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kalachnikov lermontov 6 juillet 2014 18:08

@ Robert Bibeau

Comme je te l’ai dit, camarade, ce n’est vraiment pas sympa de me snober. Un moment, j’ai cru que tu étais raciste et n’aimait pas les Peaux Rouges ; mais tu m’as rassuré, c’est le bêtise que tu n’aimes pas, tu ne réponds qu’aux commentaires intelligents et j’en déduis par là que je suis un âne.
Bon, crevons cet abcès déjà : en amont de ce mot ’intelligent’, il y a un type qui procède à un jugement et autrement dit, pour ce type, ’intelligent’ signifie ’qui me fait plaisir’. Il n’est jamais bon d’être juge et parti ; jamais bon de verser dans l’adoration de soi.
Par là, en tout cas, je déduis que non, je ne suis pas sot, je te cause en fait du déplaisir.

Je vais expliquer aux gens concrètement, de façon intelligible, ce qu’est le communisme. Parce que là, avec ton idiome acrobatique, le peuple des moujiks risque de n’y entraver que dalle. C’est un peu comme si tu agitais l’eau de la rivière et remuait la vase, on pourrait croire qu’il y a de la profondeur. Au fait chapeau pour le ’scientifiquement’, il faut oser, ça risque d’en imposer à l’esprit faible !

Edifions le peuple, donc :

Déjà, le communisme n’est pas une invention, c’est une réaction à quelque chose qui lui est préalable et qui s’appelle le capitalisme. Donc, le sens correct de communisme est ’le capitalisme parfait, corrigé, amélioré, idéal’. C’est donc en toute malhonnêteté que les communistes présentent le communisme comme une nouveauté, une invention alors qu’il n’est dans l’esprit qu’une amélioration de quelque chose d’existant.

Et voici en quoi consiste cette amélioration :
dans le capitalisme, le capital (richesse, propriété, etc) est aux mains d’une frange réduite de la population (la bourgeoisie) tandis que la majorité ne possède rien (prolétariat). La propriété est entendue dans le sens étroit de ’être son propre maître et ne pas avoir à travailler pour le compte d’autrui’ ; ainsi, être propriétaire de sa petite maison achetée sur 30 ans à crédit ne fait pas de l’individu un capitaliste mais un prolétaire qui fait tourner le moulin de l’exploitation.
Pour corriger cela - le communiste voit un ennemi dans l’exploiteur, le fameux ennemi de classe, une des parties prenantes de la lutte des classes -, le communisme propose de rendre le capital commun (d’où son nom). C’est un sacré tour de vice philosophique parce que le communisme ne préconise rien de moins que cela : plutôt qu’un monde où quelques uns exploitent la plupart, plutôt un monde où tous sont exploités !
Psychologiquement, tout ceci est assez moche : généré par le ressentiment, la haine impuissante de l’exploité pour l’exploiteur, tout cela caché derrière le concept séducteur du Bonheur du Genre Humain (la lutteuh finaleuh. L’Internationaleuh.). Et rien concernant l’exploitation en soi, en un mot, oui, cette aliénation du travail. Non pour les communistes, le travail c’est littéralement le dieu, l’idole devant on doit tous se prosterner.

Donc, cela c’était la théorie. Dans la pratique, les communistes ayant rendu commun le capital, tous prolétaires on a dit, comment compte-t’il faire pour gérer son capitalisme parfaitement réalisé ? Il compte tout simplement refaire l’Urss, c’est-à-dire un état centralisé fonctionnant de façon pyramidale avec au bas de cette pyramide la nuée des prolétaires supposément tous égaux, représenté par des conseils, lesquels conseils désignent un gros conseil, lequel gros conseil est dirigé par un homme. Le communisme ne se pose nullement la question du chef, de sa nécessité ; pour lui, c’est un fait acquis, il faut des chefs, des esprits éclairés guidant la conscience du magma prolétarien. (cf mon post précédent Robert, au sujet de la direction de conscience que bien rapace et bien fraternel tu comptes incarner). Eh oui !, le communisme, ça sort aussi de la matrice panpan cucul.
Concernant cette facette institutionnelle, étatique, lorsque, par exemple, vous tchatchez avec Isga, il vous anonne le mot de conseillisme. Ses yeux se mettent à briller, sa voix à trémoloïser : ’quand le capital sera communisé, les choses seront gérées par des conseils et nous gagnerons le pays de la Félicité Continue’. Je me demande pourquoi Isga ne dit pas carrément ’soviet’ ; car ce mot russe signifie justement ’conseil’. Et donc la vision du communiste est effectivement de refaire l’Urss : la populace, des soviets, un soviet suprême, et sans doute un praesidium, voire même tant qu’à faire un président du praesidium. Rien que de très connu, en fait ; on se contente de surfer sur la jonglerie avec les mots et notions et sur le désespoir actuel de la populace qui est en pleine désorientation par les temps qui courent. C’est l’objet affiché : faire de la direction de conscience concernant le troupeau, par les moyens très honnêtes que sont séduction, dissimulation, mensonge, etc.

Et donc que penser ? Le chat n’accouchant pas de chiens, je doute qu’avec des moyens aussi vertueux on aille vers le pays de la Vertu. On ment, on truque, on séduit, ce n’est certainement pas cette voie qui conduit au Bonheur. Ca ne peut être qu’à son inverse.
Puis, il y a l’Histoire. On a mené l’expérience et vraisemblablement le problème n’est pas lié à la structure mais à la nature humaine. Inévitablement, si nous suivions les communistes, nous reverrions le malheur du peuple, la même tyrannie, l’apparition d’une classe d’apparatchiks, la nomenklatura, l’intelligentsia.

Mieux encore, je vais maintenant établir que nous aurions droit tout aussi inévitablement au goulag sinon à des choses pires encore et cela à travers les propos de Robert lui-même.

Robert a exposé dans son article précédent, via l’article lui-même et ses commentaires, sa vision de la révolution devant instaurer la religion communiste pour tous : le système actuel, allant à sa perte, va entraîner une révolte désespérée nihiliste ; on se tient en attente, on les laisse se castagner et s’épuiser et au moment opportun on tire les marrons du feu. Autrement dit, Robert est un adepte de la dictature du prolétariat ; il ne voit pas du tout le communisme s’imposer par adhésion générale (contrairement à Iga, très benêt pour le coup). Et inévitablement il ne voit pas du tout la nomenklatura être désignée par la volonté du peuple mais plutôt s’autodésignant.
Au moins, c’est clair.
Il est évident que dans pareille optique, le communisme s’imposant par la force, il s’oppose par essence à une contestation. Contestation de qui ? Robert le précise lui-même : "Tous mes articles visent à outiller les ouvriers et la gauche véritable afin que ce jour (qui n’est pas encore survenu) les ouvriers et la gauche véritable - révolutionnaire - sache distinguer les pleurnichards Piketty les faux culs les utopistes - les rêveurs d’une économie communaliste du temps de chasseurs cueilleurs - vers laquelle nous ne reviendrons jamais".
Ca en fait du monde au portillon. Toute personne qui ne veut pas de la dictature du prolétariat, qui n’accepte pas que Robert soit de la nomenklatura non par son mérite ou sa valeur mais par la force et de son propre fait est un pleurnichard, un utopiste, un faux cul. Comme c’est fraternel, dis donc !
Et inévitablement, le moment venu, il va bien falloir ’traiter’ ces gens et c’est bien pour cela que l’idée du goulag est consubstantielle au communisme. Suivant la voie du Bonheur du Genre Humain, sans doute aveuglé par ce beau soleil qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, Robert d’ailleurs s’autofélicite d’être celui qui désigne les cibles pour lorsque le Grand Soir aura lieu.
D’ailleurs, c’est assez marrant que dans son catalogue des ennemis du peuple il joigne ’les rêveurs d’une économie communaliste du temps de chasseurs cueilleurs’ ; car s’il y a un endroit où le communisme de façon spontanée a existé et rendu l’homme heureux, c’est justement chez les chasseurs-cueilleurs ; mais ce qu’il hait chez ceux-là, c’est le rêve justement car eux ont réussi à échapper à cette fatalité qui écrase Robert et dont il ne peut se sauver : la condition d’exploité qui devrait selon lui être partagée par tous, sans exception, et devenir l’alpha et omega de l’homme.
Du reste, Robert a un côté indien, très sauvage dans son style, c’est un véritable khmer rouge dans sa tête. Ainsi lorsque il écrit en réponse à Lou : « Non la révolte ne pourra pas être endiguée - elle pourra être détournée - trahie - de l’intérieur VOILA LE PLUS GRAND DANGER. », admirez les majuscules, ce n’est rien d’autre que cette doctrine de l’ennemi intérieur si chère à Pol Pot, folie qui fût responsable de millions de morts et du désastre d’un pays.

Voilà, Robert. C’était le commentaire pas du tout intelligent d’un de ces Indiens rêveurs que tu exècres.


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