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En réponse à :


Lunecia 18 juillet 2012 20:08
Sur l’article en lui-même :
Article intéressant, j’espère en tous cas que la scène politique saura faire les bonnes discussions pour amener les bonnes solutions. Ce qui est sûr, c’est que la prohibition actuelle est un échec complet. Non seulement le dit problème n’est pas résolu, mais il a empiré ; comme sous la prohibition de l’alcool :
  • produits de moins en moins bonne qualité
  • production dans les pays pauvres à la place d’une paysannerie nourricière
  • produits de plus en plus concentrés, mal dosés, coupés, mal synthétisé ou mal extrait

Par rapport aux généralités dites sur des drogues :
Patricia, je me permets de reprendre cet extrait de votre réaction, car elle résume au final assez bien l’avis flou mais généralisé, du moins dans notre pays :
« En somme :
1° - par non création d’emplois volontaire ou non, on laisse des gens gagner leur vie de cette façon et d’autres devenir des handicapés.
2° - On s’apprête à laisser des gens s’empoisonner officiellement.
3° - Le trou financier de la sécu augmentera.
4° - La génération future comptera de nombreux individus prêts à obéir comme des zombies. »

Je vous répondrai que vous n’y connaissez rien ; mais à ne pas le prendre mal, beaucoup de gens, y compris ceux qui en consomment n’en savent grand chose au sujet des drogues. Ce qui importe à mon avis, c’est de s’informer judicieusement pour éviter de défendre une opinion avec des arguments aisément réfutables ( autant au niveau science sociale que médecine et chimie ).

Je commencerai donc par dire que les drogues sont très diverses dans leur effets. La plupart sont naturelles, dont le très connu cannabis, les autres synthétisées ( par exemple le LSD ). Il est à savoir que beaucoup de médicaments altérateurs mentaux ( drogues légales, le terme anglais est plus parlant là-dessus, alors qu’il peut tout regrouper ) sont des dérivés des molécules connues à l’époque des premières drogues synthétiques.
Imaginez que l’on prescrive des amphétamines pour des enfants hyper-actifs. Ces molécules sont théoriquement interdites par la loi ( molécule ayant des effets substantiellement similaires à des drogues classées illicites ), mais ont pu trouver un accès ( malheureux pour ce cas ) dans la médecine. La frontière entre les drogues légale et illégale est très mince ; et révèle plus du politique et social que de la chimie. Au passage, ça ne résout pas vraiment le pseudo-problème d’hyperactivité.

Le cannabis :
Pour revenir sur le cannabis, son usage remonte à plusieurs millénaires. Outre le fait d’en fumer, on s’en servait comme remède ( comme les feuilles de coca, très bonnes en infusion, où la cocaïne y est réellement infime ), en huile pour des rituels, ou plus simplement comme matière première, la plante en elle-même.

Le cannabis en soi a éventuellement une dose mortelle, mais en la fumant, pour l’atteindre, l’asphyxie par manque d’oxygène arrivera avant. Il n’est nullement prouvé scientifiquement que le cannabis fumé ait un effet destructeur à moyen ou long terme. D’ailleurs, au vu du nombre de fumeurs de cannabis en France, il n’y a que très peu de problèmes médicaux liés uniquement à sa consommation. Le taux élevé de demande de soin est directement lié aux interpellations ( puisqu’il y a suivi de la personne arrêtée ).

J’ajoute pour finir sur ce point que le cannais seul, fumé ou consommé autrement, n’est pas source de dépendance. L’effet procuré peut être source de reprise, mais il est très aisé d’arrêter le cannabis par rapport au tabac ( le mélange des deux est cependant souvent effectué pour être fumé, bien que ce ne soit normalement pas nécessaire ).

Donc cela pour répondre, du moins sur le cannabis, qu’il n’y a pas de quoi créer des handicapés ou d’empoisonner la population « officiellement ». Le fait est qu’à l’heure actuelle, les pays qui ont décidé de dépénaliser l’usage du cannabis contredit totalement l’argument du répressif : Consommation moindre, âge du premier contact avec la substance plus élevée, attrait aux drogues plus fortes moins grand.

Le cannabis est différent de la cocaïne, des amphétamines et de l’héroïne :
«  La génération future comptera de nombreux individus prêts à obéir comme des zombies »
L’époque des « junkies » ( 50 à 70 ) a tout de même débouché sur une énorme période d’innovations et de créativité. Il y avait un sur-usage de drogues, mais les toutes premières drogues synthétiques n’ont pourtant pas généré une mortalité terrifiante, ni une dégénération de l’intellect de la population. Cependant, une fois les premières mesures anti-drogues arrivées, de nouvelles substances sont apparues pour combler la demande ; mais ces substances ont des effets de moins en moins recommandables. L’entrée en jeu des amphétamines, de la cocaïne de mauvaise qualité, et de l’héroïne vient combler le marché à cause de l’interdiction des premières drogues qui n’avaient pas ou peu d’effet addictif ou de dégénération à long terme ( cela dit, il est possible à la fois de sortir de l’héroïne ; mais en plus de s’en remettre physiquement ).

Donc non, cette génération n’était pas du tout prête à obéir comme des zombies ( les mouvement anti-guerre ont explosé à ce moment-là d’ailleurs, alors que la logique politique voulait sa poursuite ), comme la suivante saura aussi se révolter contre ce qu’elle ne souhaite pas.

Et juste pour le point 3 ; si on légalisait la production et la vente du cannabis en la taxant un minimum, je suis pratiquement certain que la sécu renflouera en partie ses caisses ( au lieu de payer des centre de soin pour gérer les interpellés fumeurs de cannabis qui seul s’en sortiraient tout aussi bien ).

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Pour aller plus loin :
Pour finir sur ma réaction à ce sujet, je dirais que le problème des drogues est un problème social, et non des substances elle-mêmes. Comme l’état alcoolique ou l’addiction aux jeux d’argent, le problème n’est pas l’alcool ou les jeux ; mais la raison pour laquelle des gens vont boire à en vomir ou jouer à crédit. Cette raison est d’ordre psychologique et social.
Boire, jouer ou « se droguer » à outrance n’est qu’un symptôme d’un problème plus profond. D’ailleurs, les nombreux anti-dépresseurs consommés en France devraient être sur le même pied d’égalité dans le débat des drogues ( puisque altérateur mentaux aussi ).

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