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epicure 18 janvier 2014 20:12

ce qui se passe c’est l’achèvement d’un mouvement à l’œuvre au PS depuis 1983, c’est à dire la soumission du PS à l’économie financière et capitaliste, l’abandon de toute perspective progressiste, démocratique et socialiste pour la France (au minimum des mesures qui s’en rapproche).
Jusqu’à maintenant, bien que déjà sous Mitterrand, les socialistes avaient au moins maintenu l’illusion qu’ils avaient de préoccupations sociales, avec l’orientation libérale de hollande c’est à la poubelle.

C’est la première fois qu’un dirigean socialiste se couche au grand jour devant le MEDEF, qui n’a pas besoin de closer pour avouer une relation inavouable. Maintenant il dit clairement adieu à toute politique de défense des salariés, il défend avant tout les patrons et une économie transcendante. Donc hollande avoue implicitement qu’il a viré à droite mais cache les choses derrière un enrobage de mot (social démocratie) qui ne correspond plus à la réalité.

Sinon pour ce qui est des oxymores apparents gauche de droite et droite de gauche (pas l’UMP, ni les centristes, ni le FN en tout cas), met en jeu deux notions des mêmes termes.

Il y a d’un cîté la notion relative : auto-étiquetage, positionnement par rapport à d’autre partis officiels (considérés plus à gauche ou plus à droite), positionnement dans les assemblées.
Donc d’après cette approche relative et superficielle hollande ( et le PS ) fait parti du camps situé à gauche du camps qui se fait appeler droite. Mais au fil de l’histoire ce classement perd de sa pertinence quand les gens d’un parti change d’orientation par rapport au mouvement historique du parti, pour une orientation qui va à l’inverse des valeurs principes, philosophies affirmés lors de la fondation du parti, comme pour le PS actuellement..
Donc selon cette approche gauche/droite cela ne veut plus dire grand chose, des hommes comme DSK se sont prétendus de gauche, sauf qu’à aucun sujet important il n’a vraiment défendu des positions communes avec la gauche historique, et donc l’étiquette ne veut rien dire de spécial sauf que DSK se prétend de gauche ( intérêt politique nul )..

Donc c’est là que tu devrais demander :, mas si tout le monde peut s’étiqueter de gauche ou de droite à sa convenance sans aucun contenu politique précis, comment peut on juger quelqu’un comme étant plus à gauche ou plus à droite ?
Et dit d’une autre façon je pense que c’est ce que tu demandes.

Si on aborde le problème en regardant uniquement par la lorgnette l’opposition UMP vs PS, ce n’est pas comme ça qu’on y arrivera.

Pour comprendre le problème il faut prendre en compte tout le spectre politique, même les groupuscules, et surtout l’histoire.
Comment est née officiellement la distinction droite/gauche ? ( même si la problématique existait avant )
Lors de la révolution a été posé la question dans la nouvelle monarchie libérale si le roi pouvait disposer d’un véto ( comme sous la monarchie de droit divin ) ou pas.
Pour répondre les députés se sont rassemblées dans l’hémicycle selon leur positionnement, et de façon symbolique ceux qui étaient du côté du roi ( pour le véto ) ont été placé à droite,
Et de façon schématique on peut dire (il y a eu peut être des exceptions) qu’à gauche se son placés ceux qui soutenaient la révolution, les idées des Lumières, et à droite ceux qui défendaient l’ordre ancien, la tradition.

Sur le fond la question mettait en jeu une problématique qui revient sous une forme ou une autre dans de nombreux conflits, et centrale au niveau politique : est ce qu’une autorité privilégiée non démocratique peut décider unilatéralement pour les autres, mêmes contre leur volonté.
Ou dit plus simplement dans sa version la plus large : « le pouvoir d’un seul contre le pouvoir de tous »

Ceux qui répondent OUIi à cette question se situent à droite, ceux qui répondent NON se situent à gauche.

Ainsi la gauche révolutionnaire a poussé la logique jusqu’au bout en abolissant la monarchie et en instaurant une république qui sur le papier ne devait avoir aucun chef unilatéral mais un pouvoir basé sur la démocratie la plus approfondie. Et cette démocratie passait d’une part par le suffrage universel ignoré par les libéraux, et le mandat impératif pour ne pas que les élus décident à la place des électeurs contre leur volonté, et bien sûr un fort pouvoir aux assemblées et l’absence de chef d’état.

Pour la religion la droite disait oui au pouvoir unilatéral et privilégié de l’église catholique, de son clergé, et tenait donc une position cléricale, tandis que al gauche disait non et défendait la laïcité contre le cléricalisme.

De même pour les femmes la droite disait oui à des décisions imposées à celles ci par un ordre sexiste décidé par des hommes, alors que la gauche a remit en cause cet ordre sexiste et lutté pour l’égalité entre les sexes.

Au niveau des mœurs donc la droite dit oui à un autoritarisme moral par l’église ou la tradition alors que la gauche dit non à cet autoritarisme moral et défendu l’émancipation des individus vis à vis de cet autoritarisme moral.

Et au niveau économique avec le développement d’un capitalisme industriel sans restriction au 19ème siècle la question s’est posée sous une nouvelle forme : ou au pouvoir privilégié et unilatéral des possédants des moyens privés de production (droite) ou au contraire refus de ces privilèges qui permettent les pires exploitation et une plus juste répartition des pouvoirs, une meilleure prise en compte des travailleurs et avant tout leur santé et leur sécurité , qui ne peut aboutir que par la collectivisation de la propriété privée des moyens de production (gauche)

Bref on peut voir qu’en général les deux camps se sont situés sur des positions cohérentes d’un sujet à l’autre sur les grands sujets clivants ( la guerre des deux France à une époque ) au cours de l’histoire politique.

Donc selon les positions et pratiques plus ou moins proches vis à vis de ces deux points de vue, on peut classer les gens plus ou moins à gauche. Souvent des gens se sont situés dans un camps relatifs parce que sur les thèmes qu’ils considéraient comme essentielles ils étaient pour la position de leur camps, tout en soutenant des positions de l’autre camps sur d’autre points.
Donc par exemple pendant le IIIème république les radicaux ont regroupé des gens qui avaient des positions plus à gauche sur les thèmes de la laïcité et de la république, mais centriste ou à droite pour l’économie rejetant les positions les plus à gauche, voire pour ce qui concernait aussi les femmes pour certains.

Au maximum l’extrême droite réactionnaire c’est l’adhésion absolue à toutes les positions de droite sur tous les sujet, continuant ainsi les mentalités des sociétés d’avant la révolution.
Et la position la plus à gauche, la vrai extrême gauche se situe vers le socialisme anarchiste (pas d’état, pas de police, pas d’armée, pas de classes sociales) mâtiné d’universalisme français. Entre les deux on trouve donc le reste.

Les camps relatifs se sont construit d’abord par positionnement sur des thématiques droite ou gauche (sociétal/politique ou économique), puis par filiation / héritage.
Avec le temps certaines positions sont devenues perméables d’un camps relatif à l’autre, ce qui a fait donc évoluer certains partis, au point que certains point sont devenus quasiment consensuels, comme l’égalité hommes/femmes vu que même le parti de l’extrême droite défend l’égalité homme /femme en ayant une femme à sa tête.

Donc hollande en soumettant encore plus la France au pouvoir non démocratique de bruxelles en signant les deux traités de droite conçus par sarkozy et merkel, et en s’alignant sur les désidératas du patronat a bien pris un virage à droite depuis le début de son mandat.

Pour être complet, il faut mentionner qu’il y a des positions et oppositions qui se situent hors de la dialectique droite/gauche , c’est en quelque sorte la dialectique libéralisme vs « totalitarisme dit communiste », chacun s’opposant d’une façon ou une autre à la fois à l’idéal de droite et l’idéal de gauche, tout en présentant des points communs avec l’un ou l’autre.

Cela se comprend quand on comprend que la position de gauche est en fait la conjonction entre l’universalisme (unité des loi et des droits et de l’humanité, égalité, et pouvoir collectif, en gros) et l’individualisme ( légitimité basée sur les individus, leur volonté, liberté , refus de l’autorité transcendante), et la position de droite sur al conjonction entre le particularisme ( clivage et hiérarchisation de la société, des individus, inégalités et différence des droits) et de l’autoritarisme ( soumission des individus à la volonté d’une autorité transcendante, négation de l’individu et de ses besoins personnels) .

Quand on conjugue l’individualisme avec le particularisme on obtient la pensée du libéralisme anglo-saxon , surtout le libertarianisme, une sociétés atomisée dominée par des intérêts privés sans limites.

Quand on conjugue l’universalisme avec l’autoritarisme on obtient une pensée égalitaire( égalitariste ) et autoritaire que Todd appelle modèle communautaire, mais anti communautariste puisque reposant sur une communauté unique, unie, uniformisée.

Mais contrairement aux versions radicales droite et gauche, les deux versions radicales n’ont pas de support culturel et historique en France.

Donc en fait il y a toute une grande latitude dans les intermédiaires entre la droite et la gauche.


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