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Budy (---.---.185.163) 14 novembre 2006 08:39

J’ai une interrogation sur la vivisection. Faute de temps je n’ai pas pu mener ma propre recherche aux archives de l’Académie de médecine pour vérifier une hypothèse (ou l’invalider, mais mes premières pistes la confirme plutôt).

Les médecins français ont pratiqué l’expérimentation sur des êtres humains, notamment sur les prisonniers au 19e s. Le choc des camps de concentration a permis au procès de Nuremberg de faire la lumière sur l’horreur de telles pratiques et en a interdit l’usage. Plutôt que d’étendre cet interdit à tous les êtres sensibles, on s’est limité aux seuls intérêts des êtres humains. Il y a eu depuis, les expériences de l’armée américaine sur des civils (pour le nucléaire), l’utilisation de femmes récemment émigrées pour tester la pilule contraceptive, etc. Une des chose qui m’a frappée quand j’ai travaillé avec d’ancien(ne)s déporté(e)s, c’est que dans le camps de Ravensbrück, les femmes victimes des expériences médicales nazies étaient appelées les « lapins blancs ». On a franchit un 1er pas en affirmant que les humains n’avaient pas à être traités « comme des animaux », même « pour la science ». Nous franchirions un 2e pas essentiel quand l’expression « traiter comme un animal » ne sera plus synonyme de traiter avec mépris et une violence extrême.

Ma question est la suivante : comment les médecins justifiaient-ils (et justifient encore) le recours à l’expérimentation sur des êtres humains ? N’était-ce pas le même recours à une nécessité supérieure, à la relativisation des droits des cobayes humains face aux intérêts de la société/science/industie ? Ce sont les mêmes arguments qui servent aujourd’hui à justifier l’expérimentation sur des animaux. Qu’est-ce donc, en conscience, qui vous permet de vous affirmer comme supérieurs à vos prédecesseurs ? Qu’est-ce qui vous fait dire que vous ne faites pas preuve du même obsurantisme ? Est-ce en perpétuant l’idée que la loi du plus fort est la meilleure que l’on peut construire une société plus juste ?

Une remarque pour finir sur la mise en exergue des violences des militant(e)s de la libération animale. Primo, je ne crois qu’il y a eu une seule victime (par contre, du côté des labos...). Secundo, il est toujours facile de tourner en ridicule ou de diaboliser un mouvement quand on se trouve du côté de la majorité. Je suis désolée de faire régulièrement un parrallèle avec le féminisme, mais c’est exactement la même construction de dénigrement : la violence, l’extrêmisme serait du côté du mouvement de libération, qui pourtant lui n’a fait aucune victime ! Et les activistes seraient des anti-humains, comme les féministes seraient des anti-mecs... Et si on évoluait ? Et si on décidait que construire une société sur la violence et le mépris ne mène nul part ?


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