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The Slap : et Dieu créa la claque

 The Slap, série australienne en huit épisodes tirée du roman du même nom de Christos Tsiolkas, est une vraie surprise (et réussite) télévisuelle. Mais plus que cela, à partir d'un simple évenément qui pourrait sembler presque anecdotique, elle pose des questions fondamentales sur l'éducation, la place des parents, et de la violence dans notre société contemporaine.

   The Slap, série australienne ("Ah bon, ils font des séries en Australie ?"), en huit épisodes ("C'est tout ?") et tirée d'un roman de Christos Tsiolkas ("Qui ?"), tourne comme son nom l'indique autour d'une claque. Faire huit épisodes sur une simple claque, cela peut sembler un peu ambitieux, et peu captivant pour nos cerveaux plus habitués à déjouer des complots terroristes en seulement 24 heures, ou à suivre le quotidien peu ordinaire de ménagères américaines dans la banlieue imaginaire de Wisteria Lane. Et pourtant, The Slap est une des séries les plus ambitieuses et les plus passionantes de ces dernières années. Une des rares séries mettant à ce point l'humain au centre de son univers, et qui fait bien plus que nous divertir : mieux, elle nous fait réflechir.

 Au début, il y a Hector. Hector est australien, et pourtant il parle grec. Comme de nombreuses familles aujourd'hui implantées au pays des kangourous, les parents d'Hector sont venus de Grèce jusqu'en Australie pour construire leur famille. Avec succès.

    Hector est marié à Aisha. Et pourtant il pense à Connie, la babysitter, de 20 ans sa cadette. Hector traverse donc sa crise de la quarantaine. Ca tombe bien, il a quarante ans, et tous ses amis, sa famille, sont réunis pour fêter avec lui son anniversaire autour d'un barbecue. Mais Hector semble ailleurs. Entouré, il est étrangement seul. Et son regard revient invariablement vers Connie.

     Pêle-mêle, il est également question d'un voyage familial en Grèce. De souvenirs de l'université. De jazz. D'un gamin insupportable, aux parents bien trop conciliants. Et donc d'une claque, qui va transformer un barbecue entre amis en drame.

 La tension qui règne dans le pilot de la série est absolument magnifique. On sent que l'irréparable va être commis, que cette claque tant attendue va survenir. Mais on ne sait ni qui, ni quand, ni pourquoi celle-ci va être assénée.

    Bien sûr, en regardant The Slap, on pense aux nombreux films, ou oeuvres en tout genre traitant de cette crise de la classe moyenne (American Beauty de Sam Mendes en tête de liste). Et pourtant, cette série trouve un nouvel angle pour étudier ses personnages. Chaque épisode est consacré à l'un d'entre eux, sa vie, et les évènements qui rhythment celle-ci. Et évidemment, le point de vue sur la fameuse claque, et les conséquences qu'ont celle-ci sur son quotidien.

    Ce procédé de changement de point de vue n'est certes pas nouveau : il avait déjà été employé avec brio dans les deux premières saisons de la série britannique Skins par exemple (et avec moins de brio dans les saisons qui ont suivi). Mais dans The Slap, le changement de personnage principal se traduit par un changement de toute la réalisation. Une atmosphère différente plane sur chacun des épisodes, avec sans trop savoir pourquoi, une tension réelle qui ne nous lâche pas tout au long de la saison. Des personnages souvent au bord du gouffre, prêts à craquer, tous bien plus complexes que le pilot ne pouvait laisser penser. Et une réelle profondeur. Avec sans cesse des questionnements qui reviennent : Comment être un bon parent ? Où s'arrête la punition et où commence la violence ?

    Dans The Slap, on croise des pères qui refusent de passer à l'âge adulte et d'assumer leur rôle, des mères parfois castratrices, se voulant indépendantes, des enfants-rois. L'éducation n'est pas le seul thème, la violence, le racisme, le vieillissement, et la mort sont également des thèmes centraux. Servi par une réalisation réussie et un casting parfait (en particulier Alex Dimitriades, Harry, extraordianire, et Jonathan LaPaglia, Hector), The Slap nous assène à nous spectacteur, une bonne claque à chaque épisode, et restera indéniablement comme l'une des meilleures oeuvres télévisuelles cette année.


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Auteur de l'article

Thomas Cattiaux


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