Bonsoir,
Je reviens sur
votre interrogation concernant le cas soudanais, qui correspond de manière
moins évidente à la clé de lecture que j’ai proposée. L’alliance dont j’ai
parlé est d’une certaine manière à géométrie variable : chacune des parties a
des objectifs propres et qui peuvent être contradictoires, voire diamétralement
opposés. Il ne s’agit pas d’une alliance idéologique (sauf peut-être entre les Etats-Unis
et Israël) mais de realpolitik. Il ne s’agit pas en effet d’une alliance contre
un ennemi commun. Dans le cas du Soudan, l’objectif de toutes les parties était
la partition du Soudan. Il est évident que l’Arabie Saoudite ne soutenait pas
la même partie au conflit que les deux autres membres de l’alliance. Pour
l’Arabie Saoudite, qui n’a pas besoin du pétrole soudanais, la partition lui
permet d’espérer influencer encore davantage politiquement et religieusement le
devenir du Soudan du Nord. Pour les États-Unis et Israël les ressources
pétrolières du Sud Soudan (l’essentiel des ressources pétrolières se situent au
Sud Soudan) jouent un rôle plus important. Pour les uns et les autres, partageant
le même objectif, la partition du pays, il fallait qu’un conflit éclate, s’envenime
sur des lignes ethno-religieuses. Les atrocités commises par les milices islamistes
(Janjawid du côté du Nord) et par les rébellions du Sud (soutenues par l’Occident)
ont justifié la partition sur des lignes ethno-religieuses. Les membres de l’alliance
sont tous gagnants dans le résultat. Les perdants sont les Chinois qui
soutenaient Khartoum et n’avaient pas d’intérêt à la partition. Je développerais
cela plus tard dans un article ultérieur.
Guillaume de Rouville