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Bovinus Bovinus 4 novembre 2011 12:42

Tout cela n’est qu’escroquerie intellectuelle et désinformation.

Parler de la loi de 1973 en prenant bien soin d’ « oublier » de mentionner l’indexation, supprimée 10 ans plus tard est déjà assez malhonnête en soi. Si il est indiscutable que dans un système où l’État se prête à lui-même l’inflation est supérieure à ce qu’elle est dans le système actuel, ceux qui en pâtissent le plus sont les gros détenteurs de capitaux. L’indexation protégeait sans aucun souci les smicards et les classes moyennes, tandis qu’elle attaquait le pouvoir d’achat des minorités fortunées. Autrement dit, un tel système était favorable au plus grand nombre.

Or, qu’avons-nous aujourd’hui ? Une économie réelle (celle où des gens travaillent réellement pour produire des biens ou services réels) en manque de masse monétaire, ce qui provoque un chômage injustifiable et intolérable. En contrepartie nos chers capitalistes sont à l’abri de ce fléau redoutable qu’est l’inflation et peuvent spéculer tranquilles (au lieu par exemple d’investir dans l’économie réelle du pays). Et une dette publique qui à force d’intérêts est devenue odieuse.

Ça c’était pour le point 1. Le point 2 est carrément mensonger : en gros vous êtes en train d’essayer de nous dire que ce ne sont pas les méchantes banques qui prêtent à l’État, mais de gentils ménages épargnants, autant dire que vous nous appelez à croire au Père Noël. Ce n’est pas ainsi que ça marche et vous le savez très bien. Ce que vous appelez « épargnants » ce sont en réalité des fonds de pension anglo-saxons, de très gros spéculateurs indépendants (genre Soros), des États tiers (genre Japon, Chine, Arabie Saoudite), des hedge funds ou même des entreprises (genre compagnies d’assurance). Rien que du très catholique. Ce qui rend notre État vulnérable aux pressions extérieures et aux manipulations de toute sorte, tout en grevant le poids de la dette du poids des intérêts. Pourvu que l’un de ces créanciers n’aille pas se plaindre auprès d’une agence de notation genre Fitch ou S&P qui nous ferait perdre notre triple A, évènement dont les conséquences nous sont maintenant bien connues. N’est-ce pas, monsieur l’expert ?

Le point 3, au sujet de la « discipline budgétaire », équivaut à poser comme un axiome que les hommes d’État ne sont que des imbéciles incompétents auxquels il convient d’imposer bon gré mal gré de la « discipline budgétaire ». Du grand n’importe quoi que seul un imbécile total pourrait gober, ou peut-être un enfant de 3 ans. Ce que j’ai dit plus haut en réponse à vos points 1 et 2 démontre largement à qui une loi de ce type profite en vérité : à tous ceux qui ont énormément de capital. En réalité, imposer une quelconque « discipline budgétaire » à l’État, c’est le priver de marge de manœuvre. C’est comme si sur une automobile on bloquait l’accélérateur. Et pour effectuer un dépassement ou monter une cote on fait comment, Einstein ?

Le point 4 n’est que verbiage technocratique rempli de jargon pour faire genre « je maîtrise trop », apparemment destiné à fustiger la gauche, mais qui n’explique rien en substance. Pour faire simple, l’économie occidentale était un peu en crise à ce moment-là pour des tas de raisons (fin du dollar-or, deux chocs pétroliers, récession américaine, etc), et Reagan avec sa copine Thatcher n’ont rien trouvé de mieux que de faire sauter toutes les barrières à la spéculation planétaire et d’inonder le monde entier de dollars de papier. C’est à cette époque-là que le néo-libéralisme ou l’ultra-libéralisme s’est vraiment déchaîné.

Si l’auteur dit vrai quelque part ce n’est que lorsque il avertit que restaurer l’ancien système monétaire pré-1973 ne résoudra pas nos problèmes. Le fond de l’article est donc juste : Mme Le Pen et ses autres collègues NDA ou Mélenchon sont des une bille en économie et ne font qu’ânonner à qui mieux mieux des slogans électoralistes qui ne seraient de toute façon pas tenus si ils étaient élus (ce qui ne se produira de toute façon pas).

Pour avoir vraiment un résultat tangible, il faut être beaucoup plus réaliste et radical. Suit ci-après un programme simple en six points qui, au moins, fonctionnerait.

1. Sortie unilatérale et rapide de l’UE et donc de la zone euro. Cela aura probablement pour effet - comme le dit l’auteur, rendons-lui justice sur ce point - de désintégrer les dites institutions et entraînera automatiquement une revalorisation (certainement négative) des actifs et passifs libellés en euros.

2. Moratoire temporaire sur les intérêts de la dette. Les conséquences, là encore, seront violentes et risquent de ne pas plaire à tout le monde.

3. Mise en place immédiate de barrières tarifaires et douanières élevées (cela s’appelle le protectionnisme), et de contrôles à l’entrée et la sortie des capitaux. Il est possible que pour éviter l’effondrement et les paniques bancaires, les sorties dussent être bloquées pour un temps (ce qui équivaut à une presque nationalisation sans en être une).

4. Nationalisation immédiate des institutions de la monnaie et des grandes banques du pays (probablement de toute façon déficitaires). Il convient également de procéder à la nationalisation des bourses (hé oui, beaucoup ne le savent pas, mais la bourse de Paris appartient à une entreprise américaine, si je ne me trompe, le NYSE). Et, création d’une banque nationale de crédit et d’investissement. Des réformes financières et fiscales sont à prévoir, mais cela peut être fait dans un deuxième temps.

5. Mise en place d’accords d’échange bilatéraux avec les grands partenaires habituels de la France, et tous les pays francophones (ce qui aura le mérite de redonner un peu de contenu à Organisation Internationale, moribonde, de la Francophonie).

6. Nationalisation des grandes entreprises stratégiques d’État (par exemple, à 51%) comme Areva, SNCF, Orange, la Poste, etc. Également, réinvestissement des campagnes, qu’il convient de repeupler en ignorant les quotas et en arrêtant d’acheter des tomates en Espagne. En même temps, lancement d’un vaste programme d’industrialisation, de construction ou de rénovation d’infrastructures ainsi que de réarmement. Il va de soi qu’avec un tel programme, les mécontents seront nombreux ; avoir quelques canons supplémentaires de son côté calmera leurs ardeurs.

L’effet serait très rapide et très tangible, mais pour proposer un tel programme, il faut avoir des couilles. C’est, à notre époque de femmelettes et de gays, une denrée devenue introuvable.


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