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En réponse à :


Thierry Sallantin Thierry Sallantin 5 juillet 2012 11:54

Réponse de l’auteur, Thierry Sallantin = [email protected]
à Léo Le Sage :
Vous trouverez sur internet via un moteur de recherche le Bulletin Sortir de l’économie, animé par un chercheur de Montpellier = Clément Homs.
Serge Latouche, philosophe de l’économie, explique bien que dès Aristote, les défauts de l’économie avait été bien expliqués : voir ce qu’ Aristote appelle la chrématistique.
Dans toute l’Asie, du Moyen -Orient à l’Inde, les sagesses et religions avaient insisté sur les graves dangers pour la tranquillité de la vie sociale où menaient la cupidité, la soif d’accumuler des biens matériels, l’obsession de la puissance et du pouvoir. Hélas, en Europe, à partir notamment du réformateur du christianisme Calvin, les sages limites aux trafics d’argent ont été levées : l’interdiction morale du prêt à intérêts a peu à peu disparue. Le Vatican attendra 1830 pour officiellement supprimer cet interdit.
Dès le début des années 1700, Mandeville dans sa « Fable des abeilles » fera l’apologie du vice, du goût du lucre, donc encouragera un état d’esprit totalement opposé aux valeurs chrétiennes de modération et d’humilité qui existaient déjà dans le judaïsme.A la fin du XVIIIe le moraliste Adam Smith, étrangement, continuera à théoriser dans son essai sur la « richesse des Nations » sur l’avantage des « vices privés » ! Étrange et scandaleuse morale ! Nous en sommes toujours là aujourd’hui, au nom de cette « liberté » (d’où le mot « libéral » et « libéralisme ») qu’ont voulu prendre les assoiffés d’argent, la bourgeoisie alors montante, au détriment des nobles, liberté de s’enrichir sans tenir compte des préceptes évangéliques que véhiculait encore l’Église. Abattre la toute puissance de l’Église, c’était non pas pour se libérer de l’obscurantisme comme on l’a cru, mais d’abord pour jeter à terre ce qui entravait le goût du lucre, la folie insatiable de l’enrichissement, le culte de l’égoïsme et de la frime ostentatoire et individualiste, au détriment de la solidarité, des notions morales de partage et d’égalité, et au détriment des antiques coutumes sociales favorisant la convivialité. Le libéralisme n’est que la liberté effrontée d’être un salaud et fier de l’être. Jaurès dira :« la liberté du renard libre dans le poulailler libre ! »...
Je n’ai rien contre les mathématiques en tant que plaisir esthétique des jeux de l’esprit, comme le pratiquaient les philosophes grecs, mais je mets en cause l’obsession du chiffrage, qui a commencé par ces comptables travaillant pour les Princes, afin de taxer les gens et enrichir le pouvoir central : on lira Crosby à ce sujet, traduit par le situationniste Mandosio. J’ai vécu en Amazonie au sein de populations qui n’utilisaient pas les chiffres, ne comptant que jusqu’à « 5 » et disant après « beaucoup ». Et j’y ai connu le bonheur...
Le n° de juin 2012 de la revue « Economie appliquée » éditée par l’ISMEA, 38 rue Dunois 75013 est un numéro subversif qui remet en cause la notion de développement : Jacques Grinevald montre qu’il faut « économiser » la planète, donc n’y prélever des ressources qu’avec parcimonie, gentillesse, dans un idéal de vie stable et harmonieuse compatible avec la coexistence entre les humains et toutes les autres espèces animales et végétales.
Vous, au contraire, vous vantez les mathématiques appliquées à l’économie « pour vaincre l’adversaire ». Je ne suis pas pour la guerre, y compris pour la guerre économique. Je suis pour le désarmement économique et la disparition de la concurrence, car cela mène à la course à l’absurde et à la destruction de la vie sur Terre. Je suis contre cette stupide virilité qui pousse à la méchanceté, à la lutte, à la concurrence. Je considère l’autre comme un partenaire, un ami avec qui nous échangeons pour le plaisir du lien social et la passion pour l’égalité. L’autre n’est pas un « adversaire ». Je suis pour les relations fraternelles et pacifiées. La bonne nouvelle, c’est que l’économie n’est par reconnue comme une science : le prix Nobel d’économie n’a jamais existé : il n’existe que le prix dit de « la Banque de Suède, en l’honneur d’Alfred Nobel », suite au procès qui a eu lieu lorsque cette banque a créé ce prix et a voulu le faire passer pour un « Prix Nobel » comme les autres. Je suis fier par ailleurs d’avoir connu au début des années 70 le plus grand mathématicien du XXe siècle, Alexandre Grothendieck, maintenant 84 ans, auquel « Libération » du 29 juin vient de consacrer une page entière. Il a lancé le mouvement écolo en France dans son aspect le plus subversif, et a remis frontalement en cause la pratique du métier de chercheur, car ses travaux réputés « purs » sont hélas presque toujours au service de l’agressivité humaine et ont pour résultante, finalement, la mise en danger de la biosphère. Je l’ai revu il y a peu dans sa cachette dans les Pyrénées. Il ne vit désormais qu’au service des plantes, sa passion. Sur tout ce que je viens de dire, on lira les livres de Serge Latouche et le dernier de Gilbert Rist : « L’économie entre songes et mensonges »...
 Thierry Sallantin,[email protected]


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