« Les hommes aussi pleurent »
Ces mots ont été prononcés par James Rodriguez, le jeune prodige colombien, au soir de l’élimination de son pays par le Brésil.
A l’issue de ce match le meneur de jeu de l’AS Monaco a fondu en larmes, ce qui nous a permis d’assister à l’une des plus belles images de ce Mondial, lorsque le défenseur brésilien David Luiz est venu consoler la grande révélation de ce tournoi.
Les larmes de ce jeune meneur de jeu doivent également nous faire comprendre que les footballeurs ne sont pas encore tous devenus des mercenaires qui ne jouent que pour l’argent. Nous avons vu dans ce mondial des joueurs se sublimer, faire preuve d’un esprit de solidarité comme on ne le voit plus en club depuis longtemps. L’équipe du Costa Rica l’a encore démontré samedi soir.
Beaucoup ont critiqué le comportement de Thiago Silva, le capitaine de la sélection brésilienne pour avoir fait preuve de trop de sensibilité, tout cela parcequ’il avait pleuré seul dans son coin avant la séance de penaltys en 8e de finale contre le Chili.
Plutôt que de vouloir brûler sur la place publique le défenseur du P.S.G, ne serait-il pas plus judicieux de se réjouir de son trop plein d’émotion, de ce moment de faiblesse, qui démontre avant-tout un attachement total au maillot de la sélection auriverde, mais aussi la face cachée du champion, celle qui fait qu’il est encore un être humain. Il est parfois bon de s’en souvenir.
Alors que nous reprochons à longueur d’année à tous ces footballeurs d’être devenus des robots n’est-il pas sain de voir que eux aussi ont des faiblesses ?
Nous sommes dans une société de la réussite à tout prix, où les faibles n’ont plus leur place, où il ne faut plus faire de sentiments. Alors lorsqu’on voit un homme pleurer en direct à la télévision, nous sommes choqués, qui plus est lorsque cet homme est un grand champion qui pourrait soulever la Coupe du Monde le 13 juillet prochain.
Pourquoi en sommes-nous arrivés là, à ne plus vouloir accepter qu’un homme puisse avoir des moments de fébrilité ?
Quelle est cette société qui ne veut que des héros beaux et forts, et psychologiquement infaillible ?
Pour souhaiter de tels modèles c’est avant tout parce qu’elle refuse de voir les souffrances qu’engendrent son fonctionnement, les millions d’êtres qu’elle laisse sur le bord du chemin.
C’est pourquoi nos champions doivent à nouveau ressembler un peu plus au monde qui les entoure. Et c’est pour cela qu’il est sain de les voir pleurer, comme le fit aussi le jeune Antoine Griezmann suite à l’élimination de la France vendredi dernier. Ces gouttes d’eau coulant sur son visage juvénile ressemblaient étrangement à celle de l’enfant ratant le penalty qui aurait donné la victoire à son équipe un samedi après-midi.
Oui , "Les hommes aussi pleurent", comme nous le rappelle le jeune James Rodriguez.
C’est aussi pour cela que la Coupe du Monde est un événement à part. Parce qu’elle ne nous montre plus des joueurs formatés sans âme et sans relief, mais qu’à la place elle nous offre des hommes avec leurs valeurs et leurs failles.
"Les hommes aussi pleurent", et c’est très bien ainsi.
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON