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Accueil du site > Culture & Loisirs > Sports > il était une fois... Guga !

il était une fois... Guga !

C’est l’histoire d’un jeune Brésilien, sorti de nulle part ou presque (il ne pointait alors qu’a la 66e place mondiale) qui, en 1997, allait déboulonner pas moins de trois anciens vainqueurs de l’Open de France pour créer ce qui demeure aujourd’hui encore la plus grosse surprise de l’histoire de Roland-Garros…

Déjà vingt ans qu’un ouragan venu d’Amérique Latine et nommé « Guga » a déferlé sur la terre-battue parisienne. Deux décennies plus tard, l’occasion est belle de revenir sur l’incroyable épopée réalisée par Gustavo Kuerten du coté de la Porte d’Auteuil. Souvenirs souvenirs.

Une enfance tragique mais heureuse

D’ascendance germanique, la famille Kuerten est originaire de Blumenau. Cette ville brésilienne, qui ressemble à s’y méprendre à une grosse bourgade alsacienne, fut le véritable bastion d’une vaste colonie allemande à partir de la fin du XIXe siècle. Né pour sa part à Florianópolis, à quelques 150km de là, le jeune « Guga » est le second des trois bambins d’Alice et Aldo Kuerten. Au sein de cette famille unie dont le père est un grand passionné de tennis plus que de football (une chose rare au Brésil), la venue au monde de son frère cadet, Guillerme, handicapé de naissance (suite à une privation d’oxygène lors de l’accouchement) sera la première épreuve. Mais le plus grand drame de l’enfance de Gustavo demeure sans conteste la perte de son papa. Ironie du sort, lors d’un de ces dimanches comme tant d’autres, c’est en arbitrant un match de tennis à l’occasion d’un tournoi auquel avait pris part ses deux fils, Gustavo donc mais aussi Rafael, l’aîné de la fratrie, que le malheureux Aldo trouvera la mort d’une crise cardiaque !

Loin de le détruire, fidèle au vieil adage « ce qui ne tue pas, rend plus fort », le champion carioca confessera des années plus tard dans son autobiographie que c’est probablement de cet évènement tragique qu’il aura tiré par la suite la force de caractère qui l’animera tout au long de sa carrière, jusqu’à l’amener un jour au sommet de la planète-tennis. Bien entouré par sa mère, sa grand-mère, son emblématique moustachu de coach, Larri Passos (un ami de son père qui deviendra au fil du temps une sorte de tuteur d’adoption) et son grand frère (qui après avoir longtemps cordé ses raquettes, deviendra son manager), Gustavo sacrifiera ainsi une grande partie de son adolescence pour franchir tous les obstacles vers le haut-niveau. Dans sa petite chambre de la section sport-études, à une centaine de kilomètres du domicile familial, les journées d’entrainement sont longues et ses courtes nuits sont souvent émaillées par de nombreux pleurs… Mais Guga s’accrochera encore et encore, et ce, jusqu’à pointer aux portes du Top 100 mondial à l’aube de ses vingt printemps, au milieu des années 1990.

Le jeune brésilien terrasse l’ogre autrichien !

Spécialiste de la terre-battue (à l’instar de la plupart des joueurs sud-américains), ce droitier au subtil revers à une main rêve de participer un jour à Roland-Garros. En 1996, son rêve se réalise, il intègre pour la première fois le tableau principal du Grand Chelem parisien. Et malgré la défaite au premier tour (face à Wayne Ferreira), le jeune brasileiro tombe d’emblée amoureux du temple du tennis sur ocre. C’est juré, peu importe quand ou comment, il gagnera un jour ici. A cette époque cependant, il ne se doute pas que ce moment arrivera bien plus vite qu’il ne le croît… Au printemps 1997, le Brésilien se présente Porte d’Auteuil avec le 66e dossard mondial sur le dos. Pas de quoi casser des briques a priori certes, mais quand même, il fait désormais partie de l’élite mondiale. En revanche, ses résultats en dents de scie (aucun titre ATP) n’incitent pas non plus au plus grand optimisme quant à ses chances de passer un voire deux tours sur l’ocre parisienne.

Pourtant, à la surprise générale, le joueur carioca, vêtu d’un ensemble jaune et bleu qui rappelle la tenue de l’équipe de foot du Brésil, va alors se mettre à enquiller les victoires comme les mômes collectionnent les images. Après deux premiers matchs bien négociés, le parcours de Kuerten semble cependant voué à s’arrêter au 3e round face au puissant Muster, vainqueur à Paris deux ans plus tôt. L’affaire s’engage effectivement mal mais suite à la perte du 1er set au tie-break, Guga se révolte et lâche ses coups, infligeant un cinglant 6-1 à l’ogre autrichien dans la seconde manche. Le match vire alors au bras-de-fer et c’est finalement le jeune Latino qui l’emportera, avant de récidiver au tour suivant face à un autre grandissime cogneur, Medvedev (futur finaliste de l’édition 1999). Sorti de l’ombre, les spécialistes louent alors les performances de Kuerten tout en annonçant malgré tout d’ores et déjà sa défaite, programmée au tour suivant face au tenant du titre, le Russe Kafelnikov.

Tombeur de trois anciens vainqueurs

Pour créer un nouvel exploit, Kuerten et son coach Passos décortiquent minutieusement le jeu du tsar. Passos a remarqué que « Kafel » est un diesel qui rentre doucement dans ses matchs. La tactique sera donc de le bousculer dès l’entame, sans round d’observation. Pour se faire, Guga s’échauffe comme un dingue pendant vingt bonnes minutes sur un court annexe juste avant son match. Bingo ! Quand il pénètre sur le Chatrier, le Brésilien a les jambes en feu. Et comme prévu, l’ex-Soviétique, surpris encaisse un 6-2 sans appel au premier acte. Vexé, « Kafel » se rebelle et prend le contrôle de partie. Mené deux manches à une, Kuerten tente le tout pour le tout. Epoustouflant du fond du court comme au service, il colle alors une bulle dans le 4e set (6-0) et arrache la victoire aux forceps au 5e (6-4). Des années plus tard, le tennisman sud-américain confiera qu’une fois l’obstacle russe franchi, il avait acquis la certitude que le titre lui tendait les bras. Et il avait raison, car Kuerten, que le public encourage désormais déjà au rythme des « Guga Guga ! », filera en effet dès lors vers la victoire avec autorité. Vainqueur en quatre sets du Belge Dewulf en demie, Guga signera son triomphe par un succès de prestige sur Sergi Bruguera, venant ainsi à bout d’un 3e ancien lauréat de RG pour soulever le trophée. 

Adulé par la foule pour son charisme et sa simplicité, le gamin s’essuiera les pieds en signe de respect avant de monter pour la première fois sur un podium qu’il gravira in fine trois fois (1997, 2000 et 2001). En cette année 1997, Kuerten a fait souffler un énorme vent de fraicheur sur la quinzaine parisienne. Et aujourd’hui, vingt ans presque jour pour jour après son incroyable succès, personne ne l’a oublié.

Lionel Ladenburger

Retrouvez tous mes articles sur :

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1 réactions à cet article    


  • Bernie 2 Bernie 2 30 juin 2017 22:21

    Bon bah, intérêt Gugga / commentaires : 6/0-6/0-6/0

    Rendez vous à Wimbledon, en espérant que la raclette helvétique rencontre le cogneur des Carpates en finale pour susciter l’intérêt. 

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