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Thierry Duval 12 octobre 2012 11:07

Bonjour M. Hervé Hum

 

J’ai lu avec beaucoup d’attention vos différentes interventions qui sont par ailleurs très intéressantes. Dans un monde idéal, vous avez raison. Une Afrique des peuples et des cultures, en gommant les frontières venues de la colonisation, serait peut-être, sous un système fédéral, une bonne solution. Pourtant, je n’en suis pas si sûre, et ceci pour plusieurs raisons.

 

La première est que l’histoire montre bien qu’on ne revient jamais en arrière sur le plan historique. Même dans des situations où les frontières, c’est vrai, ont été décidées de façon complètement arbitraire et parfois chaotiques, la situation ne revient jamais en arrière.

 

Il faut à cela ajouter que au sein des nations africaines est né aussi durant ces longues années de colonisation et post colonisation un sentiment d’appartenance nationale, ce qu’on constate dans la plupart des pays, sentiment qui a pris de plus en plus d’importance. Prenez le cas du Cameroun, où les vrais indépendantistes qui se sont battus contre la France au moment de la Françafrique, je pense entre autres à Um Nyobé, qui avait créé le mouvement Union des Peuples du Cameroun, ainsi que d’autres indépendantistes, qui y ont laissé leur peau, parce qu’ils ne jouaient pas le jeu de la France. Ces gens –là avaient compris que l’union fait la force. N’oubliez pas que le Cameroun abrite env. 250 ethnies avec chacune sa culture et sa langue.

 

La solution est une solution à inventer, une solution d’avenir. Un système fédéraliste, comprenant comme entités les ethnies avec leurs cultures, langues, traditions, etc. perdrait en efficacité sur le plan politique, certaines petites ethnies étant totalement « noyées » sous le nombre.

 

La solution serait peut-être un système fédéraliste, à l’intérieur des pays qui ont acquis un sentiment nationaliste, système basé sur des régions, ce qui permettrait de prendre en compte les intérêts spécifiques des régions, tout comme nous avons chez nous des cantons. A l’intérieur de ces régions, des ethnies, des systèmes traditionnels africains, qui auraient également leur rôle à jouer, un rôle traditionnel à l’intérieur de leurs sociétés respectives.

 

Le grand défi de l’Africain aujourd’hui est celui-là. Comment conserver toute cette richesse culturelle, ethnique, toute cette richesse qui provient des traditions, tout en entrant dans un monde moderne, qui suppose la mondialisation ? C’est un virage qu’il devra prendre dans l’harmonie, de façon démocratique, sans nostalgie d’un passé pré colonial, un virage qui verra naître une autre Afrique, celle des nations, des régions au sein de l’Afrique, des régions au sein des pays, et celle du respect des traditions et des cultures. Espérons que ce défi sera relevé !


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