Merci, je ne connaissais
pas cet entretien passionnant et auquel j’adhère globalement. J’en
connaissais seulement la phrase sur Marine le Pen, surprenante venant
d’elle si on ne lit pas l’ensemble. Chalot fait d’ailleurs remarquer
que le FN est pour le financement public des écoles privées
confessionnelles (catholiques je suppose), Quoi qu’il en soit, sa
pique a été salutaire avant les présidentielles.
Tu as dû tiquer un peu
sur ce passage (rapport à ton article sur le programme scolaire qui
mentionne la théorie du genre) :
« La reconnaissance, par
exemple, grâce à la psychanalyse, puis au féminisme, de la
bisexualité humaine - chacun d’entre nous étant un composé
exceptionnel de féminité et de virilité - a été fort
propice au fait que nous puissions aujourd’hui vivre plus
longtemps »
Je ne crois pas qu’il y
ait des valeurs universelles, mais des valeurs auxquelles beaucoup
aujourd’hui peuvent adhérer, socle d’une une sorte de philosophie
laïque pour combler le « vide de sens » dont parle le
journaliste dans le chapeau de l’article ;
« Pour la philosophe
Élisabeth Badinter, la fin des grandes idéologies du XXe siècle a
fait place à un désarroi, à un vide de sens qu’il s’agit de
combler pour contrer le retour en force du religieux et la tentation
du fondamentalisme, et ainsi défendre la laïcité française. »
E, Badinter conclut : « La
gauche a laissé s’installer l’équation suivante : défense de
la laïcité égal racisme. »
En voulant faire plaisir à
tous, l’égalité des droits appliquée à la religion, on obtient le
communautarisme remplaçant la laïcité. C’est donc bien vu, de sa
part et de ceux qui relaient la question dans leurs articles ; sans
vraiment en mesurer la portée, cette attitude, faite de
compréhension et d’écoute des administrés et des groupes sociaux,
a affaibli l’idée même de laïcité, à droite (déjà pas
franchement convaincue à ce sujet, vu leur amour de l’école privée
catholique et des électeurs afférents) mais aussi à gauche.
Elle reconnaît que la
religion est une grande consolatrice ; d’où la difficulté de
trouver une philosophie ou des valeurs consensuelles pour les
remplacer dans la sphère publique, Sans oublier que l’immense
majorité de la Terre est faite de croyants. Les athées, les
agnostiques sont une petite minorité ; même si on y ajoute les
croyants qui adhèrent à l’idée de la religion limitée au domaine
privé, ça ne fait pas grand monde – d’où la difficulté pour les
politiciens de défendre la laïcité, à mon avis. Il n’y a pas que les pays arabes, aux USA, se dire athée c’est déjà être militant, risquer d’être mis au ban de la communauté, voire agressé.
L’idée est à la
fois mal comprise, combattue par toutes les religions et
ultraminoritaire dans le monde ! Je dis combattue car même si les
religions font parfois mine d’y adhérer, elles luttent toutes pour
augmenter leur sphère d’influence : convertir, sauver les âmes, est
un devoir pour les croyants. La laïcité est une espèce en danger,
une idée menacée de disparition !