• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Extraits d’ouvrages > Roman feuilleton : les geules cassées de la mondialisation (chapitre (...)

Roman feuilleton : les geules cassées de la mondialisation (chapitre 4)

Un homme de la rue se présente à l'aide sociale. Par chance, il reste une place dans un centre d'urgence pour quelques semaines. On lui attribue un bon d'hébergement.

 

L'hébergement d'urgence

Le chapitre qui va suivre est délicat. Il faudra changer beaucoup de choses. Une association qui aide les sans-abris ne peut qu'être louée et remerciée. Après tout, ce n'est pas tout le monde qui le fait et les portes ont plutôt tendance à se fermer sur les hommes de la rue lorsque vient la nuit froide et obscure. Néanmoins on ne peut que se demander à quel jeu joue un état laïc en subventionnant des organismes religieux. Que des organismes religieux quels qu'ils soient aident, c'est parfaitement louable et conforme à leurs principes, mais sans prendre dans la poche du contribuable qui paie déjà des impôts pour l'aide sociale. En toute logique, seules des associations laïques devraient être subventionnées avec de l'argent public. L'Etat français a choisi la voie de la "délégation de service public" contre subventions. Choix dangereux s'il en est ! A-t-il ete vraiment pesé ? N'est-ce pas une boite de Pandore ? Ce que l'on fait avec une confession aujourd'hui, ne sera-t-on pas obligé demain de la faire avec toutes les autres au nom du principe d'égalité ? A-t-on demandé leur avis aux français ?

_________________________________________________________________________

 

Le rendez-vous à l'aide sociale ayant été donné le matin, on lui avait donné l'adresse marquée sur un papier 80 g/m2 au format carte de visite. Il ne fallait pas le perdre ! Il fallait se présenter entre 17 heures et 18h30. Bon, mais que faire avec ce satané sac à dos d'ici là.

Les jours de l'homme de la rue se ressemblent tellement qu'on finit par perdre la notion du temps. Avait-il été se promener sur les quais ? Peu probable compte tenu de la lourdeur du sac ; s'était-il assis dans un café à tuer les heures ? Pour sûr, il n'avait rien fait d'important ce jour là. Il n'en avait de toute façon pas l'énergie. Probablement, le bus étant chauffé avait-il du le prendre 5 ou six fois d'une tête de ligne à l'autre, là où son coupon était valide. Chaleur, fauteuil digne de ce nom, oui, c'était probablement ainsi que Delarue avait du passer la journée, en lisant quelque journal gratuit abandonné sur un siège.

Puis vers 15 heures, étant ponctuel de nature, il était allé à la station marquée sur le petit papier pour repérer l'hébergement d'urgence. Il sortit du métro flambant neuf, le lourd sac à dos sur ses épaules, chercha l'adresse et finit par arriver à destination. Comme il était 15h30, il s'assit sur son sac pour se raser : il avait l'air d'un repris de justice. Des gens passaient sans trop faire attention ou prenant leur distance de sécurité. Une grande ville peut être assez libre finalement : chacun s'occupe de ses affaires.

- Vous verrez, c'est un bâtiment en briques. Delarue voyait des bâtiments mais aucun brique, orange ou beige. Quelqu'un était sur le trottoir. Il héla

- S'il vous plaît le centre XXX ?

- De ce côté fit l'homme en ébauchant un vague signe du bras qui laissait entendre que c'était à droite.

- Merci.

Un bâtiment en brique ? ! Ils ne pourraient pas mieux numéroter ? Mais avait-il le droit de se plaindre du temps qu'il perdait. Il n'avait de toutes façon rien à faire. Un immeuble avec en effet un tout petit peu d'orange attira son attention. Il avait un cachet "administratif". Porte vitrées en aluminium, salle ou on voyait des tables en formica. Ce n'était pas un bâtiment d'habitation. Demander ne coûte pas cher ! Il entra sous la porte cochère et frappa à la porte vitrée. Une femme d'un certain âge lui ouvrit. Il demanda "Pardon, pourriez-vous me dire où se trouve le centre d'urgence XXX ?"

- « C'est ici mais vous ne pouvez pas venir avant 17 heures ».Et de lui refermer la porte au nez.

"Bigre" ! Quel accueil cordial, humain et chaleureux !!!

Enfin l'adresse était trouvée. Il ne restait plus qu'à attendre. Un rayon de soleil était le bienvenu. L'attente devient assez vite une seconde nature chez le SDF curieusement assez proche de la patience chrétienne. Puis un jeune homme vint, demanda si c'était bien là ? M. lui répondit que oui, dit que non, il ne fumait pas et qu'il n'avait pas de feu, puis chacun trouva son territoire implicite d'attente.

16h45, les fameux hommes de la rue arrivèrent en masse et prirent la file d'attente sur la passerelle, l'un tapant une clope, l'autre grande-geule visiblement habitué des lieux et bien nourri, puis d'autres vinrent encore. A 16h52, les employées du bâtiment sortirent. Quelles contorsions pour sortir sans toucher par mégarde un homme de la rue au passage, avec un rictus qui se voulait un sourire poli. M avait déjà une petite idée de ce qui l'attendait. La charité sans contact "à la française".

Des gardiens prenaient en charge les arrivants et fouillaient les sacs (pas d'alcool, pas de couteau etc ...), demandaient les noms, cochaient une liste pré-remplie. C'était bien organisé. On était à l'internat en gros et des pions faisaient l'appel. Une petite régression en somme ! 13-15 ans.

Puis on passait à un bureau où l'on donnait son bon de l'aide sociale et en échange on recevait une carte-clef magnétique avec le numéro de chambre. Chaque arrivant était invité à mettre une somme de 2 euros dans une tirelire.

M. ne compris pas vraiment pourquoi on demandait de l'argent à des gens qui par définition étaient sans le sou. Bah, M. finit par se rendre compte que cette obligation était de toute façon facultative, ce qui caractérise des pans entiers de la société française et ce qui la rend si difficile à comprendre pour les étrangers.

Puis on passait devant une directrice glaçante qui répétait le règlement intérieur. "Il faut ...., interdit de ....., vous devez...., je vous rappelle que ..., ne croyez pas que" ..... Brr ! Oui oui, Madame le proviseur. Bien madame, merci madame ! Ouf ! M. devrait passer à toute vitesse devant son bureau et filer dans sa chambre. Retour au collège !

De 17h à 18h30, quartier libre. On est invités en gros à ne pas faire les cons ! Hygiène irréprochable, "impeccable". Une radio quelconque est allumée, disant en gros tout ce à quoi nous n'aurons pas droit (« la consommation de fin d'année a-t-elle augmenté ?  ». « Dites-nous ! Quelles sont les tendances de cette année ? »

M. ayant vite compris où il était tombé, déballa ses affaires, les mis dans son casier, pris deux boules "Quies" les inséra dans ses conduits auditifs, regarda sa montre et se reposa jusqu'à 18h50. Nul doute que l' cette admonistration (admonester + administrer) serait pile à l'heure ! Il faisait chaud et il passerait devant la directrice sur la pointe des pieds. Ce sac à ne plus porter en permanence en valait la peine.

18h50. Débouchage d'oreille. Publicité à la radio et quelques mots échangés avec son compagnon de chambre, un marocain pestant contre le racisme des français. "Tous des racistes". Delarue lui dit qu'il y en avait au moins un qui ne l'était pas et lui fit raconter son histoire banale de travailleur immigré pressé comme un citron puis jeté en fin d'usage.

19h00 : " Chers amis, nous vous invitons à vous rendre à la salle à manger ". Au menu de ce soir : soupe de légumes ....

Là, c'était trop : M. remit ses boules quies et compta jusqu'à 20, puis les enleva. Le menu serait donc une surprise. Il va sans dire qu'il était obligatoire d'assister au repas.

En parlant avec les autres, M. apprit que c'était mieux ici qu'ailleurs justement à cause de la stricte discipline qui permettait à chacun de ne pas se faire voler ses chaussures et d'avoir un sommeil réparateur.

8 tables de 8 assiettes étaient impeccablement disposées. Chacun s'asseyait où il voulait. Il y avait là les personnes avec qui il allait partager un morceau de vie.

La nourriture était excellente !!! Une responsable s'asseyait au bout de chaque table et "faisait la conversation" avec la table leur parlant de l'exposition X ou du colloque Y auxquels elle avait participé. Dans l'absolu c'était très intéressant sauf qu'il fallait vraiment se creuser la tête pour trouver une réplique à ces choses si éloignées des préoccupations du moment. Ils n'avaient jamais entendu parler de la pyramide de Marlow ou quoi ? Ces personnes étaient pleines de bonnes intentions mais à voir les figures des maltraités de la vie, beaucoup avaient visiblement plus envie de calme et de tranquillité que de discussion bourgeoise. Ces personnes oubliaient qu'elles avaient affaire à des naufragés !

M. aurait bien voulu lui aussi être un peu tranquille car il était fatigué par ce sac à traîner comme la tortue des Galapagos traîne sa maison de plomb. A la fin, un peu irrité et voulant mettre un terme à cette situation proche de l'ubuesque, il demanda à la gentille dame si l'hébergement recevait des subventions publiques. - "heu, oui aussi ...". Façon lapidaire d'être tranquille : on la vit se lever, souhaitant à tous une bonne fin de dîner pour aller faire la conversation à la table d'à-côté. « Ouf » ! Delarue se jura bien de choisir la prochaine fois la place du fond près de la fenêtre et du radiateur, celle du cancre.

A 19h30, le dîner se terminait par le café "gardez bien votre gobelet plastique si vous voulez du café". Puis, il y avait quartier libre jusqu'à 21h00. Il y avait des livres intéressants (« il est interdit de voler des livres pour les revendre ». On pouvait se laver, se doucher, ceux qui fumaient pouvaient sortir dans la cour. A 21 heures, extinction des feux ! Jusqu'à 6h30 du matin. Avec des boules Quies, on dort très bien. Et un lit est une chose très appréciable par rapport à l'inconfort de la rue.

6h30 !!! Drinnnng ! Sonnerie ! Lumière ! Radio ! « Le ministre a dit ceci mais le premier ministre a dit autre-chose tandis des grandes fortunes songent à quitter le navire France. Bon, que des informations très utiles ponctuée régulièrement de publicité "achetez ceci, achetez cela". Encore de peu d'utilité vu le pouvoir d‘achat nul du SDF. "Le nombre de personnes au RSA est de 1. 300 000 selon l'INSEE". Là, c'est la radio qui ne considère pas cette information comme intéressante. On passe à la conduite à tenir envers un enfant capricieux en période des fêtes.

Il faudrait s'y faire ! De quoi donner envie de se lever vite, de se laver, de se doucher, de s'habiller chaudement et d'aller prendre le petit déjeuner, chaque jour le même : café allongé, pain, beurre et confiture. De quoi prendre de l'énergie avant de sortir et parler un peu aux compagnons d'infortune.

Puis donner sa carte-clef, en échange de la carte de rentrée du soir (ne surtout pas la perdre !) et sortir dans le froid de décembre à 7 heures 30 du matin.

Chaque jour passa comme ça et au bout de quelques jours on s'y habituait.

Les compagnons d'infortune étaient en majorité des Nord-Africains (algériens, marocains), un chinois triste et humilié, quelques petits délinquants 22-23 ans se passant les trucs pour voler les sacs des petites vieilles à l'arrachée ou pour faire le gigolo dans tel ou tel grand café où ça marchait bien.

Mais aussi des habitués, des bien-dans-leur- peau aimant cette vie de bohème et faisant la route en France de ville en ville, habitués à faire la manche.

Un homme discret qui selon lui terminait sa thèse (si ce n‘était pas le contraire) et qui venait rarement manger (dérogation de la direction ?) et avec qui M. se lia d'amitié, l'amitié spécifique et précaire de la rue. Dans cet état, on se perd facilement de vue, entre hébergements d'urgences et coupures de téléphone pour factures impayables et donc impayées, vols etc ...En gros un échantillon à peu près représentatif de la nouvelle population française métissée franco-post-coloniale, le logis en moins. Certains travaillaient mais ne trouvaient pas à se loger. Un jeune homme travaillant sur les marchés envisageait d'acheter une fourgonnette et de l'isoler pour dormir dedans car il devait se lever très tôt (4 heures) il n'y avait pas de transports en commun à cette heure-ci.

Quand on voit la population des hommes de la rue de près et qu'on constate leur situation de sous-hommes dans la société française, on se pose de réelles questions. Rien, rigoureusement rien, ne justifie ce dégoût indiciblement affiché des français pour une partie de leur population, un dégoût brut et presque animal, une névrose : "ils sentent mauvais". La féminisation de la société ne ferait-elle pas oublier son humanité ? Une vieille dame tout comme il faut, dufffle-coat orangé et chapeau beige dans un café : « nous devenons inhumains. Les chiens sont plus humains que nous  ». Commencer à en prendre conscience est la première étape. Il y a loin de la tête au coeur et du coeur aux bras. Il y a encore du chemin à parcourir.

L'homme de la rue sort clairement de l'humanité en France. C'est un déchets, une ordure, un sac poubelle qu'on enjambe, un indésirable à traiter avec des produits répulsifs.

Tout en faisant les démarches pour avoir un compte en banque et apprendre à vivre au quotidien dans une situation nouvelle et difficile Delarue se jura bien de poser la question au premier sociologue qu'il rencontrerait.

Noël tombait au temps du séjour. Un jeune prêtre timide comme une jeune fille de 13 ans vint faire son devoir puis s'éclipsa le plus vite possible. Il y eut des chants de noël. Accompagné à l'orgue électronique et chanté par une jeune et jolie choriste de la paroisse voisine qui émoustillait les hommes. Ils reçurent pour calmer leurs ardeurs libidineuses des chocolats et comme cadeau un porte-monnaie.

La directrice grisée par cette atmosphère de fête se hasarda à dire un compliment et lança à la cantonade : "ne croyez pas quand même pas qu'on va vous donner quelque-chose à mettre dedans". Le tact, toujours le tact ...Merci Madame la Directrice de toutes vos bontés. M. fila dans sa cabine et passa sommes toutes une bonne nuit de Noël en compagnie d‘un musulman qui se fichait éperdument de cette fête qui ne le concernait pas. Le séjour dans cet hébergement d'urgence fut comme on le voit très instructif.


Moyenne des avis sur cet article :  4/5   (8 votes)




Réagissez à l'article

7 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 9 janvier 2013 14:41

    tu en as des bien pires que ca
    surtout au bout de plusieurs annees de rues
    des centres hyper crades
    les chambres avec cadenas
    ceux ou des groupes font la loi
    ceux qui boivent car ca rechauffe
    etc


    • paul 9 janvier 2013 19:34

      Je me demande comment on peut voter non à cet article . Merci pour ce témoignage .


      • Méfrange 10 janvier 2013 10:45

        Ce qui est intéressant c’est qu’il y ait si peu de votes smiley Devrais-je m’expatrier en Russie pour trouver des lecteurs ? smiley


        • Christian Hivert Christian Hivert 31 juillet 2013 19:19

          c’est tellement vrai depuis les années 80, que je vous propose de découvrir

          aujourd’hui, publié aux éditions Hélène Jacob, un livre socialement engagé, “Reine” premier tome d’une série de sept titres (Les Chevaliers Ivres) qui couvriront toute la période allant des années 80 jusqu’à aujourd’hui, en France, les récits étant contés du point de vue de personnages réprouvés et/ou marginaux.

          Livre classé au top cent des nouveautés littérature d’Amazon ( http://www.amazon.fr/gp/new-releases/books/301132/ref=zg_mg_tab_t_bsnr#2 )

          Dans les années quatre vingt du siècle passé à Paris, avant son embellissement petit bourgeois et l’expulsion des dernières vagues de prolétaires pauvres, au milieu des punks et des autonomes squatteurs, les chevaliers de Reine sont ivres de révoltes, de gloire parfois, de désespoir souvent.

          La vie leur échappe et ils en perdent un peu en courant. Reine et Arthur son amoureux aventureux prennent deux chemins différents mais parallèles. Leurs illusions, l’un en un monde meilleur et plus juste, la lutte jusqu’à la victoire, l’autre dans une liberté possible, jouir sans entraves, se jouent d’eux à chaque détour.

          Et tous les chevaliers des trottoirs parisiens arpentés et des squats en lutte sont ivres, résolument ivres et en dérive. Les Gens Bons de Paris s’en prennent plein la tranche et n’en reviennent pas. Tous ces pauvres s’agitent et manifestent, non mais gare, ils veulent les mêmes droits que les Gens Bons n’auront plus.

          Il va falloir encadrer sévèrement tout cela, il faut une association et un responsable aux ordres.

          Christian Hivert

          A télécharger et en impression à la demande !

          http://www.amazon.fr/gp/product/B00DK8YSZC?ref=

          • Méfrange 31 juillet 2013 19:49

            Je soutiens entièrement le communiqué de presse de Christian Hivert. Si le « système » arrive à effacer, refouler, gommer les déclassés et marginaux, et le problème majeur de nature politique, social et économique qu’il pose, le système gagnera et tandis qu’une société « cuirassé Potemkine » de la France heureuse s’installera sur le petit écran, des couches de plus massives de la société seront poussées vers la rue. C’est sur ce front qu’il faut se battre et le front est aussi médiatique 


            Le livre les geules cassées de la Mondialisation sera disponible à la rentrée. 

             

          • Christian Hivert Christian Hivert 10 avril 2015 13:42

            @Christian Hivert
            le livre « Reine » n’existe plus le contrat est rompu pour cause d’incompétence éditoriale depuis septembre 2014


          • Méfrange 31 juillet 2013 19:59

            Pour les lecteur d’anglais, un article décrit la réalité américaine, celle qui nous attend si nous ne faisons simplement rien. Pour voir le pire se mettre en place il suffit de rester devant sa télé et d’espérer que tout ira mieux. 


            Dying civilizations often prefer hope, even absurd hope, to truth. It makes life easier to bear. It lets them turn away from the hard choices ahead to bask in a comforting certitude that God or science or the market will be their salvation. This is why these apologists for globalism continue to find a following. And their systems of propaganda have built a vast, global Potemkin village to entertain us. The tens of millions of impoverished Americans, whose lives and struggles rarely make it onto television, are invisible. So are most of the world’s billions of poor, crowded into fetid slums. We do not see those who die from drinking contaminated water or being unable to afford medical care. We do not see those being foreclosed from their homes. We do not see the children who go to bed hungry. We busy ourselves with the absurd.

            The game is over. We lost. The corporate state will continue its inexorable advance until two-thirds of the nation and the planet is locked into a desperate, permanent underclass. Most of us will struggle to make a living while the Blankfeins and our political elites wallow in the decadence and greed of the Forbidden City and Versailles. These elites do not have a vision. They know only one word : more. They will continue to exploit the nation, the global economy and the ecosystem. And they will use their money to hide in gated compounds when it all implodes

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès