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HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 15:38
« Qui, politise l’affaire du niqàb à la Manouba ?

Par Habib Mellakh, universitaire, syndicaliste. Département de français, 
Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)

Comment peut-on croire que les enseignants de la Manouba refusent l’accès aux cours, aux examens à une étudiante se voilant intégralement le visage parce qu’ils ont un parti pris politique ?

Comment ne pas se rendre compte que ces mêmes enseignants acceptent cette étudiante dans l’enceinte de la faculté, à la buvette, justement parce qu’ils n’ont pas de parti pris politique et qu’ils respectent la liberté de croyance ?

Pourquoi leur nie-t-on le droit de défendre un parti pris pédagogique qui considère que la relation interactive est à la base de la réussite de toute formation, que le principe fondamental garant du bon fonctionnement et du succès de la transmission et de la réception de la connaissance est la coopération entre des individus qui acceptent la communication et le dialogue ?

Pourquoi oublie-t-on que la situation d’apprentissage est, comme toute communication, basée sur un pacte socio-éthique et sur une relation de confiance qui fait que l’enseignant a parfois été perçu comme un saint ? La fonction d’enseignant n’est-elle pas perçue comme un sacerdoce, justement parce qu’elle revêt un caractère quasi religieux par la vertu et le dévouement qu’elle exige ?

Pourquoi autorise-t-on qu’on bafoue la dignité des enseignants en leur faisant le procès d’intention qui fait d’eux des satyres potentiels, tentés par le diable, incapables de résister à leurs désirs et succombant fatalement à des appétits libidineux ?

Comment peut-on me confier la formation de l’esprit, si on me nie toute aspiration à une élévation morale ou spirituelle ou si on me soupçonne d’être habité par l’esprit du mal ?

L’enseignant ne prétend en aucune façon diriger les consciences et refuse la tentation de l’endoctrinement mais il ne saurait accepter d’atteinte à sa dignité ou à son intégrité morale ni de soumission aux adeptes du prêt-à-penser ou à des directeurs de conscience qui prétendent soumettre le monde à leur idéologie. Ce sont ces directeurs de conscience qui, sous couvert de la liberté religieuse, manipulent ces étudiants et les instrumentalisent politiquement comme le montrent de nombreuses vidéos qui sont diffusés sur les réseaux sociaux et particulièrement sur la page Talaba-révolution de Facebook. Ce sont eux qui s’abritent derrière les libertés individuelles pour tuer la liberté. Ce qu’on oublie trop vite, c’est qu’ils ne sont pas dans la posture d’une minorité persécutée mais d’une minorité qui, en pays d’Islam, compte imposer sa lecture de l’Islam. Qui, politise l’affaire du niqàb à la Manouba ? ».

Salah HORCHANI

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