• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Bovinus Bovinus 23 septembre 2011 23:48

eric :

Sinon, le nouveau testament se représentant lui même comme l’accomplissement de la première promesse, il est à mon sens difficile de comprendre l’un sans connaitre l’autre, et cela marche dans les deux sens....

Je connais l’Ancien Testament, mais je rejette tout ce que ce qu’il représente. Je vous avouerai que j’ai assez peu de goût pour la théologie, je me contente de l’essentiel et de certains passages-clefs. J’ai probablement tort, mais on n’aurait pas assez d’une vie si il fallait tout étudier, tout connaître, tout savoir. De plus, pour le peu que je connais du judaïsme, il semblerait que certains de ces passages-clefs doivent être interprétés dans un sens totalement différent du texte tel qu’il est écrit dans la Bible. La « bonne » version serait dans la Torah, ou le Talmud.

À trop s’enfoncer dans les profondeurs de ces détails, on perd de vue l’essentiel, c’est à dire, les valeurs enseignées, qui peuvent être exploitées par la science sociologique, par exemple. Autrement dit, comme vous la définissez, l’analyse « matérialiste ».

A bovinus, vous avez raison, je tourne autour du pot pour ne pas entrer directement dans le sujet et ne pas vous prendre de front. Disons que la frugalité comme résultante de la foi de l’espérance et de l’amour est un résultat anecdotique d’un renoncement au moins partiel et sincère à la rivalité mimétique, une vraie libération, là ou une frugalité de combat n’est à mon avis qu’un maniérisme de renoncement, et je vous renvois à nouveau à ma chanson.

Chercher à restaurer le passé conduirait fatalement à l’échec et à la marginalité. C’est pourquoi j’estime que le mysticisme et la foi ne sont pas forcément nécessaires, pas plus d’ailleurs, qu’ils ne sont gênants - tant qu’on résiste à la tentation du prosélytisme. Si le christianisme était réservé aux seuls ermites, ascètes et saints, il ne serait jamais devenu ce qu’il a été - une haute culture prétendant à l’universalité. Tout comme auparavant la culture grecque, puis, gréco-romaine.

La « rivalité mimétique », autrement dit la « concurrence » (plus ou moins forcée, d’ailleurs) est imbécile. Il s’agit d’une interprétation perverse et malsaine, au demeurant abusive et fausse des théories évolutionnistes de Darwin. On en attribue la paternité à Spencer et Malthus, mais des légions entières de gredins, de faussaires et de canailles les ont suivi dans ce mouvement, connu sous le nom de « darwinisme social ». Cependant, ce n’est nullement une fatalité, et si la charité chrétienne s’y oppose évidemment, je vous ferai remarquer qu’elle n’a pas le monopole de la résistance. Les nihilistes, puis, les anarchistes russes s’y sont également opposés (voir les ouvrages de Kropotkine et de Bakounine, pour les plus connus ; on trouve également certaines idées très intéressantes à ce sujet chez Proudhon). D’autres cultures - notamment l’Islam - s’y opposent toujours, avec un certain succès.

Sommes-nous des bêtes, pour nous entre-dévorer comme des rats ? À un moment, les politiques, les banquiers et les journalistes ont réussi à le faire croire à des troupeaux entiers d’imbéciles, qui se comportent comme des rats depuis lors. Mais, au risque de me répéter, ce n’est pas une nécessité. Il suffit de nous rappeler que nous sommes des hommes, et non des rats.

Par vos doutes - au demeurant légitimes et justifiés, j’en conviens - vous me poussez, cher interlocuteur, à endosser les oripeaux d’une sorte de néo-prophète. Je n’en ai ni l’orgueil, ni la capacité, ni même l’envie. Je ne suis qu’un esclave parmi des milliards, qui réfléchit juste un peu et cherche à comprendre les choses. Ce que je prêche, je m’efforce de le pratiquer, dans la mesure du possible.

Je vois bien le danger de l’après. En admettant que si demain, des millions de gens en Occident refusent la consommation, l’argent virtuel et privatisé, la représentativité politique et l’ignorance, il faudra bien reconstruire une économie et trouver le moyen de nourrir les gens, et éviter qu’ils ne s’entretuent. Il est probable qu’un système similaire à l’actuel émerge aussitôt celui-ci renversé, puisque ce sont les principes et les valeurs qui nous guident qui sont mauvais. Il nous faut donc des principes et des valeurs neufs, et, dans cette éventualité, la frugalité et la tempérance sans la foi ne nous seraient d’aucun secours ; bien au contraire, elles feraient de nous des salauds redoutables et endurcis. La spiritualité est donc indispensable pour le monde qui vient après celui-ci, vous avez raison sur ce point.

Cela implique toutefois une sévère rédemption, c’est à dire, une armée de martyrs et de prophètes, voire, un Messie. C’est ce que vous attendez, n’est-ce pas ? Il faudra bien que cela arrive, et sans doute cela se produira-t-il lorsque nous serons au fond du gouffre. Je ne fais que proposer un moyen de hâter la chute ; d’après les Écritures, ceux qui croiront seront sauvés. Je ne crois pas, mais je préfère encore m’écraser au fond du trou que d’accepter d’être un rat. C’est commettre le péché d’orgueil ; eh bien, tant pis. Pour moi, plutôt Ivan Karamazov que Aliocha. À chacun de choisir selon sa conscience.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès