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sam turlupine sam turlupine 7 novembre 2013 13:48

Pour une fois, j’abonde da ns le sens d l’auteur pour cet article. 

Il y aurait tant d’autres choses à dire sur Camus, sans doute LE pensuer et créateur essentiel du XXème siècle, mais surtout, chose qui ne me semble pas évoquée ici, à savoir la disparition de Dieu : ce « ciel vide », qui est au fondement même de la notion de « l’homme absurde », comme évoqué dans « Le mythe de Sisyphe » : 

« On ne découvre pas l’absurde sans être tenté d’écrire quelque manuel du bonheur. » Eh ! quoi, par des voies si étroites... ? « Mais il n’y a qu’un monde. Le bonheur et l’absurde sont deux fils de la même terre. Ils sont inséparables. L’erreur serait de dire que le bonheur naît forcément de la découverte absurde. Il arrive aussi bien que le sentiment de l’absurde naisse du bonheur. » Je juge que tout est bien « , dit Œdipe, et cette parole est sacrée. Elle retentit dans l’univers farouche et limité de l’homme. Elle enseigne que tout n’est pas, n’a pas été épuisé. Elle chasse de ce monde un dieu qui y était entré avec l’insatisfaction et le goût des douleurs inutiles. Elle fait du destin une affaire d’homme, qui doit être réglée entre les hommes. » 

ET, également, la notion de la légitime REVOLTE, développée dans son essai suivant : « L’homme révolté ». 
Mais il s’agit, chez Camus, non pas d’une révolte individualiste, égoïste, « existentialiste » (ce qui l’éloignera définitivement des existentialistes), mais d’une révolte collective, SOLIDAIRE, pour plus d’humanité et de JUSTICE. 

« Je me révolte, donc nous sommes » (en écho au « Je pense, donc je suis », cartésien)

« Qu’est-ce qu’un homme révolté ? Un homme qui dit non. Mais s’il refuse, il ne renonce pas : c’est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement. » D’apparence, il existe une limite à la révolte. Cependant, la révolte est un droit. La révolte nait de la perte de patience. Elle est un mouvement et se situe donc dans l’agir. Elle se définit par le « Tout ou Rien », le « Tous ou Personne ». En premier, elle soumet l’idée d’égalité : position d’égal à égal entre le maître et l’esclave. Mais le révolté finit par imposer cette égalité qui se traduit souvent par une inversion des rôles (dialectique hégélienne). Suivant le raisonnement de Scheler, l’homme révolté n’est pas l’homme du ressentiment c’est-à-dire qu’il ne baigne ni dans la haine ni dans le mépris. La révolte enfante des valeurs. De fait, « pour être, l’homme doit se révolter ». La révolte extirpe l’homme de la solitude puisqu’elle est collective, c’est l’« aventure de tous ». Néanmoins, faire l’expérience de la révolte, c’est faire l’expérience de l’ascèse.  La révolte est souvent légitime, elle est l’expression la plus pure de la liberté et semble revêtir le visage de l’espoir. De surcroît, la révolte impose une tension, elle refuse donc formellement le confort de la tyrannie ou de la servitude. Le révolutionnaire a la volonté de « transformer le monde » (Marx) alors que le révolté veut « changer la vie » (Rimbaud). 

Camus, est, définitivement, un homme de gauche, de la solidarité, de la lutte collective, pour une plus grande justice, et une plus grande égalité. Il est également opposé à toute servitude et toute tyrannie. Il est vrai que sa « récupération » par des libéraux est une insulte à toute sa pensée, sa vie et son oeuvre. 

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