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Gontran Gontran 27 novembre 2012 14:29

Les élections n’ont aucune efficacité comme contre-pouvoir puisque les candidats sont sélectionnés par le pouvoir en place.

« En quoi une personne en poste, simplement parce qu’elle a eu la chance d’être désigné, va elle mieux résister aux propositions de personnes financièrement puissante et donc à même de les corrompre ? »

Pour deux raisons principales : 

Un citoyen désigné par le sort (vous, moi, nos familles, amis, voisins, les 99%) pour un travail précis dans le cadre d’un mandat précis n’a pas d’objectif de carrière politique. La principale préoccupation qu’il a, c’est de ne pas se ridiculiser devant la France entière en bâclant son travail, ou en disant des âneries, ou en trahissant l’intérêt général. Le regard des autres est capital : c’est lui qui guide notre inclinaison à la vertu. Les gens sans vergogne (pour qui le regard des autres n’a aucune importance), sont très minoritaires, statistiquement, ils seront la plupart du temps absents d’une assemblée désignée par le sort.

La deuxième raison, c’est qu’on ne peut confier du pouvoir à des tirés au sort sans contrôle (comme nous le faisons avec nos élus, à qui nous confions tout le pouvoir sans quasiment aucun contrôle). Ces contrôles peuvent prendre de multiples formes : pas de tirés au sort non-volontaires, conditions d’accès au suffrage (savoir lire et écrire, pas d’antécédents judiciaires par exemple), surveillance en cours de mandat par d’autres assemblées/commissions, révocation de l’assemblée possible via référendum d’initiative populaire, transparence totale des débats, amendes lourdes voir peines de prison pour les tirés au sort qui trahiraient l’intérêt général (corruption) etc. 
Les athéniens avaient mis en place une demie-douzaine d’institutions dont le rôle n’était que de veiller à ce que les représentants politiques se comportent conformément à l’intérêt général et à la volonté populaire. Ces institutions sont indispensables pour toute démocratie digne de ce nom (et elles n’existent pas aujourd’hui).

J’aimerais également attirer votre attention sur le fait qu’en démocratie, être tiré au sort n’est pas « une chance » comme vous le dites. La charge politique est un fardeau que ceux qui le désirent doivent être prêts à porter un jour ou l’autre dans leur vie. C’est notre système politique actuel, dans lequel les représentants ont tout pouvoir et sont grassement rémunérés, qui nous fait croire que les décideurs ont le bon rôle. En vérité, pour être bien exécuté, le rôle politique doit être un sacrifice que nous consentons à faire pour les autres (Rousseau).


« Mais de toutes façon, le soucis ne vient pas du monde politique. »

Je suis totalement en désaccord. Le problème et la solution sont profondément politiques. En effet, les puissances d’argent et leurs abus de pouvoir sont la plus grande cause d’injustices sociales aujourd’hui, vous avez entièrement raison. Mais le moyen d’y remédier ne peut être que politique, c’est l’essence de l’état de droit : un consensus général sur le principe d’édicter des règles qui protégeront les faibles de l’arbitraire du plus fort, et que tous doivent suivre.

Théoriquement, vous dites qu’il faudrait empêcher les plus riches de corrompre le pouvoir politique. Mais concrètement, comment ferions-nous autrement que par la voie légale ? Et puisque la voie légale est déjà sous l’emprise des puissances d’argent, quel autre choix avons-nous que de rebâtir de la base un système politique dans lequel elles seraient impuissantes ? Autrement dit, redémarrer un processus constituant. Je ne vois pas d’autre issue.


Le débat important porte donc sur la nature et les objectifs de ce processus constituant, c’est pourquoi je donne raison à Agerade quand elle dit qu’il faut s’y intéresser.


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