Ergoteurs et compagnie
Les politiciens sont des vendeurs de vent !
La langue de bois et ses dérivés.
Notre petit personnel politique ne cesse de nous surprendre et de nous étonner grâce à sa formidable capacité de trouver l'argument imparable, le raisonnement alambiqué, la pirouette magnifique pour transformer le plomb en or. Alchimistes de la langue, ils en perdent, hélas, ce savoir-faire ancestral et quelque peu ésotérique dès qu'il s'agit de passer des paroles aux actes.
Ne leur en tenons pas rigueur. Ce ne sont que des ergoteurs, des manieurs subtils de la langue dans lesquels nous plaçons bien trop d'espérance. Ils nous ont fascinés par leur science du langage ; n'en demandons pas plus. Nous demeurons des enfants qui aiment qu'on leur raconte des histoires. Nous ne devrions pas nous plaindre : nous sommes servis au-delà de nos attentes.
L'ergoteur est un orfèvre en belles menteries et en grosses ficelles. Il vous taille à plaisir des arguties sur mesure, des fables à dormir debout, des mensonges plus grands que le bout de son nez qui ne cesse de s'allonger. Il n'hésite pas : plus c'est gros, mieux ça marche. Les médias d'abord n'aiment rien tant que de propager ces phrases construites à l'emporte-pièce et destinées à tromper les nigauds que nous sommes. Les citoyens ensuite qui font une confiance aveugle à leurs champions, en méprisent d'autant les autres.
L'amour rend aveugle et l'idéologie imbécile. Quand on entend les couleuvres que ces chers ergoteurs de métier font avaler à leurs troupes, il y a lieu de s'interroger sur l'intelligence collective de ceux qu'on nomme les partisans, les adhérents, les sympathisants. De jolis mots en somme pour désigner des niaiseux de base, seulement capables de colporter les fadaises que leur ont concoctées leur hérauts.
Plus j'observe les débats du moment, moins je suis en mesure de comprendre comment des gens sains de corps mais surtout d'esprit, peuvent encore croire aux propos de leur camp. Il y a de quoi perdre la raison. La sagesse voudrait d'envoyer balader tous ces bateleurs de foire électorale, ces rois de la baliverne, ces princes de la coquecigrue, ces adeptes de la billevesée.
Chapeau les artistes car lorsque vous sortez un lapin blanc du vôtre précisément, des ânes admiratifs dressent leurs grandes oreilles pour écouter la fable du jour qu'ils répéteront avec le plus grand sérieux et une conviction qui me fascine ! Grâce à ce fabuleux numéro de prestidigitation verbale, la classe politique, pour incapable qu'elle soit, reste en place.
Il me semble nécessaire d'éclairer mes semblables sur les ravages que font les ergoteurs dans notre nation. Ils se sont donné bien du mal, il faut le reconnaître, pour monter de toutes pièces des canulars diaboliques. Prétendre que le chef n'était pas au courant des fausses factures et des malversations financières relève de cette formidable opération de poudre aux yeux.
Dans l'autre camp, continuer de laisser croire que le gouvernement agit dans une optique de justice sociale et de respect de l'égalité est un leurre tout aussi spectaculaire. C'est toujours grâce aux formules pompeuses de nos ergoteurs de l'impossible que tout ce petit monde occupe le devant de la scène.
Il y a bien plus fort, encore plus fort : ce sont les ergoteurs de l'extrême qui ont mis de l'eau dans leur vin ou de la base sur leurs propos acides. Ceux-là, avec des mots bien choisis, font passer un parti brutal, antisocial, xénophobe pour une alternative crédible et sans conséquences pour la paix et la tranquillité. Je suis béat d'admiration devant les prouesses langagières quotidiennement nécessaires pour faire passer ce parti des ténèbres à une lumière qui n'est qu'artificielle et illusoire.
Les ergoteurs ont donc encore de beaux arguments devant eux pour continuer à nous faire croire en cette démocratie de pacotille, en ce piège de la représentation qui se fait usurpation. Apprenons donc à écouter les discours des uns et des autres, sans esprit partisan, sans ne faire fonctionner qu'une seule oreille et surtout cessons de répéter leurs hideux mensonges.
Nous valons bien mieux que ces ergoteurs qui maintiennent en survie un système à bout de souffle mais pas de mots. Moins ils ont d'idées et de projets, plus ils les parent d'un discours enjôleur et biaisé. Pire que tout, ces ergoteurs agissent dans l'ombre pour un petit personnel politique qui, incapable dorénavant de trouver lui-même les belles formules, les arguments de guingois, les arguties de circonstance, fait donc appel à des officines spécialisées, des cabinets occultes, des cellules de détournement du sens, des communicants du mensonge et du vide. C'est pitoyable !
Ergoteurement leur.
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