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Accueil du site > Culture & Loisirs > L’été léger > The Cellar 1 (la cave)

The Cellar 1 (la cave)

À cette époque, avec mon père ma mère ma sœur, nous logions un appartement d'une cité intitulée l'Esplanade. Dans un quartier semi-résidentiel à Marseille, peuplé de gens à caractère simplet avec esprit cloisonné ; entre feeling benêt enjoué Popop-seventies et genre poissonnier au langage fleuri ordurier. Population généralement acculturée, hors question boules, foutebôle, hameçons. 

image tirée du film Evil Dead

Bien qu'en 1970 la présence de l'ozone, ce gaz protecteur filtrant les radiations fut largement plus présent qu'aujourd'hui ; proche de l'épaisseur conséquente de la pollution actuelle, gorgée de micro particules meurtrières, jaillies de nouveaux moteurs diesel criminels. Technologie inepte, plébiscitée néanmoins et même bonussée par les gouvernements successifs au mépris des lois européennes.

Enfin bref,

Donc, le soleil tapait déjà bien fort sur la tête du marseillais ensuqué ; entité méridionale basique aux centres d'intérêt limité, pour qui le bonheur suprême est d'avaler une glace en regardant la mer, comme si c'était extraordinaire, unique au monde.

Toujours à l'époque ;

Des stigmates caractéristiques ornaient la face de ces patauds connaisseurs de la Lingue Prouvinsale, patois chantant aux accents particulièrement laids. Sortes de paysans ignares fringués en pattes d'èf : pantalons moulants en haut évasés en bas, souvent faits de velours palatine, brillant comme la mouche en métal vert, émeraude.

Ou bien rouge, orange, bleu ciel, jaune d'or ; les futals psychédéliques se voyaient de loin. Les cols démesurés et les vestes à pointes, les mocassins à pompons et les ray bans chromées jusque sur les verres couronnaient ''l'élégance'' convenue de ces hors là, déguisés fashion je sais pas.

Oui.

Déjà, je m'éloignais vers dix ans par mon attitude et ma façon d'être du clampin moyen du coin. Cette forme de morgue, d'autosatisfaction marseillaise due au simple fait de s'asseoir au soleil de plomb sur un banc pour regarder, entre autres activités passionnantes ; passer les gens et leur attribuer des surnoms désobligeants, me semblait aussi éloignée de l'intelligence que peuvent l'être la tranquillité du sage de l'enfer agité des suppôts de l'Om.

Non.

Je ne comprenais pas cet engouement caractériel envers ce club de football ''phocéen''. Ce délire collectif bruyant et infect, ponctué de hurlements, inhumains, fascistes, sportifs. Cet opium populacier riche en insanité et cris gras m'insupportait grave. Et ça continue maintenant.

Faut dire que le quartier d'Endoume et de Tellène c'était du lourd ;

Tout plein de petits gens aux figures de ravis prétentieux, fiers de leur appartenance à l'imbécillité de mise autour du Vieux Port. Sortes de précurseurs du ''plus belle la vie spirit''. C'est vrai qu'ici, pour 90 % des geuns *, avaler une glace au soleil représente le bonheur suprême ; ''ici, on est les rois du pétrole'', disent-ils, insolés, sans doute victimes d'overdose de vitamine E, que le soleil distribue sans modération par ici.

*gens

Heureusement nous avions une cave.

Pour échapper à la vue pénible et à la conversation de ces débiles de masse, au soleil brûlant les yeux clairs, la cave noire, sombre et peuplée de mille-pattes, de fantômes visqueux, de rats puants, de blattes énormes noires & luisantes, d'araignées horribles était devenue le paradis pour moi.

Oui, au mépris des peurs enfantines, la cave de l'immeuble était un havre de paix à mes yeux de gosse bizarre.

Mais voilà ; la minuterie, réglée à vingt secondes par économie privait très vite d'électrons lumineux le filament rachitique de l'unique ampoule de quelques watts du couloir des caves, et là, devinez quoi ?

On y voyait plus !

Le noir !

Maman !

Sissi je t 'assure ;

L'angoisse, l'horreur, la peur.

Les images de mes cauchemars d'enfant surgissaient alors et m'invitaient à la terreur imaginée, concrétisée car voilà. Bientôt, je sentais tous mes muscles se crisper, se tétaniser...

Les courants d'air malsain fusaient entre les barreaux de bois espacés des portes verdâtres des caves toutes pareilles, créant des rafales glaciales dans mes cheveux de petit con. 

Oubliant le plus élémentaire bon sens, j'imaginais déjà le souffle d'un monstre à l'haleine moisie, qui allait certainement me torturer avec ses griffes, et me tuer gratuitement pour assouvir son sadisme logique.

Non bien sûr ! j'exagère, j'évoque.

En fait :

Sous l'interrupteur noir en bakélite, se trouvait une prise 220 volts, dans laquelle je glissais une rallonge, au bout de laquelle une lampe de chevet supportait une ampoule électrique.

Clic sur l'olivette et miracle on y voyait clair !

Victorieux des ténèbres, je régnais alors en maître sur les 5 mètres carrés de la cave remplie de vieilleries...

à suivre.

© Piere Chalory 2013


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4 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 28 août 2013 12:03

    Bonjour, lg.

    Ce qu’il nous manque maintenant, c’est un article sur « les caves », tous ces gens qui, par exemple, croient encore que le PS est de gauche, que l’UMP est un parti gaulliste, que le FN a un programme, ou que le FdG est unitaire.

    Bref, un article à classer plutôt dans « L’été lourd »...


  • Piere CHALORY Piere Chalory 28 août 2013 12:07

    Merci Lg,


    Bravo pour vos derniers articles, et dommage qu’un ne survécut qu’une heure ici bas. Je dois ici rendre hommage à Rosemar, dont l’article ’’la cave’’, a inspiré en partie ’"the cellar’’. Je n’espère certes pas obtenir comme elle, plus de commentaires que les jours de l’année, mais ça m’aura permis d’évoquer quelques souvenirs d’enfance.

  • Piere CHALORY Piere Chalory 28 août 2013 12:24

    Salut Fergus,


    Je suis bien d’accord avec vous, les partis politiques tous confondus, n’ont de sens que pour ceux qui croient encore au pouvoir d’une carte de parti ou d’un bulletin de vote, mais chut, il paraît que c’est un devoir civique de se faire entuber, quand je dis entuber...

  • Piere CHALORY Piere Chalory 28 août 2013 12:11

    Mea culpa, le soleil ne génère pas de vitamine E, mais D...


    Attention quand même à l’overdose.

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