« Une Journée ordinaire » en brillante filiation Delon - Anouchka
Invitée discrète à J-10 de la dernière aux Bouffes Parisiens, Patricia Kaas, au centre des fauteuils d’orchestre, assiste en témoin privilégié, ce soir-là, à la représentation spéculaire des Delon, père et fille, alors qu’à moins de vingt jours de la cérémonie des Molières, la messe est dite :
Point de récompense en perspective pour cette « Journée ordinaire » puisque aucune nomination ne lui aura été attribuée, même pas à l’intention d’Anouchka Delon en catégorie « jeune talent féminin ».
Disons-le sans ambage : Le jury du premier tour des Molières 2011 a été, en l’occurrence, fort mal inspiré.
Alors, une fois n’est pas coutume, nous décernons volontiers, au bénéfice de cette pièce impulsée par Alain Delon lui-même, nos propres nominations à l’auteur Eric Assous, au metteur en scène Jean-Luc Moreau ainsi donc qu’à Anouchka qui s’affiche sur les planches comme une révélation théâtrale d’évidence.
Par égard pudique, nous tairons le talent de son géniteur à composer le personnage dont il ne serait pas le héros malgré lui, mais force est de reconnaître que la mélancolie paternelle lui va tellement bien que l’illustre acteur a le don de transformer l’essai en un émouvant happening de théâtre-réalité.
Face au monstre sacré qui, ainsi, n’en mène vraiment pas large, Julie sa fille de 20 ans lui tient tête affective en perspective d’une prise d’autonomie revendiquée sous la pression des murs familiaux réduits à la seule présence de Julien, ce père veuf, tout à fait désespéré à l’idée de perdre définitivement ce qui le rattachait à son passé d’amoureux de la vie.
Rompant le huis clos du dialogue intimiste, un jeune prétendant (Christophe de Choisy) et une maîtresse éconduite (Elisa Servier) vont renvoyer le père et la fille aux fantasmes du cordon ombilical qu’il va falloir coûte que coûte neutraliser sous diplomatie et tendresse réciproque.
C’est donc, avec les larmes au bord des yeux, qu’Alain Delon se livre, amour et angoisse liés, à l’acceptation d’une destinée générationnelle rythmée par la chronologie inexorable.
Autour de son panache en berne, sous forme heureuse de trompe-l’oeil, ses trois partenaires se relaient pour favoriser l’éclosion de cette prise de conscience qui, n’en doutons-pas, devrait être salutaire pour tous.
Mais là, serait une autre histoire que l’ovation du public plébiscitera dans l’imaginaire, tout en célébrant la vertu assumée et poignante du mythe se jouant de la désincarnation, le temps de la représentation théâtrale.
visuel affiche
photo de répétition DR.
UNE JOURNEE ORDINAIRE - **** Theothea.com - de Eric Assous - mise en scène : Jean-Luc Moreau - avec Alain Delon, Anouchka Delon, Elisa Servier & Christophe de Choisy - Théâtre des Bouffes Parisiens
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