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Eternel Federer

A 35 ans et au terme d'une finale de titans face à son meilleur ennemi Rafael Nadal, Roger Federer a écrit une nouvelle page de sa légende en décrochant la 18e couronne de sa carrière en Grand Chelem. Tout simplement époustouflant !

Qui aurait pu prévoir pareil scénario en voyant « Rodgeur » s’effondrer sur le gazon du Center Court de Wimbledon après s’être fracassé le genou lors de sa demi-finale perdue face à Raonic en juillet dernier ? Peut-être personne… mis à part lui ! De fait, à 35 balais bien tassés, les chances de voir à nouveau l’ancien N°1 mondial triompher en Grand Chelem avaient diminué comme peau de chagrin… Et pourtant, au moment où on l’attendait le moins (après 6 mois passés à l’infirmerie), le Maestro nous a livré à l’occasion de cet Australian Open 2017, la 18e partition sans fausse note de sa légendaire carrière. Un récital conclu, qui plus est, en apothéose via une somptueuse bataille de près de 4 heures face à son éternel rival : Rafael Nadal. Retour sur le déroulement d’une finale qui restera sans conteste dans les annales.

Un partout, balle au centre

Dès les premiers coups de raquette, le ton était donné. Pourquoi changer une formule qui gagne ? Vainqueur de 23 de leurs précédents duels, l’Espagnol a bien évidemment débuté ce 35e face-à-face avec la ferme intention d’agresser le Suisse dans sa diagonale favorite, le pilonnant ainsi comme à son habitude côté revers. D’ordinaire si efficace, cette tactique s’est néanmoins avérée infructueuse au premier set, face à un Federer ultra-offensif qui parvenait à contrer Nadal à merveille en écourtant au maximum la durée des échanges. Solide sur son engagement (93% de points gagnés derrière son premier service, aucune balle de break concédée), RF se montrait en outre chirurgical pour se détacher à 3-3, avant d’empocher logiquement la manche initiale après quelques 35 minutes de jeu.

Mais Rafa restera toujours Rafa. Et plus la pression monte, plus sa formidable capacité à se sublimer ressurgit ! Confirmation dès l’entame du 2e acte, lorsque Fed, moins efficace et moins précis, retombait subitement dans ses travers, laissant le taureau des Baléares s’engouffrer dans la brèche. Avec deux breaks en poche, le matador de Manacor retrouvait de sa superbe et prenait rapidement le large (4-0). Malgré la perte d’un de ses deux jokers, Nadal égalisait ainsi à un set partout au bout d’une heure et 20 minutes passées sur le court.

Montagnes russes de part et d’autre

Vu la tournure des deux chapitres à peine joués, les spectateurs de la Rod Laver Arena imaginaient alors un troisième set ultra serré… il n’en fut rien ! De nouveau virevoltant, le banquier de Bâle reprenait le contrôle des opérations avec autorité. Conquérant et efficace, le Suisse se remit à étouffer son adversaire. A la peine comme rarement, souvent débordé, on s’est alors souvenu que Nadal avait passé plus de 5 heures à cravacher dans l’arène pour se dépêtrer du bondissant -

*+.Dimitrov en demi-finale. Clairement moins en jambes, manquant de jus, le Majorquin n’a alors pu que regarder le Fedexpress passer (6-1).

Pourtant, encore une fois, c’est alors que d’aucuns imaginaient que l’affaire serait sans doute bouclée en 4 sets que le nonuple vainqueur de Roland-Garros fit de nouveau son retour dans la partie. Signant une sorte de copier-coller du deuxième acte, Nadal trouvait un second souffle tout bonnement phénoménal pour reprendre le Bâlois à la gorge. Acculé, moins fringant après déjà près de 3 heures passées à cavaler, le flamboyant jeu du Suisse s’étiolait ainsi petit à petit au fil des jeux, point après point, redonnant subitement à cette rencontre un énième air de déjà vu !

AO 2017 ou quand Federer aura refusé la défaite !

Car de l’autre côté du filet, encore sur sa lancée avec un break confirmé d’entrée (2-0, puis 3-1) au début du 5e set, Rafa semblait en effet parti pour décrocher son 15e titre du GC. Toujours aussi tranchant, féroce derrière sa ligne de fond, le protégé de Carlos Moya continuait son travail de sape sans trembler, tandis que Fédé semblait soudain rattrapé par l’ombre inquiétante de ses nombreux (et parfois si cruels) revers passés. Face à sa bête noire, le regard sombre, par moments résigné, comme ce fut si souvent le cas face à Rafa : à Roland-Garros, à Wimbledon en 2008 ou ici-même en 2009, l’horloger paraissait quant à lui de nouveau perdu, voué à laisser une nouvelle fois l’histoire se répéter…

Sauf que ce Federer-là n’avait plus envie de ça. Une fois n’est pas coutume, le tombeur de Berdych, Nishikori et Wawrinka (trois membres du Top 10) aux tours précédents, est parvenu à se faire violence. Dans un incroyable sursaut d’orgueil, le roi du tennis a en effet écrit l’une des pages les plus homériques de sa légende pour se faire justice ! Comme par magie, flirtant de nouveau avec les lignes pour mettre Nadal à deux mètres de la balle (à l’instar de cet échange stratosphérique de 26 coups), le chocolatier suisse a multiplié les douceurs pour s’octroyer les 5 derniers jeux du match avec la manière et par là-même son 18e sacre en Grand Chelem. Peut-être le dernier, peut-être aussi le plus beau, car en ce dimanche 29 janvier, c’est tant son bourreau que ses propres démons que Roger Federer, revenu de nulle part, a enfin fini par terrasser.

Les statistiques de la finale 

Lionel Ladenburger

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16 réactions à cet article    


  • cathy cathy 1er février 2017 18:31

    Superbe match.


    • Lionel Ladenburger Lionel Ladenburger 3 février 2017 15:30

      @cathy
      Assurement l’un des plus beaux affrontements entre le droitier suisse et le gaucher espagnol. A ranger aux cotes de leurs deux ou trois plus beaux matchs, notammement leurs affrontements mythique a Wimbledon en 2007 (victoire de Federer) et 2008 (victoire de Nadal). 


    • Surya Surya 1er février 2017 18:43

      Très bel article, technique pour ceux qui s’y connaissent en tennis (je connais les règles, ce qui me permet de suivre les matchs, mais suis loin d’être une experte) et qui ne manque pas d’humour non plus. Les surnoms que vous avez donnés à Nadal et Federer m’ont bien fait sourire. 


      J’ai toujours adoré Roger Federer. Pour moi, il a la classe et le fair play de Bjorn Born, dont j’étais une fan inconditionnelle fin 70s début 80s. Je n’ai pas vu ce match et le regrette, mais il y en aura d’autres à savourer avec « Rodgeur ». Je me rattraperai.

      • Surya Surya 1er février 2017 18:44

        Bjorn Borg


      • Lionel Ladenburger Lionel Ladenburger 3 février 2017 15:13

        @Surya
        Merci pour votre commentaire Surya ! Ce fut effectivement un match d’anthologie. Et si vous ne l’avez pas vu, je ne resiste pas a vous montrer le plus beau point du match.Juste pour le plaisir : https://www.youtube.com/watch?v=cDv6uCyq8OE


      • Lionel Ladenburger Lionel Ladenburger 3 février 2017 15:31

        @Lionel Ladenburger
        Et sinon oui, d’accord avec vous, Federer c’est l’elegance du tennis


      • vesjem vesjem 1er février 2017 19:04

        excellent hommage au meilleur tennisman de tous les temps (jusqu’à ce jour)


        • Lionel Ladenburger Lionel Ladenburger 3 février 2017 15:19
          @vesjem
          Effectivement, avec ce 18e titre en poche, le Maestro a ameliore son propre record de titres en tournois du Grand Chelem. Ce sera difficile pour Nadal (14) et Djokovic (12) de le rattraper (et c’est tant mieux j’ai envie de dire). Par contre, il lui reste encore un record a aller chercher pour assoir encore un peu plus ce titre de meilleur tennisman de tous les temps :https://fr.wikipedia.org/wiki/Records_de_titres_au_tennis

        • François Vesin François Vesin 1er février 2017 22:13

           « le chocolatier suisse a multiplié les douceurs »


          à Bâle, ce n’est pas le chocolat, c’est la chimie et les pharmas..
          à Lausanne par contre, ils ont été déçus en bien !!!

          • Lionel Ladenburger Lionel Ladenburger 3 février 2017 15:22

            @François Vesin
            Je sais bien, mais c’est plus romantique de dire « chocolatier » que « pharmacien »...

            Sinon, en Suisse qu’on soit de Geneve, Zurich, Bern ou Bale, tout le monde aime Federer. 
            Et meme si Wawrinka (l’autre grand joueur suisse) vient de Lausanne, meme dans le canton vaudois Federer compte de nombreux adeptes ;)

          • Legestr glaz Ar zen 2 février 2017 11:23

            10 millions de chômeurs en France. 


            Intéressons nous au tennis, il n’y a que ça de vrai. Ca occupe l’esprit. 

            • Lionel Ladenburger Lionel Ladenburger 3 février 2017 15:25

              @Ar zen
              Hors-sujet... il y a 10000 articles sur ce site qui parlent d’autres sujets que le chomage, pourquoi avoir choisi le mien pour deverser votre spleen ? 


            • Layly Victor Layly Victor 2 février 2017 11:27

              Pour moi, c’est peut-être le plus beau match que j’aie vu de ma vie, sur le plan technique, sur le plan physique et sur le plan moral.

              Les deux champions étaient au maximum et aucun des deux n’a déçu. Je pense que Nadal a fait tout ce qu’il était possible de faire, mais Roger a ce jour là approché la perfection.

              Vous avez raison de souligner que c’est avant tout une victoire morale de Roger sur lui même. Beaucoup de grands champions sont écœurés par la défense de Rapha et finissent par s’effriter moralement. Ce fut le cas de Dimitrov en demi-finale.
              En ce jour de gloire, alors que tout semblait de nouveau plié et qu’on s’acheminait comme d’habitude vers l’inéluctable, le chocolatier-horloger a décidé de ne pas accepter la défaite, et il a élevé son tennis à un niveau qui est du domaine du monde des rêves.

              Roger et Rapha, ils nous manqueront.

              • Lionel Ladenburger Lionel Ladenburger 3 février 2017 15:26

                @Layly Victor
                Excellente analyse Victor ! 


              • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 février 2017 06:45

                Merci pour cet article bien écrit. Je n’ai plus le temps de regarder le tennis comme j’aimais le faire du temps de Noah, Wilander, Lendl etc. mais j’aime me tenir au courant précisément sous l’angle psychologique que vous avez très bien explicité.

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