Tabarly de Pierre Marcel
Les silences de la mer.
Avec ce film-hommage, qui sort dix ans après sa disparition, nous découvrons un Tabarly d’une incroyable présence physique, rédacteur de sa propre histoire, dont la voix, surgie soudain d’outre-tombe, nous conte son aventure, grâce à des archives radiophoniques et audiovisuelles, françaises et étrangères, inédites pour la plupart. Le résultat est prodigieux, d’une grande poésie et, ce, jusqu’à la bande-son épurée qui, le plus souvent, ne laisse filtrer que le bruissement de l’eau, l’écho de la brise, le vacarme des vagues lors des tempêtes. Aussi faut-il accepter d’avoir parfois le mal de mer, de tanguer allègrement pour suivre de port en port cet albatros qui n’était heureux qu’en mer et vola de victoire en victoire, redonnant à la course au large française ses lettres de noblesse.
Homme magnifique que celui-là, dont il fallait écouter les silences, les seuls capables de transmettre cette intimité avec la beauté des océans, le vol des oiseaux, le souffle des vents et l’expérience que l’on acquiert à fixer l’horizon, à sans cesse se dépasser pour ne point être dépassé par les éléments. C’est pourquoi l’on suit avec plaisir les péripéties de ce héros discret qui a navigué sur toutes les mers du globe, nourri nos rêves d’images tempétueuses, de vagues furibondes, d’ailleurs toujours reculés, de voiles gonflées par les vents marins, se forgeant un destin hors norme, à sa ressemblance.
Pierre Marcel nous livre ainsi une œuvre grandiose dont la force réside dans les commentaires d’Eric Tabarly lui-même qui, avec des mots simples et un humour pudique, nous dévoile par bribes une histoire, la sienne, véritable épopée tracée par un homme authentique. Au final, un portrait saisissant d’une personnalité qui a marqué son temps, contribué à l’évolution de la technique des bateaux de compétition et redonné à la jeunesse, par son exemple, l’envie de se mesurer aux éléments.
Car Eric Tabarly fut autant un nouveau Surcouf battant les Anglais qu’un nouveau Jules Verne dessinant l’avenir. Pionnier des futures pratiques de la voile - le sponsoring, les multicoques, les ultra-légers, les records - il a communiqué aux Français l’amour de la course au large et de la navigation au meilleur sens du terme. Tous les grands noms de la voile d’aujourd’hui ont appris de ce concepteur ingénieux, fou de bateaux, maître patient et éclairé qui les a formés avec exigence : les Kersauzon, Lamazou, Poupon, Parlier, Desjoyaux. Ainsi Tabarly est-il devenu pour des générations un guide et une référence. Marin hors pair, il a écrit d’une voile sûre une nouvelle page des légendes de la mer et laissé une image faite de courage et d’humilité, dont la France peut être fière.
"On souhaite s’approcher de ceux que l’on admire pour les écouter, les connaître. Mais ces hommes-là ne racontent pas leur histoire, ils la vivent. Rencontrer Eric est déconcertant. Une présence imposante. Tabarly : la symbiose parfaite entre un homme, un bateau et la mer". (Jacques Perrin)
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