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Wunsch

Je suis chercheur en psychobiologie et docteur en neurosciences cognitives et comportementales. Mon travail de recherche concerne l’étude des bases neurobiologiques des comportements.
Je suis également un ancien acteur (mais toujours militant) du secteur socio-éducatif, et mes recherches ont également pour objectif de préciser quels pourraient être les apports des neurosciences aux sciences de l’éducation.

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  • Premier article le 10/08/2009
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Derniers commentaires



  • Wunsch 13 août 2009 10:10


    J’ai également beaucoup d’estime pour Laborit et ses travaux.

     

    J’ai regardé la vidéo de la conférence de Patrick Viveret à l’UTLS. C’est intéressant, en particulier les graphiques donnés en début d’exposé.

    Sans aucunement dénigrer la qualité de son intervention, on remarque là encore l’importance d’une recherche globale en équipe pluridisciplinaire, car une ou quelques personnes ne peuvent maîtriser tous les aspects d’un phénomène complexe.

    Par exemple, il dit vers la fin de l’exposé que les sociétés pré-industrielles avaient un meilleur rapport à la nature que le nôtre.

    Or des études récentes, basées sur des données historiques et archéologiques dans de nombreuses régions du monde, suggèrent que la majorité des sociétés n’ont jamais maîtrisé les problèmes d’environnement et de ressources. Seulement, comme ils étaient peu nombreux et dépourvu de techniques sophistiquées, leur impact sur l’environnement est resté relativement négligeable.

    Le meilleur exemple, typique, est les habitants de l’ile de Pâques, qui après la déforestation complète de leur ile, n’ont plus eu de bois pour l’énergie et pour fabriquer des outils et des bateaux pour la pêche, ce qui a entraîné famine, conflits et les a décimés.

    Voir : Constant Battles, (the myth of the noble savage), Steven Le Blanc, St. Martin’s Griffin, 2004

    Sick Societies : Challenging the Myth of Primitive Harmony, Robert B. Edgerton, Free Press, 1992



  • Wunsch 12 août 2009 19:26

    Si le problème se situe essentiellement au niveau de la complexité, pour quelles raisons existe-t-il dans le monde plus d’un millier de laboratoires dont l’objectif est de comprendre ce qu’est la mémoire et à peine 2 ou 3 dont l’objectif est de comprendre la sexualité ?



  • Wunsch 12 août 2009 19:24

    Le phénomène religieux, au sens large, dépend de nombreux facteurs, et sa compréhension nécessite une approche pluridisciplinaire : neurosciences, psychologie, psychosociologie, sociologie, et histoire au minimum.

    Mais comme il n’existe pas de structures de recherches spécialisés dans l’étude de la spiritualité, et qui soient pluridisciplinaires, indépendantes et dotées de moyens conséquents, il est aujourd’hui difficile d’identifier tous les facteurs et plus encore d’évaluer l’importance de chacun.

    Sous toutes réserves, les principaux facteurs seraient le besoin de donner du sens, les états de consciences modifiés, la mort, le conditionnement et l’environnement culturel, et parfois plus prosaïquement la reconnaissance sociale, le pouvoir.

    – Le facteur qui est sans doute le plus neurobiologique est l’état de conscience modifié (extase, transe, hallucination sensorielle …). On constate dans beaucoup de pratiques spirituelles, en particulier dans les sociétés non industrielles, l’importance d’activités spécifiques (méditation, musique, danses, hyperventilation …), généralement collectives, et avec parfois l’usage de substances psychotropes (comme les hallucinogènes). Dans certains de ces états de conscience modifié, la personne ressent des sensations intenses et particulières (division ou multiplication de personnalité, autonomie de l’âme, incorporation d’un esprit, fusion avec la nature ou l’humanité ...). De plus, ces états de conscience modifié sont souvent accompagnés d’émotions positives qui peuvent être très intenses (euphorie, exaltation, extase …), ce qui procure une puissante récompense (Reward pour les psychologues ou Renforcement pour les neurobiologistes) qui incite à revivre ces états. Ces expériences émotionnelles positives ont une grande influence sur les personnes (à peu près du même ordre qu’un traumatisme ; les exemples ne manquent pas de personnes qui après une « révélation » de la sorte changent de vie).

    – Un autre facteur à prendre en compte sont les besoins, et ici les besoins psychologiques lié à l’accomplissement de soi, au besoin de donner du sens (voir les travaux d’Abraham Maslow). Beaucoup de pratiques spirituelles s’accompagnent de récits cosmogoniques, qui décrivent la genèse de l’Univers et de l’Homme, et expliquent les raisons du Bien, et ce que devrait être la « bonne vie ».

    – La mort, surtout pour les plus âgés, quand elle se fait ressentir dans le corps, est un puissant facteur qui incite à la nier, et à se convaincre de l’existence éternelle d’autres vies (résurrection, principe vital (âme), réincarnation …).

    – Le fait de naître et de vivre dans un environnement religieux est un puissant facteur de continuité à reproduire les pratiques culturelles du groupe de vie (conditionnement culturel durant l’enfance, puis à l’âge adulte grandes difficultés à quitter son groupe social d’appartenance).

    – …

    – Puis plus prosaïquement, la recherche de la reconnaissance sociale et/ou de la richesse et/ou du pouvoir, en particulier pour les leaders spirituels, est également un facteur du prosélytisme et de l’intolérance des mouvements spirituels.

    C’est sans doute d’une combinaison de ces facteurs, et d’autres encore à préciser, qu’émergerait au niveau individuel et social le phénomène spirituel et religieux.

    En tout cas, ce qui semble indéniable, c’est qu’existe chez l’être humain un besoin d’une certaine spiritualité. Et il serait souhaitable de chercher comment le satisfaire de la manière la plus constructive, pour faire obstacle aux phénomènes spirituels omnipotents et intolérants. (Pour l’histoire, la révolution française avait essayé de promouvoir le Culte de la Raison pour remplacer le christianisme.)

    Et là encore, où sont les structures dont l’objectif serait d’étudier toutes ces problématiques, d’informer sur les aspects positifs et négatifs des mouvements spirituels existants, et de proposer des alternatives spirituelles constructives ?



  • Wunsch 11 août 2009 23:49

    J’ai récupéré l’article principal de Beauregard.
    Le temps de l’analyser, je répondrais demain.



  • Wunsch 11 août 2009 12:12


    Merci aux lecteurs pour leurs remarques et leurs informations.

    Quelques précisions :
    Sur la forme : le sujet est vaste et l’article est court. Forcément, il m’a fallu simplifier et schématiser. Un article plus long aurait été moins réducteur, mais j’ai choisi la brièveté pour exposer rapidement ce sujet, quite à renvoyer à des livres complémentaires les lecteurs souhaitant plus de consistance et de références dans les analyses.

    Sur le fond :
    1) Le peu de recherche sur des sujets concernant l’être humain.
    C’est ce qui m’a le plus interpellé durant mes recherches. Pourtant, nous sommes régulièrement confrontés à des phénomènes sociaux important ou majeurs : la crise économique, les mutations de la structure familiale (autorisation du divorce, adoption du PACS, familles recomposées), la libéralisation sexuelle et la légalisation de l’homosexualité, la légalisation et les débats concernant l’avortement, les différentes formes de violences (conjugales, harcèlement moral …), etc., etc.
    Ce qui est notable, c’est que ces sujets entraînent souvent des débats et des réactions individuelles ou sociales intenses, mais les recherches objectives sont bien rares. Ce qui amène la question finale de l’article : quel est le coût de l’absence de recherches sur des sujets si fondamentaux ?
    Pour donner un exemple basé directement sur les remarques des lecteurs, je vais prendre l’affirmation de tonton raoul : « faute d’instinct reproducteur basé sur l’attirance sexuelle hétéro, les hominidés auraient disparu depuis longtemps. » Cela apparaît comme extrêmement logique, c’est une évidence frappée de bon sens. Et elle est exprimée avec beaucoup d’émotion (c’est un euphémisme !).
    C’est déjà ce raisonnement qui existait au XVIIe, XVIIe et XIXe siècle. On le retrouve décrit en détail dans l’œuvre de Kraft Ebing, qui était la référence médicale du XIXe siècle. Il existe évidemment un instinct sexuel et toute activité qui ne permet pas la reproduction est donc forcément une maladie, un acte contre la « nature ». Sur la base de ce raisonnement, on a brûlé les « sodomites », incarcéré les homosexuels, et soigné les masturbateurs (entre autres avec le fouet, en excisant les filles et en brûlant le gland des garçons, etc.).
    Et ce n’est que récemment que des études plus rigoureuses ont montré que la reproduction chez les primates hominoïdes est un phénomène indirect (voir la courte explication et surtout les références dans la réponse que j’ai donnée directement à tonton raoul).
    C’est d’ailleurs simple à vérifier. En cherchant sur Internet, on trouve de nombreux textes faisant référence à l’instinct sexuel. Mais trouve-t-on un seul texte qui décrit précisément les mécanismes biologiques de cet instinct ? Et pourtant, aujourd’hui on est loin de manquer de données et de connaissances (cf. en particulier Anders Agmo et les autres références, basées sur des milliers d’études élémentaires). Seulement leur synthèse montre une réalité moins intuitive.
    Et ce problème décrit dans les 4 paragraphes précédents est valable pour tous les autres sujets présentés dans l’article.
    Juste pour donner rapidement un autre exemple, au risque de provoquer des réactions émotionnelles passionnelles et de me fâcher avec le million de personnes qui travaillent dans l’éducation et l’enseignement, des études sur l’enseignement à domicile suggèrent que les jeunes ayant fait leur scolarité dans leur famille ont des résultats équivalent et parfois meilleurs que ceux qui vont dans une école traditionnelle (cf. les études, entre autres dans la revue Home School Researcher). Ce qui évidemment questionne le système scolaire (premier budget de l’état), et l’absence d’école expérimentale. Mais pour rappel, les réactions (émotionnelles) provoquées par les différentes tentatives de réformes de l’éducation nationale et les « guerres » scolaires entre le public et le privé, ne sont-elles pas des raisons qui incitent au statu quo ?

    2) Le problème de l’étude scientifique du bonheur. Ou plus généralement le problème de l’étude « objective » de l’affectivité et de la subjectivité humaine.
    Plusieurs lecteurs ont bien noté que le « bonheur » est une notion très subjective, et que son étude scientifique est donc problématique.
    On peut néanmoins apporter les éléments de réflexions suivants :
    a) Il y a une dizaine d’années, on tenait un discours similaire concernant l’étude de la conscience. Depuis, et en particulier grâce à la technique de l’imagerie cérébrale, c’est un objet d’étude reconnu et des résultats objectifs sont disponibles. Par exemple, on sait que la conscience de soi n’existe que chez les primates hominoïdes, et que pour qu’un objet visuel soit consciemment perçu, il faut que les aires cognitives « carrefours » et les aires de la vision soient simultanément actives durant au moins 250 ms. Certes, les résultats actuels sont encore partiels, beaucoup reste encore à découvrir, mais l’étude objective de la conscience apparaît actuellement comme possible.
    b) Dans un premier temps, avant d’étudier le bonheur, on peut étudier un état proche et plus simple, l’état de bien-être. On peut aujourd’hui mettre en évidence des caractéristiques objectives et mesurables qui favorisent cet état : au niveau physiologique, la santé ; la satisfaction des besoins ; la socialisation ; les émotions positives ; l’absence d’émotions négatives aiguës ou chroniques (les méfaits du stress chronique sont maintenant bien connus) ; etc. Ces études et connaissances permettraient de bien préparer l’étude du bonheur.
    c) Ensuite, vous pouvez juger par vous-mêmes de la valeur et de l’intérêt des premières études sur le bonheur, en particulier celles de Mihaly Csikszentmihalyi et de Martin Seligman. En synthèse, il apparaîtrait actuellement que les caractéristiques suivantes seraient importante pour accéder à un état de bonheur : une caractéristique corporelle : la santé ; une caractéristique émotionnelle : le bien-être ; et une caractéristique cognitive : l’évaluation globale du sens de son existence. Cette évaluation cognitive du sens de son existence correspondrait : i) Dans le présent : à une évaluation positive de soi-même (ce que je suis), et à l’implication dans des actions ou des causes de portées universelles (ce que je fais). ii) Dans le passé : à la satisfaction d’une vie bien vécue. iii) Dans le futur : à la prévision et la probabilité d’une vie bien vécue, et à l’anticipation de la santé, du bien-être et du bonheur futur.
    d) Les techniques scientifiques progressent régulièrement. De nouvelles techniques permettront vraisemblablement dans quelques années de mieux étudier cet état.
    e) Enfin, éventualité à ne pas écarter, peut-être qu’on s’apercevra après plusieurs années d’investigations que l’étude du bonheur est impossible. Mais comment peut-on aujourd’hui faire cette affirmation a priori ?

    4) L’état des connaissances actuelles
    (suite à la remarque de Colre : j’ai l’impression que les processus que vous décrivez ne sont pas si inconnus que cela (la violence en tout un chacun, les failles du comportement parental, le rôle de la mère, la variabilité sexuelle, et puis finalement : l’imperfection de l’homme…)
    En effet, certaines données sont connues. Néanmoins, même si on sait depuis longtemps que la mère peut être à l’origine de violences envers ses enfants, la représentation culturelle dominante actuelle est que c’est surtout majoritairement les hommes qui sont les auteurs de violences envers les femmes et les enfants. Mais les études récentes montrent que les femmes sont en fait aussi violente que les hommes. (Cf. Bodenmann, Guy et Gabriel, Barbara « Le bien-être des couples suisse » dans Questions familiales, Office fédérale des affaires sociales (Berne) volume 4 numéro 2 page 50. (2004). Et Statistique Canada, La violence familiale au Canada : un profil statistique, Gouvernement du Canada, 2000. Et Laroche Denis, La violence conjugale envers les hommes et les femmes au Québec et au Canada, 1999, Gouvernement du Québec, 2003. Et également Sophie Torrent, E. Badinter).
    Mais surtout, si on continue les recherches, on arrive rapidement à des questions incontournables mais qui provoqueront des réactions passionnelles. Par exemple, dans l’éducation des enfants, faut-il utiliser des sanctions physiques ? Et dans l’affirmative, quel type ? Car il faut quand même savoir que les conditionnements, tant appétitifs qu’aversifs, sont un facteur majeur du développement et de la dynamique des comportements humains.
    Vous connaissez des études rigoureuses concernant cette question ? Pensez-vous qu’il soit imaginale actuellement d’en réaliser ? Même si les journaux sont pleins d’affirmations sur l’absence d’éducation et de repères de la jeunesse, même si les parents utilisent les sanctions physiques, les représentations culturelles dominantes de l’enfant (un être pur, fragile et innocent) interdisent toutes formes d’actions officielles ou institutionnelles qui puissent être assimilées à de la maltraitance infantile (je ne suis pas juriste, mais il me semble que légalement il est interdit aux enseignants/éducatuers d’employer des sanctions physiques).
    Comment alors faire de la recherche objective sur ces questions ?

    4) L’implication sociale du chercheur (suite à la remarque de Franck).
    On peut schématiquement distinguer 3 cas :
    – Avoir des a priori ou des intérêts (scientifiques, idéologiques, économiques …) et mener des recherches pour les valider (c’est anti-scientifique, mais c’est pratiqué. Cf. par exemple les « études » sur l’absence de nocivité du tabac).
    – Faire de la recherche en essayant d’être objectif et de ne pas intervenir dans l’action sociale (c’est l’attitude recommandée). Avec le problème que les connaissances publiées dans des revues scientifiques ne se diffusent guère auprès du grand public. Il faut alors espérer que des personnes ou des organisations les trouvent, les comprennent et les utilisent de manière constructive pour la société.
    – Faire de la recherche en essayant d’être objectif, tout en étant un acteur de la vie sociale, en associant ses compétences aux compétences complémentaires d’autres personnes, pour faire avancer des projets. Avec le risque dans le feu de l’action de se retrouver dans le premier cas. (C’est mon choix, et je l’assume.)

    5) Beaucoup d’autres points intéressants (et passionnels), exprimé dans les commentaires, pourraient encore être abordés, mais cela dépasse le cadre d’un article. J’espère que les lecteurs intéressés trouveront dans les références complémentaires des informations utiles.
    Mais surtout, j’espère avoir favorisé (même un peu) la réflexion pour une recherche importante et de qualité sur des sujets qui concernent directement l’être humain. Mais je reste lucide. Les progrès sociaux ont quasiment toujours été conquis après de longues luttes. Et comme l’indiquent bien vos remarques, les obstacles restent nombreux.

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