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Francis, agnotologue JL 18 janvier 2013 19:14

Pour éclairer les lecteurs intéressés, j’ai reproduit pour eux cet Extrait de l’analyse de l’ouvrage « Les perversions narcissiques » de Paul-Claude Racamier qu’on peut lire Le Cercle Psy n°7, Les bonnes feuilles. Entre parenthèse et en italique mes remarques)

********
«  C’est la réalité sociale qui intéresse la pensée perverse, et à cet égard, elle peut devenir formidablement experte : tournée vers l’agir, l’emprise et la manipulation, habile à faire usage des goûts et des tendances.

« Vérité ou mensonge, qu’importe au pervers, lui pour qui, seule compte l’efficience ; que lui importe que ses dires soient en eux-mêmes vrais ou faux, pourvu qu’ils soient crédibles ; la crédibilité lui tiendra lieu de ‘vérité’ et fera bien mieux son affaire ; peu lui importe également que nos dires soient vrais : si jamais il les entend et qu’ils ne lui conviennent pas, il aura tôt fait de les retourner, en usant du mode projectif. Ainsi, venant à peine de nous frotter à la mythomanie (psychopathie), n’aurons nous pas de long parcours à faire pour trouver la paranoïa (psychopathie encore). Nous restons dans la zone d’une escroquerie de la pensée.

« Nous voici décidément aux antipodes de la pensée du psychanalyste, qui tellement se passionne, et avec tant de méthodes, pour la recherche toujours aléatoire et difficile de la vérité psychique.

« Autre contraste : alors que notre pensée (à son meilleur …) se tisse comme une enveloppe pour entourer - nimber - son objet, sans pourtant l’immobiliser, la pensée perverse, elle, ne vise qu’à emballer et enfermer, confondre et poindre sa proie, dans un filet serré de contrevérités et de non-dits, d’insinuations et de calomnies. C’est une pensée pour faire intrusion dans la préoccupation d’autrui, une pensée-poison, une pensée pour démentaliser, dévaloriser et disqualifier l’autre ; une pensée toute en agirs et en manœuvre, qui fragmente, divise et désoriente … (au paroxysme, c’est un lavage de cerveau)

« On se demande parfois comment il se peut faire que les mensonges des pervers - jusqu’aux plus monstrueux - franchissent avec une certaine aisance les barrières de la croyance chez autrui. Ce n’est pas qu’autrui soit sot ni certes que le pervers soit intelligent, il est seulement habile, mais il est d’autant plus habile à tromper que pour lui la vérité n’a aucune valeur en soi, le résultat seul étant ce qui compte ( pragmatisme). Il est vrai que le soucis de la vérité st un frein, en même temps qu’un stimulant, pour ceux qui n’aiment guère la mal-pense (gloubi boulga) ; le pervers, lui, ne connait pas ces freins, mais de leur fécondité, il ne connait rien non plus.

« Bref, la pensée perverse exerce autour d’elle un véritable détournement d’intelligence … Les psychotiques réputés pour empêcher autrui de penser sont des enfants de chœur à coté des ravages exercés par la pensée perverse. La pensée perverse, habile à disjoindre, mais parfaitement équipée pour essaimer, est spécialisée dans la transmission de non-pensée. (*)…. Dans la perversion narcissique, il n’existe pas de véritable pensée.

« Résumons nous : la pensée perverse est une pensée créativement nulle et socialement dangereuse. Elle peut être considérée comme le modèle de l’antipensée… Quel est au fait le véritable secret de cette ‘pensée’ ? C’est une pensée pour ne pas penser. Alors que la pensée est toute faite de liaisons (étayages), la pensée perverse n’opère que dans la disjonction et la déliaison. Tel est bien le piège : les instruments (contacts et pensées) utilisés d’ordinaires pour le lien sont, par le pervers, employés systématiquement pour la déliaison. »

* * * * * * * *

Pour conclure sur ce sujet : je crois que ce que Racamier désigne par ‘mouvement pervers narcissique‘, pourrait être cette non pensée telle que définie ci-dessus par lui, et qui ne mérite assurément pas le nom de pensée, d‘où la nécessité du néologisme. A ne pas confondre avec la conspiration à laquelle se livre le noyau narcissique.

(*) cf. Castoriadis et son expression de « non-pensée libérale ». Pae analogie ; le noyau libéral pourrait désigner la révolution conservatrice, l’école de Washington, et les think tanks qui se sont créés un peu partout. Comme l’écrit l’auteur du texte cité, le noyau pervers ne fonde rien : il exploite. Et il le fait en catimini.


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