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Accueil du site > Culture & Loisirs > Parodie > Insidieuses incidences

Insidieuses incidences

Au pays des ricochets.

Il était une fois un étrange pays où ceux qui faisaient les lois, faute de pouvoir les faire appliquer vraiment eurent l’idée saugrenue de punir non pas ceux qui les enfreignaient mais leurs proches, leurs voisins, leurs subalternes, leurs obligés, toutes les personnes qui selon eux, pouvaient faire pression sur les coupables sans que l’État eût besoin de se charger de cette basse besogne.

La stratégie semblait bonne quand la volonté d’intervenir auprès de qui de droit manquait. C’est ainsi que dans cette nation, il devint plus délicat de rester honnête que d’emprunter les chemins scabreux du délit ou de la faute. Tout pourtant avait démarré en fanfare, tant le stratagème en un premier temps réjouit ceux qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez.

Certes la mise en place fut compliquée. Il fallait modifier un pan entier du droit, transformer le principe qui voulait jusqu’alors que la sanction ne touche que le coupable, que nulle punition collective n’ait cours en bonne justice. Les tenants d’un pouvoir fort et autoritaire firent vite fi des règles déontologiques, ouvrant alors une boîte de Pandore qui allait chambouler la société toute entière.

Tout débuta par une crise sociale devenue incontrôlable. Le pouvoir en place, après avoir usé de la force pour tenter de mettre à la raison les mécontents et les insatisfaits qui manifestaient depuis trop longtemps, provoquant ici et là des actions violentes, eut recours au prélèvement à la source pour obtenir dédommagement des dégradations commises. C’est ainsi que toute personne interpelée sur les lieux mêmes où avaient eu lieu les échauffourées, se voyait tenu de remettre son argent liquide ainsi que sa carte bleue aux policiers. Bientôt le problème fut réglé.

Une bonne idée fait toujours son chemin. Las de toujours plus de répression vis à vis des automobilistes, le pouvoir appliqua la sanction par ricochet -qui venait de démontrer sa pertinence- aux véhicules des conducteurs en infraction. Ainsi, tout écart au code de la route entraînait immédiatement la destruction immédiate du moyen de transport incriminé et la mise à pied de tous ses passagers. La mesure atteignit le ridicule quand un TGV fut détruit sur le champ parce que son conducteur n’avait pas respecté la vitesse requise. Ce jour-là, près de 500 passagers durent poursuivre leur trajet à pied !

L'obstination des gouvernants n’est plus à démontrer, surtout quand il s’agit d’appliquer coûte que coûte une mesure impopulaire et néfaste. Le mouvement était lancé, le principe de la punition par incidence allait connaître de beaux jours. C’est ainsi que l’une des mesures qui fut la plus critiquée parmi les citoyens fut la mise à l’amende des électeurs d’un parlementaire qui manque trop régulièrement les séances à l’assemblée. Bien vite, cette disposition toucha l’ensemble des français de plus de 18 ans, à l’exception naturellement des fautifs.

Il était désormais impossible d’arrêter cette folie législative. Rapidement, devant la liste toujours croissante des incivilités des enfants rois, ceux-là même qu’on avait transformé en tyrans domestiques pour favoriser le consumérisme, contraindre les parents à toujours céder à leurs envies dépensières, des décisions urgentes devaient être prises.

Dans un premier temps, les enseignants furent sanctionnés financièrement (l’argent est l’un des rares moyens de pression que connaissent les curieux législateurs de cette nation, décidant du reste d’amendes qui ne tiennent jamais compte du niveau de ressource des individus). Les enseignants se voyaient ainsi retirer une somme forfaitaire à chaque fois qu’un de leurs élèves se faisait remarquer.

Bien vite la grogne gagna la profession. Certains professeurs, dans des quartiers particulièrement difficiles, finissaient par travailler gratuitement. Un mouvement de mécontentement : « Les stylos rouges et plumés ! » mena des actions retentissantes, faisant la grève des corrections. L’État pour une fois céda du terrain, la mesure fut infléchie.

Ce furent les parents eux-mêmes qui se virent privés d’allocations familiales s’ils ne parvenaient pas à être maîtres de leurs rejetons. Devant la terrible menace, le recours à la fessée revint à la mode, mesure éducative interdite qui tombait elle aussi sur le coup de la loi des Incidences. C’est ainsi que les époux ou les épouses du parent violent furent privés de droit à l’assurance sociale sur une période d’un trimestre. On marchait vraiment sur la tête.

Les parents renoncèrent à faire preuve d’autorité. Le désordre le plus total régna alors dans le pays. Des hordes d’enfants et surtout d’adolescents incontrôlables semèrent la terreur. Beaucoup de familles se virent privées d'allocations. Des jeunes enfants devant les difficultés financières de leurs parents et les menaces potentielles qu’ils représentaient furent abandonnés. Le pays rentra dans un chaos inextricable tandis que le Président refusait de démissionner et que la courbe de natalité chutait de manière catastrophique.

Incidemment vôtre.

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17 réactions à cet article    


  • juluch juluch 21 janvier 2019 21:26

    Le futur de la France ???

    Non une nouvelle de SF !!

    Ouf !! 


    • C'est Nabum C’est Nabum 22 janvier 2019 18:02

      @juluch

      La fable est un genre qui force le trait


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 22 janvier 2019 09:19

      Gilets jaunes contre Macron : une bataille entre égos.Les gilets jaunes, une classe moyenne dont il souvent dit qu’elle manque de classe. Et les voilà déclassés par un autre parvenu qui délègue sa violence à un Benalla... Zut alors, nous on triche aussi pour arrondir nos faim de mois et voilà qu’un enfants-roi emporte la mise qui aurait dû leur revenir. Juste une petite différence d’éducation. Les gilets eurent une enfance à la dure. Souvent retirés assez tôt de l’école pour aider la famille, peu instruits mais appliquant à la lettre les directive des parents : tu gagneras ta vie à la sueur de ton front. Les enfants-roi, c’est l’inverse : tu t’en sortira en jouant de ta séduction, sautant toutes les étapes et couleuvres de la vie en ayant aucun remord : facile petit, suffit de,....Les Gilets jaunes castagnent et ont des principes, les enfants Roi au sommet de l’Etat ne se fatiguent pas, ils tuent sans aucun risque de perdre la mise. Zut alors, nos parents étaient des caractériels et nos rivaux là haut, des pervers narcissiques dont la violence est plus insidieuse. 


      • C'est Nabum C’est Nabum 22 janvier 2019 18:03

        @Mélusine ou la Robe de Saphir.

        Pour les gilets jaunes c’est de la légitime défense


      • velosolex velosolex 22 janvier 2019 10:36

        La violence ne vient pas que des poings. Elle est d’abord sociétale, institutionnelle, et se dégrade dans tous les lieux de la république, employant la seule forme d’expression dans laquelle on accorde de l’intérêt aux protagonistes.
        Nous sommes dans l’endiguement, ou du moins sa tentative. Il y aurait bientôt des radars dits « intelligents », pour rapporter des réponses bêtes, incarnant en eux même l’expression d’une société qui se gausse de titres ronflants.
        Jamais je n’ai entendu tant de professeurs soi disant émérites, pour sortir les mêmes banalités sans fois répétées, au service des conventions confortables, et du « surtout ne changeons rien au libéralisme » qui résoudra bientôt tous les maux du monde. 
        Tel radar qui sera capable de verbaliser non seulement les excès, mais aussi le tel portable, le non port de ceinture, le non respect des distances de sécurité ( Ca sort l’an prochain…) les radars du futur mieux que big brother seront capable d’évaluer votre niveau d’adrénaline, d’agressivité, et peut être bien de vous mettre hors d’état de nuire. Sanglés sur une chaise, les élèves du futur seront en adéquation optimale avec les forceps d’apprentissage, pendant que dehors, depuis longtemps, on aura clôturé les ronds points. Ainsi les gilets jaunes auxquels on aura greffé des ailes, pourront voler tout leur saoul, dans cet espace délimité tout de même par une volière. Derniers pioupious, dans une monde sans oiseau, leur chant aura t’il le charme de celui des sirènes ; je ne parle pas de celles de police. 


        • C'est Nabum C’est Nabum 22 janvier 2019 18:04

          @velosolex

          Merci pour ce commentaire essentiel


        • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 22 janvier 2019 18:33

          @velosolex

          Excellente description du monde de psychotiques dans lequel nous vivons. Et le pire, c’est qu’ils sont insidieusement plus dangereux que les Gilets Jaunes. Mais eux, ont pris le pari de rendre visible leur gilet de sauvetage. 


        • Ruut Ruut 22 janvier 2019 10:54

          Sans égalité pas de respect.

          L’allocation est elle la même pour tous les enfants quel que soit la situation des parents ?

          NON.

          Les allocations si les citoyens y ont droit doivent êtres automatiques et les mêmes pour tous.


          • C'est Nabum C’est Nabum 22 janvier 2019 18:04

            @Ruut

            C’est le sens caché de cette fable

            Merci


          • troletbuse troletbuse 22 janvier 2019 11:06

            Et même les escrocs ont droit aux allocs, c’est la justice qui le dit. Pas belle, la vie en France pour les escrocs, les banquiers et les politichiens ?

            https://alsace-actu.com/strasbourg-un-algerien-escroque-la-caf-de-32-000e-il-est-relaxe-par-la-justice/


            • C'est Nabum C’est Nabum 22 janvier 2019 18:05

              @troletbuse

              Et les exilés fiscaux


            • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 22 janvier 2019 11:57

              Réjouissons nous plutôt de la baisse de natalité. Autant d’enfants qui ne seront pas confrontés à un désastre. Quand les pervers-narcissiques auront pris le pouvoir dans tous les échelons de la société, la civilisation sera définitivement chaos. Une personne psychiquement équilibrée ne prendrait pas le risque de procréer (à moins d’être riche et pouvoir s’exiler dans une partie du monde moins touchée. Pas certain que cet exil sera souhaitable pour les enfants,....

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