Mais, bien sûr, cher « Brisefer », vous avez étudié la technique vocale « auprès de grands professionnels et au conservatoire », et c’est peut-être pour cela que vous portez un regard aussi critique sur la voix de Nana Mouskouri.

Moi aussi, je suis passé par le Conservatoire. On m’y a enseigné un savoir et une technique de qualité, cependant pour ce qui en est du « coeur » et de la « tolérance », ZERO !

C’est une réaction typiquement intellectuello-franchouillarde de penser qu’exprimer une émotion en musique, c’est faire des erreurs de technique. Et c’est très mal vu. Ecoutez nos lauréats des Conservatoires en concert. La technique est parfaite, mais ON S’EMMERDE parce qu’il n’y a pas d’émotion, pas de partage avec le public. Du note à note sans vie.

Qu’on arrête de nous bassiner avec ce dénigrement de la musique qui n’est pas estampillée « pour intellectuels » ou « pour mélomanes avertis sortis du Con-servatoire »...

Mais vous avez vu l’état de la culture musicale française de nos jours ? Les jeunes ne s’y reconnaissent pas du tout. La musique « du haut » les méprise, ne leur tend pas les bras. Je pense qu’il faut écouter la musique avec son coeur d’abord, et que c’est ensuite qu’on peut l’écouter avec sa tête. C’est l’inverse qui se passe dans ce pays, et les gens décrochent, et se jettent sur la musique anglo-saxonne.

Beaucoup de gens qui ont réagi à votre article l’ont dit, Nana n’a jamais prétendu être une grande chanteuse classique. Et alors ? Même étant née en Grèce, elle a poussé des chansons françaises hors des frontières. Avez-vous déjà essayé de faire écouter de la chanson française à des étrangers ? Moi j’ai passé quelques années en Angleterre... Beaucoup d’anglais n’accrochaient vraiment pas facilement. Si Nana chante, ça passe. Pourquoi ? Certainement parce qu’elle était aussi connue au Royaume-Uni, mais surtout grâce à sa très belle voix et ses interprétations intelligentes, simples et accessibles !