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Fred59 31 mai 2012 11:54

A l’auteur : Ce conditionnement eurobéat, supporter de stratégies non moins génératrices de haine que les deux fronts, feint d’ignorer les enjeux de pouvoir derrière ce que vous appelez « crise ».

Vous postulez qu’il y a une crise, sans le prouver. Or nous souffrons de deux maux : la dépendance monétaire au secteur privé, et l’interdiction de réguler ce qui entre et sort de nos frontières, qu’elles soient communes ou pas. L’erreur est celle du médecin qui, voyant une femme battue, diagnostiquerait une maladie inconnue et mystérieuse provoquant des hématomes et chercherait une médication. Ca doit être psychosomatique, certainement...

Vous postulez ensuite que cette « crise » serait le symptôme d’un système qui aurait failli : c’est intéressant car comme le FN vous estimez qu’il y a un système : mais vous vous refusez à le décrire, et vous devenez soudainement nombriliste quant à l’étude des causes. Soudain le reste du monde, l’histoire, les rapports de forces n’existent plus.

A la création de l’€, 1€=1$. Maintenant, 1€=1$ quand nous importons des produits manufacturés des USA, mais à part ça 1€=1,3$. Allez exporter avec ça ! Vous n’en touchez pas mot. Les USA, eux, ont une politique de taux de change (et ils ont raison).

Nokia et Erikson ont eu des difficultés financières. Ont-ils construit un géant européen ? Eh bien non, Nokia s’est alliée à Motorola et Erikson à Sony... Avec à chaque fois des transferts technologiques à la clé. Qui s’oppose le plus fermement à la construction d’une industrie européenne, si ce n’est la Commission Européenne elle-même ? Par exemple Mme Neelie Kroes, ancienne dirigeante de l’avionneur américain Lockead Martin, chargée à l’époque de la concurrence dans la commission Barroso... Pas un mot sur cette tendance lourde, répétée à l’infini depuis 30 ans.

Je vous rejoins sur le rappel que les immigrés ne sont en rien à l’origine de nos difficultés : comme le salariat français, ils ont subi. Mais les chefs d’entreprise, vous les exonérez un peu trop facilement : car enfin, l’UIMM, le Medef, le Cercle de l’Industrie, le Premier Cercle de l’UMP, ce n’est pas rien ; Michel Rocard lui-même reconnaît leur rôle. Je pense que c’est peu respectueux de les présenter soit comme des incompétents n’ayant pas de projets, soit des sots incapables de les réaliser. Alors quoi ? Tous ces think tanks, ces postes de députés, ces dons aux partis, ces clubs internationaux, la FAF, Notre Europe, l’institut Montaigne... Tout ça pour rien, vraiment ?

« La réduction des déficits publiques doit être la priorité » : Certes, certes... Nous versons aux banques privées 53 milliards d’euros d’intérêts pour un service qu’elles n’ont en réalité pas rendu. La création monétaire n’est qu’une écriture comptable : on peut la rémunérer en temps de travail, et cela ne coûtera pas 53 milliards. De l’arrêt de cette usure, qui est le point commun des programmes économiques des deux fronts (et de quelques malheureux citoyens orphelins de mouvement raisonnable et vaste...), vous ne soufflez mot : au lieu de cela, vous vous focalisez sur ce que vous appelez des efforts.

Cela veut dire que vous préférez couper dans les dépenses nécessaires, là où ce sera douloureusement ressenti, plutôt que dans les dépenses inutiles.

« Notre problème économique est propre à nous-mêmes » : tout à l’heure c’était le système qui avait failli, maintenant nous sommes les coupables. Etrange. Le problème de cette approche, c’est qu’effectivement on va commencer à demander « qui, parmi nous, alors ? ». Cette approche favorisme le racisme, comme en Allemagne où on traite ouvertement les gercs de fainéants et de voleurs, ou comme en France dans la proposition de référendum que Sarkozy avait balancée entre les deux tours.

« Le premier échelon de cette solidarité doit être l’Union Européenne qui représente 60% de nos échanges environ » : bah oui, avec un taux de change laissé à l’abandon, ça provoque effectivement un repli sur soi. C’est étonnant, là aussi, car plus haut vous dénonciez le repli sur soi, là vous l’actez comme un fait acquis et plus encore, vous souhaitez qu’il s’aggrave. En quoi sommes nous naturellement partenaire des Bulgares plus que de la Francophonie ou encore de l’amérique du Sud ? On ne le saura pas.

Concernant la corruption, nous nous rejoindrons car le sens de l’Etat est effectivement le point fort du Modem.

La charge que je vous fais à votre texte est violente dans son argumentation, mais je ne doute pas que vous puissiez approfondir et défendre votre approche - et peut-être parfois reconnaître que certaines de vos phrases-pivôts sont des éléments de langage impensés, dont les fondements méritent parfois d’être revus.


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