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falloujah (---.---.76.231) 16 octobre 2006 12:32

Décidément le Harki scribouillard et inculte de service, à besoin d’une leçon d’Histoire car son aplogisme de l’abjection coloniale de l’Algérie de Papa, et son révisionisme nouvelle droite del vallienne Fascisante, me donne la nausée.

Première partie l’insurrection de 1871

Elle a une signification éminemment politique dans la mesure où elle se veut une riposte aux mesures injustes prises par les autorités coloniales à l’égard des Algériens et dont le décret Crémieux du 24 octobre 1870, qui déclare en bloc les juifs algériens citoyens français, a été la goutte qui a fait déborder le vase.

Ce décret vient s’ajouter aux autres lois scélérates déjà en vigueur, en particulier la loi dite Sénatus Consulte du 22 avril 1863 qui déclare : les terres collectives « arch » accessibles à la propriété individuelle au profit des colons. Cette loi sera d’ailleurs complétée par la loi Warnier du 26 juillet 1873 qui soumet le régime foncier à la loi française. Ces lois injustes sont venues déposséder de leurs terres les fellahs algériens, déjà pénalisés par les conditions naturelles défavorables, en particulier la sécheresse de 1868 qui a fait 500 000 morts dans la population pauvre et indigêne d’Algérie. Avec la chute en 1870 du Second empire dirigé par Napoléon III face à l’Allemagne de Bismarck, la situation est jugée propice par les nationalistes algériens pour déclencher « la plus grande insurrection qui ait secoué l’Algérie ». Selon Mustapha Lacheraf : « Des centaines de milliers de combattants entraînent dans le mouvement les 2/3 du pays » . La grande insurrection de 1871 était d’abord dirigée par Al Hadj Mohamed Al Mokrani qui, sitôt démissionnaire de son poste de bachagha de Médjana inaugure le 15 mars 1871 l’insurrection. Quelques jours après, le 8 avril, se joindra à lui cheikh Al Haddad qui lance l’appel au djihad après la prière du vendredi à Saddouk, fort du soutien des confréries religieuses, en premier lieu celle de la Rahmania à laquelle il appartient. L’insurrection d’Al Mokrani et d’Al Haddad coïncide avec le soulèvement de la commune de Paris, noyée dans le sang par les soldats du régime chancelant de Thiers. C’est aussi par le fer et le sang que ce régime a fait face à l’insurrection de Kabylie en dépêchant comme gouverneur général l’amiral Gueydon qui acquerra la sinistre réputation de sanguinaire. Guidés par la foi et animés de courage, les combattants algériens ont mené près de 340 batailles. Malgré leur volonté et leur bravoure, les 200 000 combattants algériens, n’ont pu tenir devant l’armée coloniale, mieux équipée et estimée à 800 000 hommes. C’est par un véritable carnage que se termine l’insurrection, faisant 60 000 morts du côté algérien, contre 20 000 du côté français, soit 3 pour 1. La répression militaire est suivie d’une oppression forcenée dans le domaine foncier par la confiscation des terres appartenant aux familles d’insurgés et celles des familles manifestant la moindre sympathie avec ces derniers. En tout, plus de 2 640 000 ha sont frappés de séquestre et seront distribués en grande partie aux Français d’Alsace et Lorraine chassés par l’Allemagne et qui sont venus grossir les rangs des colons et se nourrir de la sueur et du sang des propriétaires algériens. A la confiscation des terres, s’ajoutent les sanctions pécuniaires, tribut de guerre estimé par T. Oussedik à 10 238 500 F en Kabylie, 1 228 620 F à Aumale et Beni Mansour, soit au total 11 467 122 F . D’autres auteurs estiment le tribut plus élevé et le chiffrent à 36 000 000 F. La répression judiciaire vient compléter la vengeance aveugle des atrocités coloniales. Une série de procès se tient dans l’Algérois et dans le Constantinois et dont le point commun est leur caractère démesuré et expéditif. Ainsi, après, au champ de bataille d’Al Mokrani, le 6 mai 1871, les chefs de l’insurrection finissent par tomber l’un après l’autre entre les mains de l’occupant. Ce sont d’abord les fils de Cheikh Al Haddad, Aziz (30 juin 1871) et son frère M’hammed (2 juillet) qui sont capturés, puis Boumezrag, le frère d’Al Haddad, qui sera arrêté à son tour, en janvier 1872. Pour faire le silence sur le fondement éminemment politique du soulèvement, les autorités coloniales ont tout fait pour réduire les faits à de banals actes de vol, de vandalisme et de pillage relevant du droit commun. Aussi, les accusés comparaissent-ils devant la cour d’assises siégeant à Constantine, Blida et Alger. Dans son ouvrage consacré à l’événement, appelé d’ailleurs 1871, Tahar Oussedik nous fournit d’intéressantes précisions sur les chefs de l’insurrection jugés par chacune des juridictions évoquées. Ainsi, la cour d’assises de Blida a jugé Si Ameziane Oukezouz et Si Mohand Oubraham qu’elle a condamnés à la déportation. De son côté, la cour d’assises d’Alger s’est occupée des Ouled Mahieddine de Taouarga, du Cheikh Al Djaâdi et d’Al Hadj Mohand Ould Hadj Belkacem qu’elle a condamné à la réclusion à vie. Quant à la cour d’assises de Constantine, c’est devant elle que se sont déroulés les procès les plus retentissants avec le jugement des grands chefs de l’insurrection, à leur tête Boumezrag, Cheikh Al Haddad et ses deux fils Aziz et M’hand. Les procès de Constantine sont les mieux connus pour être couverts par les observateurs et les plus évoqués par les chercheurs. Parmi ces derniers, Mehdi Lallaoui se distingue par son ouvrage édité en première édition en 1994 par Au nom de la mémoire sous le titre Algériens du Pacifique - Les déportés de Nouvelle-Calédonie, et en deuxième édition par la maison Zyrâb (Alger) en 2001. En fait, c’est un travail collectif auquel ont participé chercheurs, enquêteurs, photographes, correcteurs et techniciens en photographie. Publié sous son nom, l’ouvrage de Lallaoui nous fournit d’intéressantes informations sur le procès de Constantine. Avant d’être traduits devant la cour d’assises de Constantine, les inculpés ont fait l’objet d’une information judiciaire instruite par les cabinets d’instruction de Constantine, Sétif, Philippeville et Alger. Puis, dans un souci de regroupement, il y a eu dessaisissement au profit du juge d’instruction de Sétif. C’est ainsi que le 21 septembre 1872, la chambre des mises en accusation de la cour d’appel de Constantine rend son arrêt de renvoi devant la cour d’assises de cette ville. Selon l’acte d’accusation notifié en septembre et en décembre de la même année, les insurgés sont accusés « d’avoir pris part, à des degrés divers, à des actes d’insurrection, exécutés de concert, en diverses localités des provinces d’Alger et de Constantine ». La cour d’assises de Constantine a siégé en trois sessions, l’une ordinaire, marquant l’ouverture des procès le 10 mars 1873, les deux autres extraordinaires se tenant les 31 mars et 28 avril 1873. La cour d’assises est composée de 12 jurés, aux termes de l’article 394 du code d’instruction criminelle. Ce sont tous des colons. Colons aussi sont les témoins au nombre de 600, venus charger les accusés en fermant les yeux sur les terribles vengeances et exactions subies par les Algériens depuis deux ans. Depuis le début des hostilités, 60 000 Algériens ont péri, soit trois fois plus le nombre de Français tués. Malheureusement, le bilan des pertes algériennes en vies humaines ne cesse de s’alourdir depuis la fin de l’insurrection, pratiquement en juillet 1871. Cela explique la politique de la terre brûlée menée par les autorités coloniales qui ont recours à la liquidation physique pratiquée de sang-froid dans les douars et mechtas par la technique de l’enfumage où les insoumis à la tyrannie coloniale Française seront emmenés dans des grottes, pour y être asphyxiés et brûlés vifs.

Sélim Sabbah

Historien


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