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Morpheus Morpheus 25 janvier 2012 12:24

Je comprends ce que vous voulez dire en parlant de « voter avec le cœur », et pourtant, je ne suis pas du tout sûr que cela soit opportun, au contraire. Voter "avec le cœur", cela renvois à un acte émotionnel (le cœur = l’émotion ; la tête = la raison), et c’est précisément en jouant avec les émotions (notamment, la peur du F.N.) que l’on arrive à imposer le « vote utile », qu’il soit « utile » à la gauche ou la droite (cf. les 80% de Chirac face à Le Pen).

Il serait bien plus judicieux d’inviter les électeurs à voter avec la tête, c’est-à-dire en connaissance de cause, donc après avoir évalué les différents programmes des divers candidats.

Ce qui mène à un autre problème inhérent à la gouvernance par représentants : les programmes partisans. Lorsque l’on vote pour tel ou tel candidat, celui-ci est, dans 99% des cas, issu d’un parti politique. Déjà, c’est le parti qui décide qui sera le candidat, et non les électeurs. On aboutit déjà à un choix biaisé, puisqu’on en arrive à devoir voter pour des candidats que les électeurs n’ont pas choisis eux-mêmes. C’est le premier point.

Second travers, cette logique de parti veux que pour parvenir à gagner une élection, il FAUT en passer par un parti, à moins d’être soi-même immensément riche. En France, pour des raisons culturelles, cela ne passe pas (on n’est pas encore au USA). Car seul le parti, avec les moyens de financement dont il dispose, peut permettre de se poser en candidat « sérieux » (lire "vainqueur crédible") : par conséquent, le dictat du parti devient le passage obligé de tout candidat à l’élection présidentielle (ou à n’importe quelle élection, d’ailleurs, ceci valant pour les députés ou autres représentants).

Troisième problème, le programme lui-même : voter pour un candidat revient à voter pour un programme. Or, dans un programme, il est extrêmement rare que l’on soit favorable à CHAQUE point du programme. Il est beaucoup plus probable que l’on soit en faveur de tel ou tel point du programme (dont certains points jugés plus importants, et cela varie évidemment d’une personne à l’autre). Il est même tout à fait possible que tel point de programme nous déplaise grandement, tandis que tel autre point du programme du parti adverse nous semble bien. Mais en votant pour un candidat de parti, on n’a pas le choix : c’est tout ou rien.

De plus, quelque soit le candidat, dans le système de gouvernement représentatif, on se retrouve face à des personnes qui sont professionnels de la politique. Celui signifie que la politique représente leur plan de carrière : ils doivent durer toute leur vie dans le milieu politique. Cela conduit inévitablement à des compromissions. Et qui est trahis par ces compromissions ? Les électeurs, inévitablement, puisqu’en dehors des élections, il n’existe aucun contre-pouvoir. Ce qui, il ne faut pas être grand clerc pour s’en rendre compte, est un bien maigre « contre-pouvoir » (si tant est qu’on puisse encore parler des élections en ces termes).

Cela nous mène à nous interroger sur la notion même de suffrage universel. Personne ne contestera que le suffrage universel (une personne = une voix) représente un pas déterminant dans la définition d’une démocratie véritable. Mais cette seule notion ne suffit pas à déterminer si un régime politique est démocratique ou non : après tout, l’URSS avait aussi adopté le suffrage universel, et le Chili de Pinochet en faisait pareillement usage ...

La chose que l’on a trop souvent tendance à oublier (à faire oublier), lorsque l’on parle de démocratie et de suffrage universel, c’est CE POUR QUOI LE PEUPLE VOTE. Vote-t-on pour des « représentants » (= programme / paquet) ? Ou vote-t-on pour des mesures précises (= [pléonasme]démocratie directe[/pléonasme]  ?

A y réfléchir de plus près, la démocratie, ce serait plutôt l’implication directe des électeurs dans la prise de décision sur telle ou telle mesure, point par point, bien plus que sur des « paquets de mesures » que sont des programmes. De plus, même en élisant programme à travers la désignation d’un « représentant », nous n’avons aucune garantie que le dit programme soit respecté (aucune forme de reddition des comptes dans les structures actuelles) : dans la réalité, les promesses électorales restent bien souvent ... de belles promesses.

En conclusion :

- le choix de la raison demeure encore préférable - de loin - à celui des émotions (du cœur).

- le suffrage universel n’a vertu démocratique que pour choisir des mesures, non des individus représentant des « paquets de mesures ».

Problème : aucun candidat n’est favorable à un changement radical du système, à savoir faire de la France une démocratie dans le véritable sens du termes.

N’est-il pas merveilleux de se sentir piégé ?


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