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Christophe (---.---.86.115) 13 octobre 2006 10:29

@Verite

Que vous me classiez dans une catégorie ne me préoccupe pas, mais votre argument me semble un peu court !

Reprenons donc la définition de Gary Becker concernant l’homme rationel :

L’analyse économique traite le consommateur comme un agent final. C’est un individu qui gagne un certain revenu, est doté d’un certain nombre de besoins ou de désirs qu’il essaie de satisfaire en achetant sur le marché un certain nombre de biens et de services, dans la limite du pouvoir d’achat qui est le sien. Conformément au postulat de départ de toute la théorie économique, c’est un être rationnel, calculateur et maximisateur, son rôle est très passif. Il se contente d’agencer son panier d’achats en fonction de l’intensité de ses besoins, tenant compte, d’une part, des sommes d’argent dont il dispose, d’autre part, des prix qu’il doit payer pour obtenir les biens et services qui satisferont ses désirs.

La théorie économique prend les besoins et les désirs comme des données exogènes. Les économistes laissent aux sociologues et aux psychologues le soin d’expliquer comment se forment ces désirs, et comment ils évoluent. Leur seul problème est d’analyser comment l’appareil de production répond aux modifications de la structure des besoins. On ne se demande pas s’il existe des interrelations entre la façon dont se forment ou évoluent les revenus et plus particulièrement la structure des besoins. Les comportements de l’individus vis-à-vis du travail, de l’éducation, de la santé, etc., sont considérés indépendamment de ses attitudes de consommateur et ses choix de consommation.

Je n’irais même pas jusqu’à mettre en évidence la fausseté d’un tel comportement rationel puisque les neurosciences, la psychologie, l’anthropologie (qui sont des constituantes des sciences cognitives) ont démontré toute la complexité du comportement humain et la discontinuité rationnel-irrationnel des comportements (facteurs émotionels, contextuels, ...). Par ailleurs, l’une des caractéristiques de l’intelligence est l’induction (l’induction permet, à partir d’une constatation, d’en déduire une autre pour un autre objet sans qu’il y est de certitude ni de rapport entre les objets. L’induction est créative mais risquée) alors que la plupart des outils mathématiques travaillent par déduction (La déduction permet de constater un et un seul résultat pour un problème donné sans s’étendre afin de savoir si cela s’applique à d’autres problèmes. La déduction est rigoureuse mais non créative) ; ce qui laisse supposer que l’homme rationel est un veau, ne raisonnant pas par induction !

Les théories économiques supposent que les individus poursuivent uniquement leur propre intérêt personnel, n’étant animé par aucun objectif social (main invisible dans la théorie d’Adam Smith).

Nous sommes proche par certains aspects de la théorie des jeux non coopératifs pour laquelle la confiance n’existe pas ; c’est une hypothèse d’individualisme extrême. Cependant cette théorie des jeux cherche à identifier les conditions qui permettent malgré tout une coopération efficace.

Pourtant, et c’est là un constat, les nouvelles formes d’organisation imposées par le développement des stratégies d’alliances, de partenariat dans un environnement dominé par l’incertitude rendent la confiance nécessaire dans les relations industrielles et de services ; la confiance, nécessaire dans le cadre d’une coopération, et l’intérêt personnel deviennent conciliables.

Le développement des stratégies d’alliance montre que la confiance n’est pas seulement un phénomène purement économique, elle s’établit aussi dans la sphère des relations sociales. La sociologie prend, dans ce contexte, tout son sens car centrée sur l’individu et sa relation à l’autre. Par ailleurs, Boudon souligne que l’action rationnelle des individus ou des groupes ne relève pas d’une seule rationalité axiologique, et Thuderoz relève que les liens sociaux ne se résument pas à des formes purement intéressées.

En sociologie, la confiance est un processus continu qui change, évolue avec les comportements des acteurs, leurs enjeux, leurs pouvoirs, et permet d’identifier des zones de confiance et des zones de méfiance ; elle ne s’active, se mesure ou ne varie que dans le lien social durable.

Là, nous sommes déjà très loin du postulat de départ et plus particulièrement de homme rationel, l’une des hypothèses de base de l’économie. La main invisible est-elle par ailleurs formalisée mathématiquement ou permet-elle de mettre dans toute théorie tout et n’importe quoi ?

Autre point qui est assez édifiant. Stiglitz a obtenu le prix de la Banque de Suède (2001) grâce à la découverte de l’assymétrie d’information : lors d’un échange, certains des participants disposent d’informations pertinentes que d’autres n’ont pas. Ce qui remet en cause la CPP (concurrence pure et parfaite). Cette découverte, dans ses fondements propres, est déjà citée dans bien des ouvrages d’anthropologie des années 40-50. On peut retrouver les principes dans l’ouvrage de Whorf B. L. - Language, Thought, and Reality : Selected writings of Benjamin Lee Whorf, J. B. Carrol, Ed, MIT Press, 1956.

La question qui se pose est donc de savoir pourquoi l’économie cherche à modéliser le comportement humain dans un monde ouvert sans tenir compte de la recherche faite en ce domaine par les sciences humaines ?

Dans toute théorie, les hypothèses sont très importantes ; sinon nous pouvons nous retrouvez dans un contexte dans lequel les propos d’Aristote prennent tout leur sens : Avec du faux, je fais ce que je veux !


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