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Morpheus Morpheus 2 mai 2013 14:19

Bonjour Bernard,

Article intéressant (et bien écrit, comme d’habitude), mais qui me donne tout de même envie de réagir sur un point essentiel.

Les régimes politiques que vous désignez sous le terme « démocratie » (nos régimes occidentaux) ne sont pas des démocraties et ne l’on jamais été.

Et tout est là ! Sans cette compréhension, sans ce retour et cette relecture historique pour éclairer ce point essentiel : nos régimes politiques ne sont pas et n’ont jamais été des démocratie mais des gouvernement prétendument représentatifs, nous ne pouvons ni comprendre ni analyser correctement les tenants et aboutissant de l’histoire.

Mais revoyez le tableau dans on ensemble sous cet angle, et tout s’éclaire !

Pour commencer, il faut lire le livre de Bernard Manin « Principes du gouvernement représentatif ». Je vous en livre quelques passages pour illustrer mon propos.

« Les démocraties contemporaines sont issues d’une forme de gouvernement que ses fondateurs opposaient à la démocratie. L’usage nomme « démocratie représentative » les régimes démocratiques actuels. (...) Or ces institutions n’ont nullement été perçues, à leurs débuts, comme une variété de la démocratie ou une forme de gouvernement par le peuple. (...) Un gouvernement organisé selon les principes représentatifs était donc considéré, à la fin du XVIIIe siècle, comme radicalement différent de la démocratie alors qu’il passe aujourd’hui pour une de ses formes. »

Ces passages nous indiquent que les pères fondateurs (érudits et hellénistes) savaient très bien ce qu’est une vrai démocratie et quels en sont les mécanismes, mais n’en voulaient pas. De nombreux autres passage du livre le confirment clairement. Nombreux sont les auteurs qui l’on écrit, depuis Platon et Aristote jusqu’à Rousseau, Montesquieu, Robespierre, Madison, Sieyès, Carl Schmitt, ...

« Aristote, Montesquieu ou Rousseau affirmaient que les élections étaient intrinsèquement aristocratiques. Ils ne considéraient pas que l’effet aristocratique tenait aux circonstances et aux conditions dans lesquelles la méthode élective était utilisée, mais à la pure nature de l’élection. »

S’il faut s’en convaincre par un argument de bon sens, qu’il suffise de dire ceci : voter = choisir le meilleur > le meilleur se dit en grec ARISTOS. Par définition, l’élection est (et a toujours été) aristocratique, c’est-à-dire oligarchique (« gouvernement du petit nombre »). L’élection conduit tout simplement à désigner des maîtres politiques qui décident de tout à notre place. Cela n’a donc rien à voir avec la démocratie.

De là, la situation (géo)politique actuelle me semble beaucoup plus compréhensible et avec cette compréhension, bien des choses deviennent claires.

Dont une : il est très malin pour l’oligarchie ploutocratique de nous voler le mot « démocratie », car cela nous enlève le terme nous permettant de désigner (donc de concevoir) la solution à nos problèmes d’impuissance politique. Si nous disons « Nous voulons la démocratie », on nous rétorque « Mais enfin, vous avez la démocratie ». C’est ce qui s’appelle un piège sémantique. Un piège qui s’est d’ailleurs si bien refermé sur nous que nous sommes encore nombreux à penser que c’est défendre la démocratie que d’inciter les gens à aller voter...

Cordialement,
Morpheus


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