J’admets que vous rejetiez cette hypothèse - et je le répète, cette simple hypothèse - qui tend pourtant à résoudre bien des contradictions qu’on observe dans cette affaire.
1- Avez-vous donc une autre hypothèse qui expliquerait
- qu’on s’acharne à la fin de 1894 sur un officier innocent, auquel on ne peut prêter aucune motivation crédible pour justifier un acte de trahison,
- à qui on impute, avec faux à l’appui, une transmission d’informations qui n’ont guère d’ importance en matière d’artillerie, comme le montre le parc de canons français observé en 1914,
- tandis qu’au contraire, on protège avec la même énergie qu’on met à compromettre l’innocent, un agent de renseignement, Esterhazy, dont in ne fait plus de doute qu’il a transmis les documents incriminés ?
2- Croyez-vous vraiment que ce genre d’opération puisse laisser des traces écrites de la part des instigateurs ?
3- Comme le soulignait Cambronne avec raison, les opérations d’influence qu’on a observées au cours du 20ème siècle ne conduisent-elles pas à s’interroger sur des affaires qui n’ont pas été élucidées ? Il importe de le faire avec prudence, certes, mais on ne peut pas écarter d’office ces hypothèses. L’Histoire qui se résume à ne fouiller que les traces écrites, peut-elle rendre compte des relations humaines le plus souvent fondées sur des leurres qui ne laissent, eux, aucune trace écrite ? Paul Villach