Néanmoins,
on est en droit de penser qu’un monde bipolaire avec deux
impérialismes au lieu d’un n’est pas forcément un gain
significatif. Cela ne correspond en tout cas pas à ma vision du mot
« multipolaire ». En tout cas, on est en droit de ne pas être naïf
sur la question et d’avoir conscience que la Russie est elle aussi
impérialisme.
Je
ne suis aucunement naïf sur la Russie. Et Poutine n’est pas à mon
goût. Mais il faut ouvrir les yeux : l’alternative est entre un
monde unipolaire dominé par un dangereux impérialisme, et un monde
pluripolaire où plusieurs impérialismes peuvent se neutraliser. À
un méchant,
j’en préfère plusieurs. Ce n’est pas dans l’absolu une bonne
solution, c’est une solution de moindre mal, mais
pour le moment on ne peut avoir rien de mieux.
Et
pour le moment, les méchants qui font le moins de mal, ce sont bien
la Chine et la Russie. Ce sont eux qui respectent le droit
international. Et ce sont eux qui ont fait échec à une nouvelle
manipulation et agression en Syrie.
Je
suis en tout cas beaucoup plus interressé par l’idée des BRICS,
par ce qui se passe en amérique latine que par Poutine qui rappelle
qu’il est une grande puissance à coup de Véto au Conseil de
Sécurité et de missiles S300 pour défendre un dictateur.
N’oublions
pas que la Russie fait partie des BRICS. À terme, ce pays n’est
certes pas le plus fort. Je pense d’ailleurs que la Chine l’a déjà
dépassé comme adversaire numéro 1 des USA, et que ceux-ci ne
veulent pas le dire en public. On a donc déjà un monde tripolaire.
Quant
à l’Afrique du Sud, elle est beaucoup survendue. En Amérique, il
faut aussi tenir compte de la montée d’autres pays influents comme
l’Argentine. Le Brésil est cependant le seul vrai poids lourd, mais
son influence reste encore limitée. Comme membres d’un bloc
régional, ils peuvent faire bouger les choses. L’Inde est un peu
moins « méchante » que les autres, elle a son poids
démographique pour elle, mais elle reste elle aussi encore en
retrait. Il n’empêche que ce sont ces pays qui jettent les bases
d’un monde équilibré.
Quant
à l’Union Européenne, la question n’est pas son degré d’unité,
mais le fait qu’elle ne pèsera rien tant qu’elle se comportera en
faire-valoir des USA.