément à renouveler nos cadres de réflexion.


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14 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 20 janvier 2014 11:20

    la fin est nulle. du style adam et ève


    • Bernard Pinon Bernard Pinon 20 janvier 2014 11:38

      Cela aurait pu être un très grand film.

      Malheureusement son style « manga » très appuyé et la niaiserie des dialogues niveau CM2 le plombent complètement. Dommage...

      • Hermes Hermes 20 janvier 2014 15:30

        Bonjour,

         je ne chercherai pas à le voir, car apparemment beaicoup trop de violence. Si la morale est : se battre contre le système fait partie du système, c’est quelque chose de connu de la dialectique de la victime et du bourreau, et des cycles historiques.

        Si sortir du train est la solution, et que l’on transpose à la necessité de sortir du monde de ses propres perceptions, pour se libérer (au sens psychologique) celà ne peut se faire qu’en renouant avec la racine du monde intérieur qui est dans notre enfance... et peut être même plus loin. 

        L’allégorie est bonne, et un message positif assurément (comme l’allégorie de l’apocalypse) mais le spectateur saturé de violence et d’effets spéciaux verra t-il la correspondance avec son propre vécu intérieur ?

        D’ailleurs combien peuvent voir le message de l’apocalypse comme un message positif ? Oui bon je sais, il y en a sur Avox qui ont ce toupet smiley mais bon ça vaut pas !

        Bonne journée.


        • trevize trevize 20 janvier 2014 20:24

          Bonjour, merci beaucoup pour ce résumé, qui m’évitera de perdre du temps à regarder ce film. Même si je ne l’ai pas vu, l’extrême platitude du scénario me permet tout de même d’en discuter ici (du moins c’est mon opinion)
          Finalement, comme dans tous les films du même genre, on peut y trouver ce qu’on veut. Ce que je vois là dedans, c’est : l’humanité en perdition cherche un moyen de s’en sortir, elle se construit une logique qui tient, au moins à un moment donné, elle fait un choix d’organisation, qu’elle tente d’imposer fermement pour la rendre plus efficace. Mais quelque soit le moyen de subsistance choisi, il finit par atteindre ses limites, par se retrouver bloqué, et c’est là que se situe la partie intéressante de cette histoire : quand le système atteint ses limites, tout s’inverse, la solution, la porte de sortie vers un monde meilleur, provient des bas fonds de la société, seuls ceux qui ont quelque chose de différent à proposer peuvent apporter la solution, les autres, les moutons qui ne connaissent que la doctrine officielle ne sont bon qu’à une chose : foncer dans le mur (ou dans le cas de ce film, tourner en rond)
          Wilford le sait très bien, puisqu’il a lui même atteint sa place dans les mêmes conditions. Une fois arrivé en haut, il n’a plus qu’à attendre que le meilleur candidat pour reprendre la suite se présente, et pour être sûr de trouver le meilleur, il impose une dictature violente. Une fois que son successeur est arrivé, ce n’est plus à Wilford de décider de la marche à suivre... Il n’est plus qu’un vestige de l’ancien monde sans aucune légitimité dans le nouveau.

          Voilà voilà... tout ça me fait furieusement penser à ce qu’on vit là dehors, dans le monde réel.
          Le capitalisme et la société de consommation atteignent leurs limites, et il est temps qu’un nouveau système se mette en place. Et tout là haut, dans la locomotive du monde, les gros banquiers pleins de fric le savent très bien, ils attendent juste que Curtis et sa clique débarque. Et je ne crois pas me tromper en affirmant que c’est pour bientôt...


          • Corinne Colas Corinne Colas 20 janvier 2014 20:32

            Quand on veut vendre un système, il faut nous convaincre de son bien-fondé. L’adage « l’homme est un loup pour l’homme » très à l’honneur chez les psychopathes est censé justifier les décisions de ces mêmes malades... Tout ce qu’ils font, c’est évidement pour notre bien.

             smiley

            Le pire, c’est que nous les croyons, braves idiots de base qui ne feraient pas de mal à une mouche...Difficile d’imaginer une manipulation ! Pourtant s’ils réussissent, c’est justement parce qu’ils font appel à nos « vertus ». Eux qui n’en possèdent aucune, vantent le courage, le patriotisme etc. Et quand il le faut, ils n’hésitent pas à nous contaminer en diffusant leurs fausses valeurs« à travers les médias, la télévision étant l’outil par excellence pour nous transformer. Ainsi, ils peuvent dire : »voyez je ne suis pas un salopard puisque vous êtes (devenu) comme moi«  ! Aujourd’hui, les techniques sont tellement améliorées que le virus se répand à grande vitesse (comme un train ?). Pour la protection du système, il est nécessaire de modifier le plus grand nombre. 

            Dans ce film, la parabole sur le système est la seule innovation (mais bon, il serait temps de se réveiller un peu, nous savons que Mr Hollande par ex, n’a pas été mis à son poste par la plèbe). 

            Nonobstant l’invention du train, il y a toujours participation à la propagande en vigueur avec comme message : la désespérance. On veut nous convaincre de la nécessité du système inégalitaire en vigueur au motif qu’intrinsèquement (encore une fois) : l’homme est mauvais par nature. Cette incantation »religiopolitique« a permis aux dingos de maintenir les normaux sous leur joug depuis la nuit des temps. Ceux s’échappant du train ici, n’étant que la fameuse exception qui confirme la règle... Et puis il faut bien maintenir un peu d’espoir dans la populace, en même temps, cela permet de s’occuper des têtes qui dépassent ! Ceux qui sont des rebelles sont soit récupérés par le système, soit à l’écart occupés à s’inventer une nouvelle vie. (Ils cultivent des choux sans pesticides et montent des maisons en paille) smiley

            Voilà, cet article est si bien fait qu’on peut analyser un film sans l’avoir vu... 
            Quelle époque ! »La septième compagnie" était bien plus subversive en comparaison...

            Hein qu’il nage bien le chef ?

            • Corinne Colas Corinne Colas 20 janvier 2014 20:34

              Quand on veut vendre un système, il faut nous convaincre de son bien-fondé. L’adage « l’homme est un loup pour l’homme » très à l’honneur chez les psychopathes est censé justifier les décisions de ces mêmes malades... Tout ce qu’ils font, c’est évidement pour notre bien.

               smiley

              Le pire, c’est que nous les croyons, braves idiots de base qui ne feraient pas de mal à une mouche...Difficile d’imaginer une manipulation ! Pourtant s’ils réussissent, c’est justement parce qu’ils font appel à nos « vertus ». Eux qui n’en possèdent aucune, vantent le courage, le patriotisme etc. Et quand il le faut, ils n’hésitent pas à nous contaminer en diffusant leurs fausses valeurs« à travers les médias, la télévision étant l’outil par excellence pour nous transformer. Ainsi, ils peuvent dire : »voyez je ne suis pas un salopard puisque vous êtes (devenu) comme moi«  ! Aujourd’hui, les techniques sont tellement améliorées que le virus se répand à grande vitesse (comme un train ?). Pour la protection du système, il est nécessaire de modifier le plus grand nombre. 

              Dans ce film, la parabole sur le système est la seule innovation (mais bon, il serait temps de se réveiller un peu, nous savons que Mr Hollande par ex, n’a pas été mis à son poste par la plèbe). 

              Nonobstant l’invention du train, il y a toujours participation à la propagande avec comme message : la désespérance. On veut nous convaincre de la nécessité du système inégalitaire en vigueur au motif qu’intrinsèquement (encore une fois) : l’homme est mauvais par nature. Cette incantation »religiopolitique« a permis aux dingos de maintenir les normaux sous leur joug depuis la nuit des temps. Ceux s’échappant du train ici, n’étant que la fameuse exception qui confirme la règle... Et puis il faut bien maintenir un peu d’espoir dans la populace, en même temps, cela permet de s’occuper des têtes qui dépassent ! Ceux qui sont des rebelles sont soit récupérés par le système, soit à l’écart occupés à s’inventer une nouvelle vie. (Ils cultivent des choux sans pesticides et montent des maisons en paille) smiley

              Voilà, cet article est si bien fait qu’on peut analyser un film sans l’avoir vu... 
              Quelle époque ! »La septième compagnie" était bien plus subversive en comparaison...

              Hein qu’il nage bien le chef ?

              • Corinne Colas Corinne Colas 20 janvier 2014 20:37

                Milles excuses pour la répétition encombrante de mon commentaire. Y’a bug ! 


                • ralph 20 janvier 2014 22:51

                  J’ai bien apprecié la fin de votre article : la solution ne sera pas « politique ».
                  C’est à dire, pour moi, au lieu de continuer à tourner en rond dans un train qui ne mène nullepart, sortir du train c’est sortir des schémas sociaux dans lesquels on vit.
                  Je suis moi-même quand j’utilise mon simple bon sens pour me diriger dans la vie,
                  au lieu de me laisser façonner par la propagande des medias..., du système.
                  Et, en plus, ce sont des jeunes qui prennent la decision de sortir du train : j’ai
                  aussi beaucoup de confiance dans les nouvelles générations : ils trouveront la
                  solutions et elle ne sera pas politique, c’est à dire, elle ne sera pas donnée par le système qui est en train de mourir dans ce train.
                  La Vie elle avance, ceux qui restent dans le train, vont mourir bien au chaud, mais
                  ceux qui veulent trouver leur chemin, leur vie, la trouveront.
                  Tous les grands tyrans ont fini par disparaître, de Néron, Caligula, Alexandre,
                  Attila, Hitler, Stalin...etc etc etc
                  Et les tyrans d’aujourd’hui vont disparaître aussi (dans un caveau doré, bien sûr...).
                  pendant que les nouvelles générations apporteront un nouveau souffle sur Terre.
                  C’est ce que j’ai compris de votre histoire du film et je pense que ça merite
                  d’aller le voir.


                  • NICOPOL NICOPOL 21 janvier 2014 04:45

                    Bonsoir,

                    Merci pour votre article sur cet excellent film, pour moi le meilleur que j’ai vu en 2013 (et dans mes tous meilleurs films all time !).

                    Ce film est avant tout une fable écologique très forte : l’humanité consume ses forces dans une « lutte des classes » sans issue, alors que nous courrons à notre (auto)destruction par destruction de notre environnement naturel. Notre survie en tant qu’espèce nécessite comme jamais auparavant dans l’histoire une solidarité entre hommes, entre civilisations. Cela peut sembler naïf, mais c’est en fait d’une urgence sans égale, et toute la force du film est de faire passer cette idée, sans didactisme ni moralisme, par la seule force de la situation et de la mise en scène.

                    A ce titre, il est amusant de voir que le film commence comme un hymne à la gloire du héros américain type, viril, sérieux et marqué par une enfance compliquée (joué par « Captain America » himself, ce qui n’est pas anodin), avant de voir l’irruption de personnages asiatiques au burlesque trash très coréen qui viennent mettre une dose de politiquement incorrect, de chaos réjouissant mais aussi d’ambivalence morale. Une façon très subversive de proclamer que l’Amérique n’est plus le salut du Monde, qu’elle en est même sans doute un facteur de perte (le Machiniste, joué par un autre acteur typiquement américain, Ed Harris), et que, dans ce défi environnemental sans précédent, nous besoin aussi de la culture, de la sensibilité des autres civilisations.

                    J’ai très souvent pensé, pendant le film, à cette BD géniale de Griffo et Van Hamme, SOS Bonheur, dans laquelle on retrouve la même idée, très pessimiste, que la révolution n’est qu’une stratégie de l’élite des dominants pour assurer un renouvellement permanent des cadres qui font fonctionner le « système » qu’ils contrôlent de façon occulte, tout en évacuant la violence latente des classes opprimées en leur donnant de l’espoir.

                    La différence, c’est que, malgré tout, la fin du film n’est pas aussi nihiliste que dans SOS Bonheur. Il y a un extérieur à la société, au « système », un espace de liberté qui s’ouvre. Cet extérieur est périlleux, inhospitalier, certes, et l’homme y est aussi en danger de mort ; mais il ramène l’humanité à une forme de pureté originelle, à ce qu’elle a su faire de mieux depuis l’origine des temps : survivre dans une certaine innocence.


                    • trevize trevize 21 janvier 2014 13:55

                      "la révolution n’est qu’une stratégie de l’élite des dominants pour assurer un renouvellement permanent des cadres qui font fonctionner le « système » qu’ils contrôlent de façon occulte, tout en évacuant la violence latente des classes opprimées en leur donnant de l’espoir."

                      Pas tout à fait d’accord ; Remettons les choses à leur place : dès qu’on tente de figer un système dans une certaine forme, la révolution est naturelle et inéluctable.
                      Si je construis un barrage sur une rivière entre 2 montagnes, même si il est suffisamment solide pour résister à la masse d’eau qu’il retient, si je ne lâche pas un peu d’eau de temps en temps, le niveau monte jusqu’au moment où l’eau déborde.
                      Ce ne sont pas les élites qui créent la révolution, c’est le petit peuple ; par contre les élites modernes, elles, savent que la révolte finira toujours par arriver tôt ou tard (ce que ne savaient pas les anciennes élites, par exemples les monarchies, qui croyaient réellement en l’origine divine de leur pouvoir). Savoir que cette révolte viendra un jour ou l’autre leur permet de l’anticiper, et donc de lâcher un peu de lest avant que la situation devienne incontrôlable, voire de forger de toutes pièces une pseudo-révolution (cf mai 68)


                    • NICOPOL NICOPOL 22 janvier 2014 17:08

                      Disant ceci, je ne faisais que pointer une similitude entre le film et la BD, je ne disais pas que je souscrivais à ce point de vue...

                      Assez d’accord avec ce que vous dites, ceci dit.


                    • Smokit 21 janvier 2014 12:17

                      Pour info le film s’inspire d’une BD française (cocorico) le transperceneige dont je recommande la lecture !


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 26 janvier 2014 17:34

                        Votre hypothèse est très intéressante mais semble ne pas avoir été bien perçue si j’en juge par les commentaires qui s’intéressent surtout au film.

                        Même Nicopol et Trevize semblent avoir manqué la « hiérarchie enchevêtrée », cad, la circularité causale (nécessaire à tout système, mais c’est une autre histoire).

                        Ils continuent de penser que c’est le petit peuple qui « crée » la révolution alors que l’histoire montre bien que ce n’est jamais le cas (disons au moins pour les trois révolutions majeures de l’Histoire (USA, France, Russie), pour ce que j’en sais, elles ont toutes été téléguidées et instrumentalisées par l’élite).

                        Ce que vous présentez comme possible allégorie nous invite à penser que l’opposition des contraires participe de l’illusion dans la mesure où, le système est totalitaire au point d’inclure la révolution (et incidemment la guerre) dans son mode de fonctionnement.

                        Abstrait comme il est, ce schéma est « propre sur lui » comme disait Coluche je crois, mais dès qu’on tente de de lui donner chair, on risque de tomber dans l’abomination, le tabou absolu car au sein de l’élite, la « finance internationale » joue un rôle clé.

                        Nombreux sont ceux qui pensent que nous sommes dans ce système, avec une telle élite qui, depuis toujours, joue à opposer un camp contre l’autre afin qu’ils se détruisent mutuellement et que les survivants tirent les marrons du feu. Suivez mon regard...

                        https://www.youtube.com/watch?v=RVrMIZweKr8

                        La question ultime que vous abordez est, bien sûr de savoir comment tout cela va finir ?
                        Peut-on garder espoir ?

                        Comme le film (que je n’ai pas vu mais visionnerai à l’occasion), je suis porté à penser qu’il n’y en a aucun.
                        Je crois que l’allégorie que vous pointez est pertinente cad, qu’aussi révolutionnaires et spontanés que puissent paraître les bouleversements qu’aura à connaître ce monde, ils amèneront au pouvoir celui dont il était prévu qu’il prenne le pouvoir.

                        Nous sommes enfermés dans un attracteur comme les héros du film sont enfermés dans un train. L’issue est fatale.

                        Comme pour les dindes à Noël, ou comme pour l’homme qui vient de sauter du haut de l’immeuble.

                        Même si pour le moment tout va bien...


                        • oj 27 janvier 2014 03:21

                          La révolution n’est qu’un moyen de renverser un systeme pour le remplacer par un autre, meilleur pour la majorité.
                          La question est : est-ce que le contexte global permettrait une amélioration ?

                          J’ai tendance à penser que oui car avec l’augmentation de la démographie et le développement des besoins nous aurons l’obligation de trouver la meilleur solution pour la majorité de la population.

                          Nous devons obligatoirement amener de 7 a 12 milliards d’habitants a apprendre à vivre , communiquer et travailler ensemble pour franchir cette phase délicate de notre évolution :
                          regrouper l’humanité - etablir un contexte vivable - commencer à investir l’espace et les planetes.

                          C’est possible et necessaire mais tous devront faire des efforts, dans le cas contraire il sera difficile à une elite de maintenir en esclavage quelques milliards de travailleurs qui possederont les savoirs tellement, maintenant, il en faut et tellement ils sont répartis entre des millions de personnes à travers le monde.

                          A la différence des temps anciens, maintenant , l’intelligence et le savoir sont de plus en plus accessibles à tous sur la planete.

                          Au bout du compte, nous devrions arriver a une forme de société plus autoritaire du fait des contraintes grandissantes, mais de la majorité des individus sur la minorité qui ne voudra pas jouer le jeu en mettant en peril l’ensemble..

                          L’individu devra se mettre au pas du groupe , la richesse personnelle disparaitra du fait de sa totale inutilité car tous les efforts devront etre dirigés vers l’essentiel.

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Taïké Eilée

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