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Théâtre : Le Roi Lear, à l’Odéon, c’est Michel Piccoli

D’Alain Sachs à André Engel, de Jean-Marie Bigard à Michel Piccoli, d’une salle de sport à un hangar désaffecté, du Théâtre de Paris à l’Odéon Berthier, de Molière à Shakespeare, de la comédie au drame, du Bourgeois Gentilhomme au Roi Lear, il y a plus que de la concomitance fortuite, plus que de la transposition, il y a le pouvoir de la réussite contemporaine, celle de l’argent-maître qui peut tout régler, y compris les successions familiales, du moins le croient-ils tous en choeur ou feignent-ils de le croire respectivement, pris à leur propre piège de vanité qui les réduira de force à l’humilité suprême.

Ici autour et alentour de "Lear Entreprise & co", la guerre des gangs fait rage comme dans la Chicago d’Al Capone ; citizen Piccoli y traverse le siècle comme celui d’une dévastation prise dans la tourmente au pire de l’angoisse du tonnerre, au mieux de la splendeur des tempêtes de neige.

Ses trois filles, Régane (Lisa Martino), Goneril (Anne Sée), Cordélia (Julie-Marie Parmentier) auraient passé le test d’affectivité comme une épreuve de vérité qui se serait retournée contre elle-même en une destinée tragique adossée à l’aveuglement paternel cherchant à pérenniser le règne personnel au travers de la filiation.

Guetté irrémédiablement par la folie, la sienne intégrant celle de l’humanité tout entière, c’est dans le dénuement extrême que s’égrèneront les stations du chemin de croix royal où se joueront les règlements de compte à l’égard d’un héritage impossible à assumer par la descendance.

Prenant à contre-pied l’imaginaire monstrueux dans les filets d’un anachronisme moderne, André Engel renvoie aux spectateurs l’image inversée, à l’instar de l’enseigne lumineuse trônant dans la transparence de la verrière frontale d’un entrepôt plus vrai que nature signé Nicky Rieti, d’une époque barbare habituellement aseptisée par la distance temporelle.

De plein fouet donc, avec un hyperréalisme hic et nunc, les enjeux paternels seront broyés par la déliquescence des sentiments que les tabous institutionnels ne sauront même plus scandaliser.

Ce King Lear fera nécessairement date, car son influence sur les consciences n’en finira pas de toquer contre les parois insensibles de l’indifférence contemporaine caractérisée par l’ambivalence de ses pulsions.

Et puis, entourer les 80 ans de Michel Piccoli par la présence prestigieuse de Gérard Desarthe, Jean-Paul Farré, Jean-Claude Jay et Jérôme Kircher, c’est assurer tous les autres de participer à une oeuvre célébrant le jeu des comédiens dans un magistral voyage festif.

Photo libre de droits Marc Vanappelghem - service de presse Odéon

LE ROI LEAR - *** Theothea.com - de William Shakespeare - mise en scène : André Engel - avec Michel Piccoli, Gérard Desarthe, Jean-Paul Farré, Jean-Claude Jay, Jérôme Kircher, Julie-Marie Parmentier... - Odéon Berthier -


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