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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > De la pertinence de la cohérence

De la pertinence de la cohérence

Question de société

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Et réciproquement ...

Si vous suivez mes aventures pédagogiques, vous le savez sans doute : j'ai eu à juger de quelques copies incluant une rédaction dans le cadre d'un examen sans importance autour d'un sujet certainement tiré par les cheveux, œuvre d'un probable « calvitieux ». Puisque la mode est à l'élaboration de critères précis d'évaluation, nous disposions d'une grille de notation qui n'eut de cesse de m'interroger sur la santé mentale de ceux qui l'ont conçue.

La rédaction au sujet scabreux (cf billet précédent) qui était notée sur dix devait être jugée pour deux fois deux points sur deux critères : La cohérence puis la pertinence de l'écrit du candidat. Voilà bien des notions fondamentales dès qu'il s'agit de penser et leur apparition en fin de cursus obligatoire pourrait constituer une bonne surprise dans un système scolaire qui évite scrupuleusement de réclamer aux élèves des capacités de réflexion. Un bon exécutant doit restituer sans se permettre de faire preuve d' initiative et de pensées personnelles.

Comment juger de l'un puis de l'autre en établissant une distinction ? Déjà que l'existence de ces critères me renvoie à mes pratiques professionnelles et pourrait mettre à mal les certitudes affichées par notre belle corporation. Qu'est-ce qui est pertinent dans nos actions collectives ou individuelles ? Existe-t-il une cohérence pédagogique dans toutes nos pratiques plus ou moins diffuses et si peu didactiques ?

Je m'égare et telle n'est pas ici la question que l'on me demande de trancher. Je suis moi aussi un brave ouvrier scolaire qui doit se dispenser de juger la cohérence d'un système en passe de sombrer dans le ridicule. Je n'ai qu'à établir une note pour ces deux propositions si complexes à travers des écrits d'élèves eux-mêmes si peu à même de faire distinction subtile entre ces deux éléments.

Sommes-nous d'ailleurs nous-mêmes au clair avec des définition qui sont bien ténues, pour ne pas dire obscures ? Si la cohérence vise à établir une logique interne dans le propos, la pertinence décrète à brûle- pourpoint le bien fondé du raisonnement élaboré par le candidat. Ce second jugement relève ainsi de la plus parfaite subjectivité et se permet même d'entrer de plain-pied dans le champ de l'opinion. L'examinateur peut se trouver confronté à un conflit entre son opinion et celle de l'élève. Un souci qui échappe sans doute à l'initiateur de cette grille parfaitement incongrue.

D'autant plus que la question posée est si peu en adéquation avec le sujet traité (si on peut parler ici de traitement de l'information tant le contenu était médiocre et sans intérêt) qu'il est permis de douter de la cohérence et de la pertinence de la demande. Évoquer le macaron, son histoire, sa renommée du moment et sa recette pour faire plancher des adolescents de quinze et seize ans sur les phénomènes de mode est digne du grand guignol.

Le macaron comme paradigme des phénomènes de masse et d'adhésion collective à des pratiques et des comportements, est un raccourci d'une totale incohérence et nous a contraints de lire des copies parfaitement indigestes. Les élèves pour chercher à être conforme à l'esprit de cette épreuve alambiquée ont souvent évoqué la nourriture comme manifestation de la mode. Je cherche encore la pertinence d'un tel propos.

Se posent alors les intentions cachées de celui ou de celle qui a osé établir une quelconque relation entre ce charmant petit amuse- bouche et un sujet qu'il ne fallait même pas traiter à l'oral. Le macaron relève de l'épiphénomène quand la mode est un véritable tremblement de terre qui met souvent en difficulté bien des familles. Les premières cibles étant justement ces jeunes à qui l'on demande de juger de pratiques les concernant et pour lesquelles ils sont victimes d'un incroyable conditionnement.

Notre joyeux philosophe du quotidien voulait-il, l'espace de cette petite heure de rédaction, instiller le doute ou bien un peu de conscience dans l'esprit de ces jeunes si attachés au paraître et à la conformité ? Je ne sais. Toujours est-il, qu'à lire les perles qu'il nous fut donné de juger, notre constat est clair : il a totalement échoué dans une démarche si peu pertinente, qu'elle s'avoua,au final, parfaitement incohérente. Mais, silence dans les rangs ! Nous n'avons qu'à ventiler quelques points , ici et là, pour que le candidat atteigne ce 10 sur 20 fatidique qui satisfait aux exigences de la statistique, seule cohérence du moment.

La réflexion n'est plus à la mode de chez nous. Il n'y a pas lieu de s'en étonner. Notre éducation nationale est en péril et ce sont ses propres structures qui sapent les fondations de l'édifice ! La fin n'est plus très loin.

Pertinemment leur


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20 réactions à cet article    


  • BA 27 juin 2014 15:42
    Dans l’Education Nationale, le plus important, c’est de ne pas paralyser les élèves.

    C’est vrai, quoi. Les profs, ils font rien qu’à paralyser les élèves.

    Benoît Hamon veut en finir avec les notes qui «  paralysent  » les élèves.

    • C'est Nabum C’est Nabum 27 juin 2014 15:50

      BA


      Je pensais avoir sérieusement traité le sujet et vous venez m’importuner avec ce ministre d’opérette. Allons, ceci est une mauvaise note à votre crédit.
      ÉLEVONS LE DÉBAT SI C’EST ENCORE À LA PORTÉE DE NOTRE MAISON.

    • xmen-classe4 xmen-classe4 27 juin 2014 17:10

      vous écrivez comme les enfants jouent à cache cache.
      les « qui » doivent être une faute grammaticale ?

      « il y a » et « il existe », par exemple et bien « il existe » serra forcement de la rêverie si vous évoquez autre chose qu’un animal.
      la probabilité de dire dans un texte autant de mots de plus de 3 syllabes relève de la performance physique et vous absoue de toute capacité d’action.
      la capacite de reflexion par exemple se designe par un mot les neurones.

      les longueurs d’ondes existent et il semble négligeable qu’il y ai une différence entre l’aliment et le consommateur.


      • C'est Nabum C’est Nabum 27 juin 2014 20:58

        xmen-classe4


        Nul n’est à l’abri de la médiocrité, moi moins que tout autre ! 

      • xmen-classe4 xmen-classe4 27 juin 2014 17:31

        les femmes si elle ne défendent pas bouddha et Spinoza mérite surement de finir marié. l’etat veut du zola.
        il faudrais 10 juges une note de base et une note de performance comme au JO.


        • xmen-classe4 xmen-classe4 27 juin 2014 18:22

          ce qui drole , c’est l’H du mec qui veut faire un truc à monaco alors qu’il etais en france ?


          • Paulo/chon 27 juin 2014 19:31

            Bsr,
            Coluche, reprochait déja à J.Attali qu’il n’avait même pas un échantillon de ce qu’il souhaitait instiller, c’est une image car si ma mémoire ne me trahit pas ce devait être des profs d’une grande école qu’il illustrait humoristiquement. Tenez d’ailleurs une de ses éminente représentante se plaignait du niveau orthographique de ses élèves, ça m’ait plutôt apparu comme un constat de désespoir sans fin malgré la conscience professionnelle qui semble l’animer ou à cause d’ailleurs.
            J’avais apprécié la version Française de votre présentation, mais je dois me répéter.


            • C'est Nabum C’est Nabum 27 juin 2014 20:59

              Paulo/chon


              Je suis dysorthographique mon pauvre monsieur
              L’hôpital ne peut juger d ela Charité

            • xmen-classe4 xmen-classe4 1er juillet 2014 19:15

              le probleme est que ceux qui critique la qualité de l’orthographe ne font rien pour les chatterbot , les correcteurs gramaticals. a les écouter nous serions pas capable de les enterrer dans la pyramide.


            • kalachnikov lermontov 28 juin 2014 00:18

              Même s’il apparait cohérent, votre article ne semble guère ...pertinent. Vous aviez plus intéressé malgré vous hier avec les fameux macarons.

              Je me borne à ce pauvre commentaire, ce qui n’est guère à la hauteur de votre article. Désolé mais je suis ’absent’.


              • C'est Nabum C’est Nabum 28 juin 2014 05:42

                 lermontov


                Le risque était grand de recevoir le retour de bâton
                Voilà qui est fait, pourvu que ce ne soit pas le coup depied de l’âne

              • christophe nicolas christophe nicolas 28 juin 2014 07:53

                C’est un vieux problème très bien traité par Régis Jolivet et pas trop mal par le Pr Laborit. La grille d’analyse révèle la forme intentionnelle de l’esprit de celui qui la construit, elle n’est pas neutre. Voyons voir la façon dont elles sont faites...


                Education nationale : recherche intelligence. C’est foncière idiot puisque la vérité passe par la forme intentionnelle de l’esprit

                Vierge : Il faut ramasser spontanément un objet de votre camarade qui tombe par terre. 

                Critère Education nationale : peut mieux faire

                Critère Vierge : Parlez moi de mes enfants, je les aime tant....

                Bon, le mieux est de laisser la prime éducation à Dieu... non ? Parce que moi, j’ai le souvenir de vieilles institutrices qui ne ressemblaient pas à Marie....

                Dur, dur... l’intelligence doit s’exercer dans le vrai, tout le mal vient de là, donc jusqu’à 8-10 ans, ça n’a rien à voir avec l’intelligence et après on embraye directement sur les choses sérieuses et ça ira très vite... il y a beaucoup de simplification à faire...

                • C'est Nabum C’est Nabum 28 juin 2014 08:24

                  christophe nicolas


                  C’est donc que j’en parle fort mal ...

                  Tant pis pour moi 

                  L’intelligence qui porte à faux, c’est pour moi 

                  • Jean-Marc B 28 juin 2014 10:29

                    Réflexions très intéressantes, non dénuées d’humour et d’ironie.
                    J’ai connu un cadre de l’Education Nationale qui « résumait » son projet pour l’équipe pédagogique départementale par les trois termes « pertinence, cohérence, cohésion ».
                    Il était féru de mathématiques... « La Mathématique » précisait-il . Car la Mathématique s’accommode bien avec la pertinence et la cohérence.
                    Les trois mots devaient éclairer assurément notre chemin.
                    Qui plus est : Pertinence et cohérence sont en parfaite concordance avec « compétences », une autre panacée pour le guide de l’enseignant.
                    Cohérence, pertinence, compétences... Autant entrer en « pénitence » ! (Ah les facilités de la rime ...)
                    Vous avez montré combien le mot de « pertinence » laisse place à la subjectivité . Tout dépend en effet du référentiel (Encore un vilain mot « technocratique » !) sur lequel nous nous appuyons pour former notre jugement. C’est déjà laisser voir combien l’aventure comportait quelques risques.
                    Résultat : la « co-errance » a été notre lot ... et c’était « a minima » ce qui assurait notre cohésion.
                    A vous lire, il semble que notre cadre ait gravi quelques échelons encore et qu’il soit parvenu à glisser ses conseils dans la bible des instructions officielles
                    J’aurais plaisir à lire vos remarques au sujet des « compétences » qui mettent un terme définitif sur l’oeuvre pédagogique. C’est en tous cas ce que l’on dit tout là haut, au ministère ...


                    • C'est Nabum C’est Nabum 28 juin 2014 14:23

                      Jean-Marc B


                      Si le sommet de notre pyramide me lit, c’est que le mal est profond et l’ennui colossal

                    • Jean-Marc B 28 juin 2014 18:57

                      Le sommet de la pyramide gagnerait à vous lire de temps en temps.
                      Ne vous dévalorisez pas ainsi. Même si vous avez le bon goût de ne pas vous prendre au sérieux, vos articles ne manquent pas de fond ... et de poésie...
                      J’espère que vous le pensez aussi. Sinon , pourquoi écririez-vous autant ?...


                    • C'est Nabum C’est Nabum 29 juin 2014 07:28

                      Jean-Marc B


                      C’est plus compliqué

                      Je pense sincèrement avoir des choses à dire mais je sais que cette société ignore tout à fait ceux qui viennent de la base à moins d’un miracle
                      Simple instituteur, je n’ai aucune chance de parvenir à toucher les sommets, c’est une réalité incontournable des principes de la Tour d’ivoire et de la pyramide réunis ! 

                    • Jean-Marc B 29 juin 2014 15:12

                      Simple instituteur ?...
                      Allons donc, rien n’est simple pour l’instituteur.
                      J’ai commencé comme vous. Je ne suis pas allé en haut de la pyramide.
                      Suffisamment, toutefois, pour constater que ceux qui font bouger les lignes ne sont pas ceux qui sont carriéristes (ceux-là montent sans faire de vagues , c’est bien connu ...). Ceux qui prennent la peine d’exister, de dire, de proposer, et d’écrire sur le métier, (comme vous), ceux-là creusent un sillon franc et digne .... et confortent tous ceux qui font de même. Alors, ce vaste mouvement de la base est perçu et pris en compte.
                      Cela n’a rien d’un miracle. Il n’y a pas de miracles ...
                      Ne laissons pas les politiciens actuels prendre toute la place dans l’Ecole . Ils ne méritent pas cet excès d’honneur. Ils dévaluent le temps scolaire de l’enfant !


                    • C'est Nabum C’est Nabum 29 juin 2014 17:46

                      Jean-Marc B


                      Je ne leur laisse aucune place d’ailleurs
                      Pour moi, ils ne sont rien et si un ministre venait à visiter mes classes, il est probable que je refuserai de lui serrer la main au nom de ces décennies de casse dont lui et ses pareils sont responsables

                    • xmen-classe4 xmen-classe4 1er juillet 2014 19:40

                      de la pathologie, les professeurs a vouloir choisir un programme commun classé par année ne peuvent finalement que passer pour des mascottes.

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