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Tristan Valmour 26 juin 2012 14:48

Voici la vérité :

 

  1. Sur l’imagerie médicale.

 

Si le fMRI donne une représentation plus précise de l’activité cérébrale que le PET, la précision n’est pas encore au top. D’autre part, ces images sont soumises à une interprétation du chercheur. Vu la complexité du cerveau, les erreurs d’interprétation sont fréquentes. D’autre part, la carte n’est pas le territoire.

 

  1. Sur les expérimentations

 

Quand on cherche, on peut trouver ce qu’on cherche. Tout dépend en fait du protocole employé. Malheureusement, devant les enjeux financiers conséquents, point d’études randomisées, point d’études longitudinales…

 

Voici ce qui se pratique : j’étudie un objet d’études (le tai-chi, la lutte gréco-romaine, la consommation de canard laqué…). Je veux trouver un bienfait (ça développe l’attention, ça diminue le stress, ça augmente le raisonnement…). Je choisis un groupe de contrôle et je choisis un groupe test (exit les critères socio-économiques, le degré de culture…). Je fais passer mes tests et mes exercices. Je trouve une différence entre le groupe de contrôle et le groupe test sélectionnés par mes soins (avec mes critères), et je conclus que ça fonctionne. Je crée une entreprise, je vends mon programme.

 

Enfin, les études sont publiées trop tôt, trop vite, et connaissent de nombreux biais. Une des raisons : les chercheurs sont payés à la publication. Fini le travail bien fait.

 

3. Sur la psychométrie

 

La psychométrie est la mesure de la performance de l’esprit, et non la mesure de l’esprit. Ils sont faits pour trouver des différences individuelles, et vont donc en trouver. Les tests d’intelligence sont des tests psychométriques. Malheureusement, ils n’ont rien de scientifique ne serait-ce que parce qu’ils ne remettent pas en cause le postulat que ce sont leurs tests qui mesurent l’intelligence. D’autre part, notre manière de raisonner et le processus de raisonnement dépend de l’objet sur lequel nous raisonnons. Les tests ne mesurent pas cela, c’est trop compliqué. Les tests lavent plus blanc que blanc comme la lessive Omo : on en est à Wechsler IV, signe que les trois précédents qui pourtant disaient si vous étiez intelligents ou complètement cons se sont trompés. D’autre part le QI n’est plus un quotient, mais un rang. Parlons aussi de l’effet Flynn. Par rapport à nos ancêtres qui vivaient au début du XXe siècle, nous serions quasiment deux fois plus intelligents si nous passions leurs tests. Vraiment ? Encore une chose, mais il y aurait tant à dire sur les tests bidons et pourtant très populaires, la moitié des MENSA, c’est-à-dire des types qui ont un volume de cerveau de 3000 cm³ au moins, croient en l’astrologie.

 

Faire une étude peut-être bidon, et dire que cela augmente l’intelligence sur la base de tests très imparfaits, c’est un peu fort de café.

 

4. Activité physique et augmentation de la cognition

 

Toute activité physique soutenue stimule la neurogénèse (l’hippocampe produit des neurones), y compris le tai-chi, mais pas plus qu’autre chose. Vous pouvez danser avec la kinect, vous aurez un résultat similaire. Et on connaît de mieux en mieux le rôle du cervelet dans les fonctions supérieures.

 

5. Activité intellectuelle et augmentation de la cognition

 

Toute activité intellectuelle, jeux d’esprit comme échecs et dames, jeux vidéos « intelligents », apprendre des langues, de l’histoire, etc., faire des dissertations ou résoudre des équations et faire du calcul mental, ou n’importe quoi d’autre est bien entendu bonne. Même regarder des feuilletons ou films aux nombreux personnages et intrigues complexes est bon.

 

En fait, à chaque fois que vous êtes confrontés à la nouveauté, à chaque fois que vous devez résoudre un problème. Donc, si vous allez visiter un pays étranger ou une nouvelle ville, un nouveau quartier près de chez vous, un nouveau musée, ce sera bon.

 

6. Activité physique, activité intellectuelle et habituation

 

Quand des neurones doivent traiter un problème nouveau, ils émettent des signaux de plus en plus forts, et créent un réseau pour résoudre le problème. L’information circule de plus en plus rapidement par l’influx nerveux au sein de certains neurones qui se myélinisent. On parle de conduction saltatoire, parce que l’influx nerveux saute d’un noeud de Ranvier à l’autre et n’a plus besoin de parcourir tout l’axone. C’est alors qu’on devient expert.

 

Et justement, le problème est là. Lorsque vous êtes experts en quelque chose, faites-vous un effort pour résoudre un problème qui a besoin de votre expertise ? La réponse est non. Point d’efforts, point de nouveauté, point de gain en capacité.

 

De même, vous ne faites plus attention à l’ancien magnifique canapé que vous venez d’acheter il y a 10 ans et sur lequel vous étiez promis que vos enfants ne sauteraient jamais. Votre mari ou votre femme qui étaient parés des plus belles vertus il y a quelques années, paraissent bien fades aujourd’hui. Le bruit continu qui vous empêchait de dormir lorsque vous êtes installé dans votre nouvelle demeure, et qui mobilisait toute votre attention, ne vous dérange plus.

 

Par conséquent, pour tenter (je précise bien que ce n’est pas automatique) d’augmenter ses capacités cognitives, il faut être novice, donc changer d’activité.

 

7. L’augmentation de la taille de la boîte n’augmente pas le contenu

 

Ce que l’auteur de cet article croit et veut faire croire, c’est qu’en faisant tous ces exercices de stimulation, on devient un homme augmenté. C’est très tendance. Malheureusement, ça ne marche pas comme ça, et j’en ai déjà livré quelques clés plus haut.

 

 En fait, mieux vaut résoudre des équations mathématiques, faire de la grammaire dans sa langue maternelle ou dans les langues étrangères, faire des dissertations de culture générale ou apprendre la philosophie et en discourir, ou tout autre activité de ce type. Naturellement, on fera peu d’études pour prouver que résoudre des équations mathématiques maintient ou augmente nos facultés cognitives. On trouve en effet de nombreuses équations gratuitement. Aucun intérêt donc.

 

Alain Lieury a prouvé que l’augmentation de la taille de la boîte n’augmentait pas le contenu. En effet, le groupe de contrôle qui ne pratiquait pas des activités de stimulation du cerveau proposés par Nintendo avait de meilleurs résultats aux examens que le groupe test qui les pratiquait. C’est bien d’avoir une boîte, encore faut-il la remplir, et il y a une journée par jour pour tout le monde : il faut donc choisir ses activités.

 

8. L’effet Assimil

 

Vous connaissez l’effet Assimil ? C’est le fait d’acheter une méthode de langue pour apprendre par exemple l’anglais en 30 jours, faire 10 leçons, pas toujours dans le bon ordre ni au bon moment, et remiser le livre au placard.

 

Le docteur Kawashima, qui prêta son nom au logiciel de stimulation cognitive de la Nintendo a pourtant obtenu de bons résultats avec ses patients octogénaires. Mais voilà, les patients étaient suivis par toute une équipe médicale selon un protocole précis, ne faisaient pas les mêmes exercices que ceux proposés par la DS, ni dans les mêmes conditions. D’autres paramètres intervenaient : exercices physiques, soins médicaux, alimentation… En labo, on isole les phénomènes pour les étudier séparément. Or, dans la vie, tout est lié.

 

Dans toute activité, il y a une grande différence entre la pratiquer seul ou être encadré.

 

9. A l’auteur

 

Arrêtez de croire en l’homme augmenté, c’est un mythe, comme le fait de dire : « on n’utilise que 10% de son cerveau ». Hihi, combien d’oxygène il faudrait alors si on l’utilisait à 100 % ! A moins que ce ne soit qu’un filon que vous exploitez. D’ailleurs, êtes-vous plus intelligent maintenant qu’avant ? Puisque je suppose que vous pratiquez tous ces conseils, bien entendu.

 

 


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