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Gollum Gollum 23 octobre 2012 15:47

Ce qui me dérange chez Guénon, c’est que toutes ses idées se basent sur un postulat d’existence d’une « tradition » perdue, au sens qu’il lui donne c’est-à-dire en simplifiant : « autrefois on savait (le secret de la vie, de l’univers, du bonheur, de l’unité etc), et maintenant on ne sait plus. »

Il ne s’agit de rien d’autre que d’une idée véhiculée par beaucoup. Et pas seulement Guénon loin de là. Il en a simplement été le porte parole le plus talentueux.

L’hindouisme, notamment avec sa théorie des cycles, Kalpas, Manvantaras, et Yugas.. Les Yugas sont au nombre de 4, et se succèdent par ordre, le plus long étant celui où le divin est à l’honneur. Puis a lieu une chute, où la divinité est déjà moins honorée. Le dernier, le Kali Yuga, est l’âge des Ténèbres. C’est aussi le plus court, car les Ténèbres ne peuvent durer. Les sociétés de cette époque se basant sur des principes faux et pervers sont vouées au déclin.

On a la même chose en Grèce avec les âges d’or, d’argent, d’airain et de fer. Avec exactement la même idée. La Bible aussi avec la statue du songe de Daniel qui reprend ces mêmes éléments.

On sait maintenant d’ailleurs que ces âges sont soumis à la loi de précession des équinoxes et que chaque Yuga commence par un signe zodiacal fixe. C’est la raison pour laquelle le Tétramorphe est tant mis en valeur au fronton de nos cathédrales, suite à la vision d’Ézéchiel.

Même la symbolique des signes est respectée quant à la qualification de ces âges. Mais là on entrerait dans des considérations techniques dont je vais m’abstenir.

Notons que ces théories cycliques ne sont rien d’autres qu’une transposition de ce qui se passe pour tout vivant : naissance, maturité, déclin, mort. Et que l’on peut relier aux 4 saisons, aux 4 moments de la journée, etc.. Le 4 étant le nombre du devenir comme je l’ai déjà dit mainte et mainte fois.

Bien que j’admette sans mal qu’épisodiquement, certains individus dans l’histoire du monde aient pu atteindre cette compréhension, et l’ethnologie nous en donne d’ailleurs de nombreux exemples, à ma connaissance aucun n’a réussi à partager cette connaissance avec ses voisins. 

L’ethnologie ne peut rien nous apprendre pour la bonne raison qu’entre ces âges se déroulent des apocalypses. Et qu’en conséquence seuls les ouvrages très solides résistent. Je renvoie ici aux ouvrages de Graham Hancock, montrant de façon évidente que la Terre fut unifiée il y a 12000 ans avec haute civilisation planétaire comme le prouvent les cartes antiques, telles que celles de Piri Reis, montrant les côtes de l’Antarctique HORS glace. Chose qui n’a existé qu’il y a 12000 ans. De même le Sphinx de Gizeh a été construit à la même époque lorsque le point vernal passait dans le Lion. Preuve par les traces d’érosion dues aux pluies abondantes à l’époque et qui n’existent plus aujourd’hui. Idem pour les Pyramides qui ne sont pas des tombeaux. Et dont on retrouve les quasi équivalentes de l’autre côté de l’Atlantique...

Tout ceci montre que l’idée de Guénon d’une Tradition primordiale née dans ce que les Traditions appellent l’âge d’Or est loin d’être saugrenue. Tradition évidemment de plus en plus défigurée au fil du temps, ce temps facteur d’entropie..

Je ne connais aucune tentative de propagation d’une révélation qui n’ait abouti à la dénaturation du message.

Le premier écueil est qu’entre l’idée de la chose et sa formulation, c’est-à-dire entre la pensée du gourou et son message, lequel message est nécessairement basé sur un jeu restreint de symboles, j’ai nommé le langage, il y a déjà appauvrissement. La première concession à l’encontre de l’intégrité de l’idée est effectuée par celui-là même qui entreprend de la transmettre : il doit choisir des termes, c’est-à-dire simplifier.

C’est tout le problème de la transmission initiatique authentique..


Le second écueil est qu’ensuite, une fois le message simplifié formulé (prononcé ou écrit), pourrait-on dire encodé sous un jeu de symboles, l’interprétation de ces symboles par le destinataire intervient. Car le langage a ceci de particulier qu’un symbole ne désignera pas exactement la même idée chez deux auditeurs différents. La seconde concession à l’encontre de l’intégrité de l’idée, et la première concession à l’encontre de l’intégrité du message, est effectuée par celui qui le reçoit.


Là c’est le problème de la qualification de celui qui reçoit qui est en jeu..


Le troisième écueil intervient quand, une fois le message reçu, son récipendiaire se rend compte qu’il n’est pas intégralement décodable, et se met alors à y chercher un sens alternatif. C’est la seconde interprétation du message, ou relecture, qui est la troisième concession à l’encontre de l’intégrité de l’idée, seconde concession à l’encontre de l’intégrité du message, et première concession à l’encontre de son interprétation littérale. Comment voulez-vous, avec cela, que l’idée du gourou soit correctement transmise ?

S’il y a gourou il ne peut pas y avoir trop de distorsions.. Le gourou vérifie normalement. Le problème se pose beaucoup plus pour le chercheur indépendant livré à lui-même. Sans l’intervention d’une prédestination (autre nom de la Grâce) on est sûr de se fourvoyer..

Le seul langage non-ambigü dont dispose l’humanité est à l’heure actuelle le langage mathématique. Ce ne serait pas une mauvaise idée, à mon avis, d’en tenter enfin l’emploi sur ces sujets-là — et si nous découvrons que sa symbolique est trop pauvre pour exprimer l’idée sans la trahir, alors c’est peut-être qu’il est temps de changer de paradigme.

C’est ce qu’ont fait les constructeurs de Pyramides où les maths sont reines. Quant à faire intervenir les maths dans ces doctrines ésotériques, je vous rassure c’est déjà fait. Il y a longtemps. Mais comme la désinformation est reine...

La seconde chose qui me dérange chez Guénon c’est une certaine propension naïve à idéaliser les spiritualités orientales avant même de les connaître. 

Euh.. Il connaissait cela très bien.. Mieux que les universitaires de l’époque qui nous parlaient à propos de l’Hindouisme, de polythéisme, de panthéisme, de religion de l’homme qui se fait Dieu par lui-même, etc.. choses complètement fausses quand on y a mis le nez dedans. On peut dire qu’un Mircea Eliade, professeur éminent des religions à Chicago, était fils spirituel de Guénon, qu’il appréciait beaucoup d’ailleurs.

Je dirais que c’est le syndrôme du « si ça va mal chez moi, ça ne peut qu’aller bien chez les voisins ».

Déjà répondu là dessus dans mon premier post. Guénon n’était pas un obsédé de l’Orient comme on a tenté de le faire croire. Il avait bien conscience d’un Occident initiatique aussi. Ses études sur le Temple, Saint Bernard, ou Dante encore, le prouvent..

Guénon a apporté une grande contribution à la philosophie occidentale en général, et une foule d’idées pertinentes ; pour autant, en faire le maître à penser, l’horizon indépassable de la pensée me dérange. 

Horizon indépassable non. On peut toujours trouver mieux. Par certains côtés Abellio est bien plus riche. Je ne suis pas un disciple « béat ». Notamment sur l’initiation je ne suis pas vraiment d’accord avec Guénon et plein d’autres choses... Néanmoins il est difficile de trouver quelqu’un qui pointe avec autant d’acuité les tares de la modernité.

Guénon c’est, pour moi, un aventurier du spirituel qui a trouvé des choses intéressantes et a tenté tout au long de sa vie de les organiser dans un système cohérent. Mais son système, bien qu’il contienne des idées intéressantes, n’a eu d’adéquation que pour lui-même et il est vain d’en faire un maître à penser.

D’adéquation que pour lui-même, vous êtes dur.. Et surtout à côté de la plaque. Il a eu une influence considérable. J’ai cité Eliade, on peut citer Abellio, Pauwels, et toute une contre culture des années 60... Ses œuvres sont encore régulièrement rééditées, plus de 60 ans après sa mort.

Cela dit, il s’est initié au soufisme à la fin de sa vie, signe heureux qu’il avait déjà mis de l’eau dans son vin.

Alors là vous n’y êtes pas du tout. Il s’est très tôt tourné vers l’Islam, sans vraiment se convertir d’ailleurs, contrairement à ce que nous disent bien souvent les musulmans, comme les catholiques d’ailleurs, et cela pour des raisons opposées, que vous devinerez..

Guénon se plaçait au-delà des formes religieuses. Donc pour lui se convertir à une forme religieuse n’avait pas de sens. Il avait choisi l’initiation islamique parce qu’il ne trouvait pas d’initiation chrétienne et que cette forme (soufisme) lui convenait. Personnellement cela me choque un peu mais pourquoi pas..


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